Les villages préférés de nos régions
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HORS SÉRIE C O L L E C T I O N
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ÉDITION 2020 - HORS-SÉRIE COLLECTION
DÉCOUVREZ LES VILLAGES PRÉFÉRÉS DE NOS RÉGIONS DE LA BRETAGNE À L’ALSACE, DE LA PROVENCE À LA NORMANDIE… É D I T I O N 2 0 2 0 D É C O U V R E Z L E S V I L L A G E S P R É F É R É S D E N O S R É G I O N S M05528 - 12H - 6,95€ - RD A V E C STÉPHANE BERN NUMÉRO SPÉCIAL DE L’ÉMISSION DE FRANCE 3 M 05528 - 12H - F: 6,95 E - RD HORS-SÉRIE COLLECTION – FRANCE MÉTROPOLITAINE : 6,95 € – BEL / LUX : 8,00 € – SUI : 11,90 CHF – CAN: 11,99 $CAN
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CET ÉTÉ PARTEZ EN FRANCE b y D É T O U R S E N F R A N C E
À LA MER À LA MONTAGNE À LA CAMPAGNE 18 RÉGIONS À DÉCOUVRIR
AU FIL DE TONIQUES ACTIVITÉS OUTDOOR, DE PAISIBLES SENTIERS DE RANDONNÉES, D’UNE PLEINE NATURE
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Hervé Ronné / Détours en France
P L U S D ’ I N F O S S U R : www.detoursenfrance.fr
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detoursenfrance
LE VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS
Stéphane Bern à Trôo, village troglodytique situé dans le Loire-et-Cher, pendant le tournage de l’émission.
Christian Voulgaropoulos / Détours en France
D O M I N I Q U E R O G E R – R É D A C T E U R E N C H E F V I V R E A U V I L L A G E , V I V R E E N S E M B L E
Coco le coq chantant de Margny-lès- Compiègne (Oise), traîné devant les tribunauxpourtroublesàl’ordrepublic par des citadins à l’esprit bien chagrin (pour ne pas dire plus), est-il en passe de devenir une sorte de « mieux- disant culturel »? L’épidémie sanitaire, sociale, économique totalement inédite qui frappe notre pays depuis de longues semaines a eu un effet inattendu, celui de rebattre les cartes entre les villes et les villages, les mégapoles et les campagnes. Certains éditorialistes en vue ont été jusqu’à évoquer une revanche du monde rural sur celui des villes hyper urbanisées. Plutôt que de revanche, on peut se prendre à imaginer un rééquilibrage géographique et territorial. Un scénario somme toute probable repose sur l’amplification d’une tendance identifiée avant notre crise, mais que celle-ci va sûrement encourager, en
donne rendez-vous à quelques millions de téléspectateurs. En retissant un lien avec la réalité villageoise la plus concrète, Le Village préféré des Français met la France au rythme de la vie… de village. Complicité avec les saisons, vivacité des traditions, respect de l’héritage des anciens, valorisation du collectif et attachement profond pour un art de vivre unique. Et Stéphane Bern de souligner que « nous avons des raisons d’êtrefiersdenosvillagesetdecetteFrance rurale riche de son patrimoine historique, culturel et humain, qui n’est pas un musée mort, ni même un albumde cartes postales surannées, mais une mosaïque de trésors qui fondent notre richesse nationale. » Parmi les quatorze nouveaux villages que nous vous proposons de découvrir, lequel sera votre préféré?
s’orientant vers une sorte de « contre- urbanisation », selon l’expression du sociologue Jean Viard. Donc, direction nos campagnes! Et cela tombe bien car dans ce hors- série, nous vous emmenons dans un nouveau tour de France des villages. Depuis 2012, date de la première édition de l’émission Le Village préféré des Français (diffusée auparavant sur France 2, le programme arrive cette année sur France 3), nous avons un grand plaisir à repartir sillonner les routes de France en compagnie de StéphaneBern. Enneuf années, cegrand voyage dans les 18 régions françaises vous a fait découvrir 156 villages sur nos 36000 communes… et ça ne fait que commencer! Il a mobilisé sur le terrain des dizaines de milliers de villageois participants actifs à cette élection, et
Sur France 3 : retrouvez vos « Villages préférés », le mercredi 1 er juillet 2020 à 20 h 40. Sur www.france.tv :
Vous n'avez pas pu regarder Le Village préféré des Français en première diffusion, ou vous souhaitez revoir l'émission? Connectez-vous sur France.tv pour accéder gratuitement à son visionnage jusqu’à 7 jours après son passage à l'antenne: www.france.tv/france-3/le-village-prefere-des-francais/
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S O MM A I R E
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ÉDITO
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SECRETS DE TOURNAGE
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AUVERGNE-RHÔNE-ALPES MONTPEYROUX, UNE CARRIÈRE DANS LES VIGNES BOURGOGNE CHABLIS, PORTE D’OR DE LA BOURGOGNE BRETAGNE PONT-AVEN, LA LUMIÈRE AU FIL DU PINCEAU
18
PONT-AVEN
24
30
CENTRE-VAL DE LOIRE TRÔO, LE CHARME DISCRET DU PAYS DES TROGLODYTES
BATZ-SUR-MER
36
CORSE CARGÈSE, LA GRÉCO-LATINE
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GRAND-EST HUNSPACH, L’AUTRE VISAGE DE L’ALSACE HAUTS-DE-FRANCE PIERREFONDS, LA VIE DE CHÂTEAU À LA BELLE ÉPOQUE
LES ANSES-D’ARLET
48
M A R T I N I Q U E
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ÎLE-DE-FRANCE MONTFORT-L’AMAURY : LE CHOUCHOU DES PEOPLE NORMANDIE GIVERNY : UN JARDIN POUR MISE EN SEINE
AUBETERRE-SUR-DRONNE
60
66
NOUVELLE-AQUITAINE AUBETERRE-SUR-DRONNE : UNE ÉGLISE POUR SECRET OCCITANIE SAINT-BERTRAND-DE-COMMINGES : UNE CATHÉDRALE POUR JOYAU PACA MÉNERBES : LA PASSION LUBERON
72
78
84
PAYS DE LA LOIRE BATZ-SUR-MER : DU SEL, DU SABLE ET DU GRANIT OUTRE-MER LES ANSES-D’ARLET : TOUTE LA DOUCEUR DES ÎLES
90
96
QUIZ
4
PIERREFONDS
GIVERNY
HUNSPACH
MONTFORT-L’AMAURY
CHABLIS
TRÔO
MONTPEYROUX
MÉNERBES
SAINT-BERTRAND-DE-COMMINGES
CARGÈSE
RENCONTRE
L’émission Le Village préféré des Français revient le 1 er juillet 2020 sur France 3. Dans la bonne humeur, Stéphane Bern et toute son équipe ont repris la route afin de vous faire découvrir les villages en lice pour remporter le titre.
Secrets de tournage Pour la 9 e édition de l’émission Le Village préféré des Français sur France 3, rendez-vous nous est donné en ce week-end de l’Ascension sur les rives du Loir dans le village très insolite de Trôo, au cœur du Vendômois. L’un des quatorze villages sélectionnés cette année.
T E X T E C H R I S T I A N V O U L G A R O P O U L O S E T D O M I N I Q U E R O G E R - P H O T O G R A P H I E S D E C H R I S T I A N V O U L G A R O P O U L O S
ans le contexte particu- lier de la crise sanitaire, les conditions de tour- nage ont légèrement contrarié les plannings de la production. Aussi, dès la fin du confinement sonnée, toute la machine- rie s’est remise en ordre de marche en deux temps trois mouvements. Il a beau être mas- qué, impossible de ne pas le recon- naître. La démarche est décidée, le port de tête légèrement altier, pas de doute c’est bien lui ! Avec l’épidémie de Covid-19 qui gangrène nos vies quoti- diennes, la découverte du village tro- glodytique de Trôo se fera pour toute l’équipe, la plupart du temps, masque collé au visage et en respectant scru- puleusement les mesures sanitaires. Du coup, cette rencontre avec les Troïennes et les Troïens s’est adaptée en évitant de croiser les villageois de trop près, « distanciation sociale » oblige. Enfin, pas tout à fait, puisqu’une poignée de riverains courageux et pas- sionnés n’a pas hésité à venir raconter leur village à l’animateur préféré des Français. Pour qui connaît Stéphane, l’assurance est là de vivre un tour- nage placé sous le signe de la décon- traction et de la bonne humeur ; « un signe d’un grand professionnalisme et d’un attachement quasi affectif à l’émis- sion », me glisse à l’oreille un techni- D
Accompagné de Patrick Eclercy- Deterpigny, vice-président de l’association Trôo Tourisme, chargée de l’action culturelle et de l’animation de la commune, Stéphane Bern visite le village troglodyte.
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auspices. Il aura suffi de quelques gouttes de pluie pour décider d’un changement de programme. Le tour- nage prévu le matin en extérieur a per- muté et ce sont les scènes d’intérieur qui se feront en premier, à l’abri des caprices du ciel. À 10 heures tapantes, les 14 personnes de l’équipe (produc- tion, réalisation, cadre, son, drone et assistants), parties de Paris la veille, se retrouvent devant la mairie de Trôo, accueillies par Jean-Luc Nexon, «Monsieur le Maire». Stéphane, lui, n’a eu qu’une centaine de kilomètres à parcourir pour venir de sa belle demeure du Perche jusqu’ici. Comme tous les Français, citadins ou ruraux, il a été confiné pendant deux mois dans « son » village de Thiron-Gardais. Et, mezzo voce, presque sur le ton de la confidence, il confie avoir goûté plei- nement son isolement, bien loin de l’agitation parisienne et des agendas
de son d’un bon mot. Ce qui détend l’atmosphère instantanément. Ce samedi matin du mois de mai, la jour- née de prises de vues ne s’annonce pas, côté météo, sous de très bons
cien. Quand il faut refaire une prise, pour un problème d’ordre technique ou une glissade (incident d’élocution), il reprend de bonne grâce et n’hésite pas à taquiner caméraman et preneur
Ci-dessous, le Puits qui parle ( xi e siècle), profond de 45 m, est célèbre pour son écho exceptionnel. La porte de Sougé, vestige du système défensif du village, est faite de tuffeau.
Loir, pendant qu’un drone immortalise la scène. L’animateur vedette en profite pour redire combien ce «concours» lui tient à cœur. « Voyez, sur les quatorze villages qui ont été sélectionnés cette année, tous méritent d’emporter le titre de Village préféré des Français ! Tous sont d’authentiques villages, animés par des habitants qui aiment profondément y vivre, y embellir leur patrimoine. Le titre de Village préféré n’est issu d’aucun lobby, d’aucune coterie, il est l’élu de cœur des centaines de milliers de télés- pectateurs qui votent. » Ensuite, tout le monde redescend les escaliers en croisant au passage plusieurs habita- tions troglodytes restaurées et mises au goût du jour. Les Cafortes (caves fortes) ont été taillées dans le tuffeau, qui a servi à construire la plupart des habitations locales et les châteaux de la Loire. Les sous-sols du village sont entaillés d’une multitude de grottes, reliées entre elles par des galeries qui s’enfoncent dans la roche sur des centaines de mètres. Certaines ont d’immenses baies vitrées qui s’ouvrent sur le spectacle sans cesse renou- velé de la vallée. Par les rues du vil- lage, Stéphane Bern s’arrête quelques instants dans la galerie d’un artiste peintre local, dont la salle d’exposition est aménagée dans une cave. L’artiste est surpris, une courte discussion s’improvise. LE PARFUM D’UNE ROSE… En chemin vers une des grandes curiosités de Trôo, « Monsieur Patri- moine » ralentit le pas et semble très intéressé par… le parfum ténu mais accrocheur de rosiers. « Dans mon jardin pousse une roseraie, mais cette
Le respect des gestes barrières n’empêche pas l’animateur d’échanger avec les acteurs locaux. En haut, avec Patrick Eclercy- Deterpigny devant la collégiale Saint-Martin, bâtie au xi e siècle et remaniée aux xii e , xiv e et xvi e siècles. Ci-contre, avec Dominique Calegari-Jehl, propriétaire de chambres d’hôtes, en route pour la Cave Yuccas !
caire, blanche immaculée, au grain fin. La Cave Yuccas appartient à un Amé- ricain de San Francisco, mais en son absence, sa maison-musée est à la disposition de Trôo Tourisme. Stéphane accède au promontoire sur le toit pour apprécier le sublime point de vue sur le
aux journées trop courtes pour caser tous les rendez-vous et autres obliga- tions professionnelles. À tel point qu’il n’a plus trop envie de retourner dans la capitale et pourquoi pas, mais c’est sans doute un vœu pieux, s’installer définitivement dans sa demeure char- gée d’Histoire, ancien collège royal et militaire datant du xvii e siècle. TOUS À LA CAVE ! Les présentations faites, les pre- miers pas à la découverte de Trôo s’accomplissent aux côtés de Domi- nique Calegari-Jehl qui nous invite à nous glisser dans la Cave Yuccas. Cette demeure troglodytique, au toit couronné de ces immenses plantes tropicales, offre toutes les caractéris- tiques de ces maisons creusées dans la chair du tuffeau, cette pierre cal-
Devant la Cave Yuccas, une ancienne habitation troglodytique entièrement réhabilitée et meublée dans le style de début du xx e siècle, composée de six pièces creusées dans
le tuffeau, et devenue écomusée.
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la vallée du Loir est époustouflante. Patrick Eclercy-Deterpigny, vice-pré- sident de Trôo Tourisme, est le guide de notre après-midi. Il explique à Stéphane pourquoi la collégiale Saint-Martin ( xii e - xvi e siècles) a été édifiée à cet endroit. Il rappelle que ce lieu de culte possédait un second étage surmonté d’une flèche de pierre à clocheton, mais il fut détruit en 1737 par la foudre. Une inscription gravée sur la pierre raconte cet événe- ment. Après la collégiale, Stéphane et son guide enchaînent avec les ruines de la porte de Sougé. Cette construction donnait accès jadis au château médié- val, mais elle servit également à filtrer l’entrée des voyageurs et à protéger les habitants de toute agression extérieure. En ce week-end plutôt ensoleillé de l’Ascension, les Vendômois sont venus se balader à Trôo en voisins. Motards, cyclotouristes et familles déambulent dans le village sans perturber le tour- nage. Quelques badauds reconnaissent immédiatement un visage connu. Des petits signes de la main s’échangent, des paroles sont lancées à la cantonade. CACHOTTERIES AU PUITS QUI PARLE… Voilà que deux représentants de la maréchaussée passant par-là s’ap- prochent de l’équipe. Un contrôle pour
espèce, je ne l’ai pas. » Brigitte Martin, membre de Trôo Tourisme lui glisse à l’oreille que ce rosier grimpant porte des fleurs de l’espèce Pierre de Ronsard. « […] Sa robe de pourpre au soleil / À point perdu de cette ves- prée, / Les plis de sa robe pourprée, / Et son teint au vôtre pareil », nous rappelle le poète de la Pléiade voisin, natif de Couture-sur-Loir. QUE D’EAU, QUE D’EAU ! Encore et toujours des plantes et des fleurs qui émerveillent Stéphane. Les tritomas aux cou- leurs flamboyantes lui cacheraient presque l’entrée de la Grotte pétri- fiante. Brigitte Martin, comme toutes les passionnées, est intarissable sur la grotte, l’histoire du village, l’ori- gine du nom de Trôo… Après une bonne demi-heure passée à admirer le travail de l’eau sur la formation d’impressionnantes stalactites et les vestiges de l’ancienne chapelle Saint-Gabriel, Stéphane commence à prendre l’eau ! Les gouttes percolent des voûtes de la grotte qui finissent par doucher les visiteurs. LA VALLÉE DU LOIR AU SOMMET C’est déjà l’heure de se sustenter. Après avoir fait honneur à un copieux
Jean-Luc Nexon, le maire du village, dans les escaliers du rocher Saint-Gabriel.
déjeuner organisé par la municipalité (dans la salle polyvalente du village afin de respecter les mesures sani- taires), l’équipe repart, direction les hauteurs du village. Le petit groupe de techniciens suit un chemin hélicoïdal, en file indienne, pour accéder au som- met de la butte médiévale. Le ronron- nement caractéristique des hélices du drone nous avertit que tout le monde doit se cacher pour ne pas apparaître à l’image. Au sommet, la vue à 180° sur
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RENCONTRE
Les alentours de la Grotte pétrifiante sont si fleuris, pour le plus grand plaisir de Stéphane Bern, que l’entrée en serait presque cachée. La grotte, plus ancien site touristique du village, tient son nom des coulées d’eau calcaire qui forment de formidables stalagtites et stalagmites.
tune depuis tant d’années! » Le tournage s’achève en même temps que le soleil commence à mordorer les rives d’un Loir au lent cours hypnotique. Alors que les techniciens papotent en rangeant le matériel et regardent les prises sur le monitor, on cherche du regard Sté- phane… Mais que fait-il donc accroupi? De nouveau, c’est la nature qui excite sa curiosité. Cette fois-ci, ce sont des par- terres de vivaces…
à toute jactance, il faut payer son écot ! Attentif à ce qu’on lui dit, Stéphane jette une pièce de monnaie au fond du trou, et entame une discussion ininterrom- pue avec la voix du puits qui lui répond en écho! Mais que ces deux-là ont-ils bien pu se raconter? On ne le saura jamais… Toujours est-il que Stéphane, un rien facétieux, demande au maire : « Dites-moi, qui récupère les pièces au fond du puits? Il doit y avoir une petite for-
les 100km autorisés? Non! Ils ont sim- plement repéré le tournage et sont intri- gués par Stéphane Bern qui leur semble dialoguer avec le Puits qui parle. Encore une des rencontres avec un patrimoine insolite dont Trôo a le secret. Patrick Eclercy-Deterpigny raconte la légende : « Une jeune femme bavarde jacassait jour et nuit à tel point que son mari, seigneur et maître, la céda au diable. Ce dernier, croyant avoir fait une bonne affaire, car la jeune femme était très belle, déchanta très vite car le babil incessant augmenta, augmenta et augmenta encore. Excédé et à bout de nerfs, le diable ouvrit les bras et laissa tomber la bavarde. Seulement, comme le diable volait très haut, la chute fut terrible, au point que la femme en heurtant le sol fit un trou de 45 mètres de profondeur. Depuis, la femme devenue vieille continue à parler et à répéter inlas- sablement ce que les gens disent en se penchant au bord du puits. » Penché au- dessus du puits, Patrick invite son hôte à « tailler une bavette » avec la vieille femme à la langue bien pendue… Mais, cher Stéphane, attention, au préalable
Brigitte Martin, de l’association Trôo Toursime fait découvrir la Grotte pétrifiante à Stéphane Bern. Passionnée et connaissant parfaitement son sujet, elle partage de nombreuses anecdotes sur l’Histoire du village.
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Expire fin :
AUVERGNE-RHÔNE-ALPES MONTPEYROUX
Accroché sur un mont rocheux, Montpeyroux est un village médiéval dominé par un donjon, dont les premières traces,
sous le nom de mons petrosus (mont pierreux) en référence aux carrières d’arkose rose exploitable aux alentours, remontent à l’Antiquité. Les maisons et le donjon de cette cité au patrimoine historique remarquable furent construits avec cette ardoise aux reflets dorés. Jaubert French Collection / Alamy / hemis.fr
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LE VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS
Édifié sur un mont pierreux entre Issoire et Clermont-Ferrand, juste au-dessus de la vallée de l’Allier, Montpeyroux doit son caractère bien typé à l’exploitation de ses carrières de pierre et au travail de la vigne. Son histoire est aussi celle d’une renaissance : au lendemain de la Première Guerre mondiale, une poignée de passionnés a patiemment rebâti ses maisons autour du donjon, œuvre de Philippe-Auguste. MONTPEYROUX : UNE BELLE CARRIÈRE DANS LES VIGNES
T E X T E D E S O P H I E D E N I S
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Situé à l’entrée de l’ancien village médiéval fortifié, le porche du xiv e siècle, classé au titre des
monuments historiques en 1951,
constituait l’un des points forts de la défense du château.
QUE DU BEAU MONDE ! Le vin est cultivé en Auvergne depuis l’Antiquité. Dans la région, il a connu une première phase de développement avec l’essor de la navigation sur l’Allier, dès le xvii e siècle, puis une seconde au xix e siècle, lorsque le phylloxera a détruit le vignoble languedocien. Le Puy-de-Dôme était alors le troisième département producteur de vin ! 1896 a signé la fin de cette période dorée pour le vignoble auvergnat et Montpeyroux, à leur tour victimes de la maladie. Aujourd’hui, un secteur de vignes est de nouveau cultivé autour du village, en terrasses comme autrefois.
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LE VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS
Pendant des siècles, les habitants ont vécu de l’exploitation de la carrière d’Arkose, utilisée pour construire leurs propres maisons et de nombreuses églises de la région.
ontpeyroux du ciel : des maisons enroulées autour d’un donjon fièrement dressé, enserrées par les vestiges d’un rempart de forme ovoïde, qui épouse au plus près les courbes d’une butte. Avec le temps, les habitations se sont affranchies des fortifications, M vu
Denis Caviglia / hemis.fr x 3
à travailler, mais à Montpeyroux, elle est quasiment à l’air libre, donc aisée à extraire. Et ses nuances blondes, qui se parent d’ocre rosé quand le soleil couchant vient la caresser, ont fait son succès dans la région. Elle a donné vie à nombre d’édifices dans les villages alentour, notamment religieux, comme les églises de Saint-Saturnin, Saint- Austremoine à Issoire, et la basilique Notre-Dame-du-Port à Clermont- Ferrand. Rien moins que trois des cinq églises majeures d’Auvergne, fleuron de l’art roman. Tant de blondeur dans un pays réputé volcanique a de quoi surprendre le visiteur ! Au milieu du xix e siècle, Montpeyroux comptait onze ateliers d’extractions pour une tren- taine d’ouvriers; un demi-siècle plus tard, encore la moitié. La dernière, la carrière de l’Hume, spécialisée dans la fabrication de meules de moulin, ferma ses portes en 1935. Laissez votre voi-
excepté le cœur le plus ancien, celui qui s’éleva autour du donjon, sous le règne de Philippe-Auguste. LA PIERRE DES SANCTUAIRES AUVERGNATS C’est à peu près à la même période, début xiii e siècle, que démarra l’exploi- tation des carrières d’arkose, qui ser- vit à l’édification du village. Cette roche compacte faite de grains de quartz, de feldspaths et de micas est difficile
Détail architectural d’une fenêtre typique du village. La pierre d’arkose, qui donne des reflets dorés aux maisons, est un grès très résistant.
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AUVERGNE-RHÔNE-ALPES MONTPEYROUX
Ci-contre, une ruelle charmante de Montpeyroux, et le donjon médiéval construit suite à la conquête de l’Auvergne sous Philippe-Auguste. Statue de Saint-Verny, patron des vignerons.
Christian Guy / hemis.fr
des tailleurs de Montpeyroux, les cha- piteaux sont un bel exemple de leur talent. Le cœur de Montpeyroux bat au rythme des venelles pentues qui flirtent avec les dénivelés de la butte. L’ensemble tisse un labyrinthe, ponctué de passages voûtés et de coursières, au long duquel s’égrènent les signes du passé : ici un linteau gravé d’une date, là une clé de voûte sculptée d’un motif moyenâgeux, un appui mouluré du xviii e siècle, une croix de fer qui tutoie le panorama… Ils racontent à leur façon la petite histoire des gens d’autrefois, et les sauvent de l’oubli. L’oubli, c’est ce qui a bien failli arriver au village! Vic- time de la crise du phylloxera en 1896, puis de la guerre de 1914, il a vu sa population passer de 570 à 180 après la Première Guerre mondiale. Abandonné par la population, il courait vers sa ruine lorsque, dans les années 1950, un architecte d’Issoire du nom de Joseph Pérol, aidé par le préfet Yves Pérony, décide de ressusciter le village en fon- dant l’association Village de l’Espoir. Il fait venir des jeunes qui s’attellent bénévolement à la reconstruction des maisons, la municipalité loue à bas prix des locaux pour faire venir des arti- sans d’art. Une tradition qui a perduré
Denis Caviglia / hemis.fr x 2
LA DEUXIÈME VIE DE MONTPEYROUX Avant de franchir le porche, allez voir l’église: toute d’arkose parée, elle arbore un style romano-byzantin du plus bel effet… mais pas d’époque, puisqu’elle fut bâtie au xix e siècle, alors que le village était très prospère. On pourrait en effet s’y tromper, au vu de son plan basilical qui rappelle celui des grandes églises de pèlerinage de la région et à la taille de son déambula- toire, espace dévolu aux processions, ici particulièrement grand compte tenu du nombre d’habitants. Œuvres
ture près de celle-ci et de l’office de tourisme, car Montpeyroux se savoure à pied, en songeant aux voyageurs de la voie Regordane qui venaient ici faire une halte. Le cœur du village se cache derrière le porche du xiv e siècle, le plus beau vestige des remparts, d’ailleurs classé monument historique. Il gardait l’entrée nord-ouest du village, là où le tracé de l’enceinte est le plus visible ; au sud-est ne subsistent que des sou- venirs de tours, emprisonnées dans les habitations au point qu’il est difficile de les isoler d’un seul coup d’œil.
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puisqu’aujourd’hui, Montpeyroux abrite des ateliers voués au travail de la lave émaillée, à la sculpture, au vitrail, à la peinture, à la création de bijoux. Ils insufflent leur dynamisme au village et nombre de Clermontois viennent ici faire leur balade dominicale. UN TYPIQUE DONJON PHILIPPIEN À l’est du village, du côté de l’ancien chemin de ronde – dit tralume –, la rue des Pradets abrite une maison qui témoigne de la vocation passée de Montpeyroux. Datée du xix e siècle, elle est typique de l’habitat vigneron avec son rez-de-chaussée réservé au travail du vin, les cuves étant creusées en sous-sol ; les étages d’habitation sont accessibles par un escalier exté- rieur et un perron couvert d’un auvent, ici appelé estre. D’autres maisons vigneronnes plus cossues, avec toiture à quatre pentes en tuiles canal, ou en toits brisés d’ardoise avec lucarnes, se remarquent en contrebas du village, par exemple rue des Perreux. Il est temps de grimper jusqu’au donjon par une des nombreuses « montées » aux noms pittoresques aménagées dans le village : montée des Romains, des Bougnats, de la Coquille, du Sonneur…
Depuis les années 1950 et la renaissance du village , de nombreux artisans (sculpteurs, peintres, créateurs de bijoux…) se sont installés. Photo : l’atelier Bleu de Suzy.
Alain Felix / hemis.fr
Édifié vers le milieu du xiii e siècle, il le fut sans doute d’une seule traite, comme l’attestent le tracé de cer- taines lézardes et les trous de boulin en spirale sur les murs, qui portaient les pièces de bois de l’échafaudage. De plan circulaire et un peu plus étroit en haut qu’à la base, il est typique des donjons philippiens, édifiés sous Phi- lippe-Auguste en signe d’allégeance au royaume de France. La visite permet de découvrir les différents étages, qui servaient d’entrepôt à vivres, de pri- son et d’habitation pour les seigneurs. Au deuxième niveau, on voit encore les vestiges d’une cheminée monu- mentale et les latrines. À 30 mètres au-dessus du village, la plate-forme
offre un exceptionnel panorama à 360° ; au Moyen Âge, le donjon servait à surveiller les environs, notamment le chemin à ses pieds, mais prévenait aussi les villages environnants en cas d’incendie ou de crue de l’Allier. Aujourd’hui, profitez des échappées magnifiques sur la chaîne des Puys et le massif du Sancy : un joli bout d’Au- vergne à vos pieds ! + Office du tourisme, allée du 19-mars-1962, 63114 Montpeyroux. 0473541910. Mairie, montpeyroux63.com
Accroché à sa colline, le petit village fortifié aux reflets blonds, anciennement viticole, est fait d’agréables ruelles pittoresques qui serpentent jusqu’au donjon le surplombant.
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BOURGOGNE CHABLIS
Philippe Roy / Détours en France
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LE VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS
S’il est très apprécié pour ses grands crus, Chablis, village implanté au milieu des vignes, a aussi un patrimoine architectural riche, à découvrir le long du Serein, qui traverse le centre-ville. Photo : le lavoir devenu bâtiment communal.
On la surnomme « la porte d’or de la Bourgogne ». À deux pas d’Auxerre, la microrégion autour de Chablis constitue une superbe mise en bouche avant de découvrir la Bourgogne. Cette petite bulle viticole, reine du cépage chardonnay, a donné l’un des vins blancs parmi les plus connus au monde, à la minéralité inégalée. Un paradis pour épicuriens, à savourer dans un paysage vallonné d’une grande douceur. CHABLIS : PORTE D’OR DE LA BOURGOGNE
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ha-blis. Ces deux syl- labes, faciles à prononcer dans toutes les langues, résonnent aujourd’hui dans le monde entier comme synonymes de grands vins blancs secs par excellence. Issu du seul cépage chardonnay, ce vin à la robe aux reflets or vert, souvent imité, jamais égalé, est apprécié pour sa minéralité sans pareille. Le cha- blis, qui ne connaît pas? C’est un vin qui a su facilement séduire car il est frais, discret et élégant en bouche, et s’associe avec quantité de mets – il ne charge pas le palais et ne masque pas les saveurs des plats. Tout le monde nous l’envie. Et pourtant, beaucoup de gens sont inca- pables de situer le chablis sur une carte. Sa renommée est pourtant ancienne. Depuis le port d’Auxerre, le chablis arri- vait jadis via l’Yonne puis la Seine sur toutes les grandes tables parisiennes. Avant d’être anéanti par le phylloxéra et d’autres maladies à la fin du xix e siècle. C Le centre historique de la petite cité bourguignonne de Chablis, avec ses ruelles pittoresques et ses maisons à pans de bois des xv e et xvi e siècles.
de l’Yonne, a bien mérité son surnom de « porte d’or de la Bourgogne ». Sous vos yeux, alternent coteaux hérissés de vignes et vergers verdoyants qu’il faut voir au printemps lorsque les cerisiers en fleurs explosent. Cerné par la forêt, ce paysage légèrement vallonné épouse le lit du Serein. Il y a quelque chose de réconfortant, de très doux dans ce pay- sage. Au milieu de ses collines, il y a tou- jours un clocher qui s’élève au-dessus de la mer de vignes. On y trouve un camaïeu
Il va connaître une renaissance à partir des années 1950-1960 grâce à des vigne- rons audacieux qui innovèrent dans le négoce, la mécanisation ou encore des procédés contre les gels printaniers, fléaux de la région. Il y avait 500 hec- tares dans les années 1950, les vigne- rons ne vivaient plus. On en compte 5400 aujourd’hui. Que l’on soit œnophile ou non, le Chablisien mérite à lui seul un voyage. Cette petite bulle viticole – 20 km sur 15 km – qui surgit à l’entrée
Le vignoble de Chablis est implanté sur les coteaux argilo-calcaires jurassiques du Kimméridgien, qui bordent le petit affluent de l’Yonne, la rivière Serein.
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de couleurs sans cesse changeantes au cours des saisons. Un monde confiné, à part, quand on vient d’Auxerre ou de Ton- nerre. PETIT BOURG, GRAND RENOM Au cœur de cette région, le village de Chablis, traversé par le Serein, a gardé – bien qu’en partie détruit par les bombardements de 1940 – un cachet admirable, avec ses solides maisons coiffées de tuiles brunes ou orangées.
Le long de la rivière Serein, la tour Mirau d’Aval ( xvi e siècle), bâtiment fortifié qui a été initialement édifié pour défendre la côte orientale de Chablis.
La petite ville, quelque 2400 âmes, a conservé un intéressant patrimoine. Pénétrez dans le cœur du bourg par la porte Noël, au sud du rempart, l’unique porte des trois que comptait Chablis au xv e siècle; elle arbore le nom du maître artisan maçon, Jehan Noël, qui édifia les remparts. Les deux tours fortifiées symétriques que l’on voit aujourd’hui datent du xviii e siècle. L’hôtel-dieu, pro- bablement d’origine médiévale, aurait été aux mains des frères Hospitaliers du Saint-Esprit, ordre caritatif et des « sept œuvres de miséricorde » régi par la règle de saint Augustin. Mais la pièce maîtresse du patrimoine chablisien est la collégiale Saint-Martin, dont la sil- houette actuelle – très proche de celle
En haut et ci-dessus, dans la cave voûtée de l’Obédiencerie de Chablis, ancien monastère du ix e siècle, propriété du domaine Laroche : le pressoir en bois à abattage double effet et des chais à barrique.
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Le jubé et le chœur de la cathédrale Notre-Dame-et- Saint-Edme de Pontigny, ancienne église abbatiale du monastère cistercien de Pontigny ( xii e siècle).
Philippe Roy / Détours en France x 4
la petite crypte, qui abrita, de 877 à 887, les reliques de saint Martin. Et il est bien recommandé de na pas s’en aller de Chablis s’en avoir poussé la porte d’Alain Geoffroy. Afin de laisser libre cours à sa passion pour les objets anciens liés au monde du vin, et faire profiter au plus grand nombre de sa passion, il a créé un très sympathique petit musée de la Vigne et du Tire-bou- chon. Et la visite se termine toujours par une chaleureuse dégustation. LA SECONDE FILLE DE CÎTEAUX Autour de la«capitale»duChablisien, c’est un bonheur que de rouler sur les tranquilles routes départementales serpentant à travers le vignoble. Il faut voir les villages de pierre pâle Ligne- rolles, Courgis ou Préhy, connu pour sa charmante église Saint-Pierre, s’élevant solitaire, aumilieu des vignes : une carte postale du Chablisien! Béru, lui, vaut le détour pour son château, qui a conservé son allure médiévale – il est dans la même famille depuis le xvii e siècle! Plus
de la cathédrale de Sens – remonte au xiii e siècle. Cette collégiale fut à l’origine fondée par les chanoines de Saint-Mar- tin-de-Tours, qui fuyant les Normands, élevèrent ici un sanctuaire pour accueillir les reliques du saint. Son portail latéral a l’originalité d’être recouvert de fers à cheval, des ex-votos offerts par les pèle- rins au « patron des cavaliers ». Hormis le clocher, elle a conservé ses murs d’origine. Les peintures du xiii e siècle et les fers à cheval sur le portail latéral soulignent la spécificité de cette étape sur la route de Saint-Jacques-de-Com- postelle. Les restaurations successives n’ont guère modifié son aspect général, à l’exception du clocher, édifié en 1852, et dont la flèche s’élève à 50 mètres. Au chevet de la collégiale, découvrez le domaine viticole Laroche. Les caves d’élevage sont installées dans l’ancienne Obédiencerie. Ce superbe bâtiment des xv e - xvii e siècles appartenait au chapitre des chanoines de Tours; c’est là qu’ils recevaient « obédience », soit obéissance de la part des chanoines chablisiens.
Un ancien pressoir en bois ( xiii e siècle), dit à abattage, y est conservé. Dans ses vastes et sombres caves, où dor- ment des milliers de flacons, se niche
De l’andouillette au jambon en passant par le fromage, le terroir chablisien est gourmand.
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Les bâtiments monastiques de l’abbaye cistercienne de Pontigny, fondée en 1114, qui est l’une des premières fondations de Clairvaux. L’église est l’un des plus importants édifices cisterciens.
d’une mer de champs. Ses lignes sont épurées, la nef particulièrement lumi- neuse. « Son église longue de 120 mètres se distingue par l’adoption très précoce des innovations du gothique naissant et son chœur entouré d’un déambulatoire ouvrant sur des chapelles rayonnantes », note l’historienne américaine Terryl N. Kinder, spécialiste de Pontigny, installée
loin, il faut longer la vallée du Serein sur la D91, direction Nord, pour admirer au bout d’une longue allée de tilleuls, l’abbaye de Pontigny. Construite en 1114, elle est la deuxième des quatre pre- mières filles de Cîteaux et tout simple- ment la plus grande abbaye cistercienne du monde! Immense, l’église donne l’impression d’être un navire au milieu
en Bourgogne. Les moines cisterciens, qui y vécurent jusqu’à la Révolution, ne sont pas pour rien dans le développe- ment du vignoble. Mais le plus étonnant, dans cette microrégion, c’est la large palette de spécialités, comme nées pour accompagner le vin. Il suffit de se rendre le dimanche matin, rue Auxer- roise, pour le marché bourguignon de Chablis, réputé dans toute l’Yonne, pour s’en rendre compte. Sur les étals, c’est une explosion de couleurs et de saveurs icaunaises. Outre les vins, vous y dégus- terez une fameuse andouillette de Cha- blis, des jambons à la chablisienne, des fromages au chablis ou encore des duchés, des biscuits très secs et sucrés de Chablis, concoctés aujourd’hui par le boulanger Mickaël Body. À tremper dans le vin, évidemment ! + Office de tourisme de Chablis, 1 rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 89800 Chablis. 0386428080. escale-chablis.fr
La salle de dégustation de vins dans l’ancienne étable du château médiéval de Béru, village viticole voisin de Chablis.
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BRETAGNE PONT-AVEN
D’anciens moulins, qu’animaient
autrefois les eaux de l’Aven, donnent au paysage de Pont-Aven son charme et sa
singularité, tandis que ses couleurs et sa luminosité ont fait d’elle, au milieu du xix e siècle, la « cité des peintres ». Jacques Sierpinski / Détours en France
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LE VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS
Posée à fleur d’eau dans un fond de ria, la cité des peintres, rendue célèbre par Gauguin et chantée par Théodore Botrel, séduit toujours autant. Avec sa lumière si particulière, bien sûr, mais aussi le charme de l’Aven, véritable rivière-jardin, ses quais fleuris, le port et ses caboteurs, la chanson des moulins, ses chapelles secrètes, ses chaumières bien coiffées et le granit de ses maisons… voilà un village qui sourit à la vie. PONT-AVEN : LA LUMIÈRE AU FIL DU PINCEAU
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Olivier Leclercq / hemis.fr
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BRETAGNE
a promenade est douce le long des quais aux murs moussus, pendant que la rivière chantonne son plaisir d’être bretonne. Rivière? Fleuve plutôt, puisquel’Avensejettedans l’océan, sur un parcours total de 39 kilomètres, à Port Manec’h. C’est cette douceur et cette lumière, si changeante en fonction des marées, qui ont séduit L Entourés de sa verdure généreuse, des berges fleuries, des murs et ponts de pierre, et franchissant les passerelles au-dessus des chaos granitiques, les promeneurs découvrent la magie des couleurs de la cité des peintres.
Jacques Sierpinski /Détours en France
d’une pension pas chère, et il n’est pas le premier! Les Américains, comme on les surnomme ici, ont débarqué vingt ans plus tôt, dans le sillage de Robert Wylie. Tous n’étaient pas américains, mais tous étaient peintres, et contents de la bonne aubaine. Pont-Aven leur offrait en effet une belle nature et des pensions accueillantes. Le village est un port de cabotage depuis le xviii e siècle, un des plus importants de la Cornouaille, fréquenté par les marins qui, en attente de la marée pour repartir vers l‘océan, trouvent sur place gîte et couvert. C’est l’assurance de soirées animées, de scènes villageoises et de portraits hauts en couleur, autant de sujets pour des peintres en quête d’inspiration. Après sa première visite en 1886, Gauguin revient en 1888, en 1892 puis en 1894. Chaque fois, il séjourne à la pension Gloanec, tenue par l’accorte Marie-Jeanne, et peu
Paul Gauguin lors de son premier séjour en 1886. À contempler le village aujourd’hui, on peut se dire qu’il n’a guère changé depuis, si ce n’est la foule de touristes qui envahit ses ruelles aux beaux jours. LE DÉBARQUEMENT DES AMÉRICAINS En 1886, Gauguin est encore un jeune impressionniste, élève de Pissaro. Il vient poser ici ses chevalets, à la recherche de nouvelles lumières et
En croisière commentée, à pied ou en kayak… la cité invite à de belles balades contemplatives, de celles qui inspirèrent peut-être Paul Gauguin, Théodore Botrel et Xavier Grall dans le passé.
Franck Guiziou / hemis.fr
à peu, il construit son œuvre. C’est ici, en compagnie de ses jeunes collègues Émile Bernard et Paul Sérusier qu’il invente le synthétisme, à l’origine de la création de l’école de Pont-Aven : pas de perspective, une composition géométrique, avecdesaplatsdecouleurs vives, soulignés de traits à la mode des estampes japonaises, et suppression des détails. 14 MOULINS AUTOUR D’UN PONT Plusieurs circuits à travers le village, proposés par l’office de tourisme, sont autant d’occasions de découvrir les lieux qui ont inspiré le peintre et ses amis. Une promenade le long du quai Théodore-Botrel raconte l’histoire du port et des bateaux qui transportaient du blé, des pommes de terre, du bois, du sel, de Brest à Saint-Jean-de-Luz, ainsi que des huîtres de Belon au Le village a gardé des témoins de cette activité commerciale, notamment les nombreux moulins…
D’une rive à l’autre, d’une ruelle à l’autre, coquettes maisons anciennes et recoins bucoliques se succèdent.
Jacques Sierpinski / Détours en France
a pris la succession de la pension Gloanec, où l’artiste venait séjourner avant de lui préférer l’hôtel Gloanec, tenu par la même Marie-Jeanne, et qui s’appelle désormais Les Ajoncs d’or. Lui faisait face l’hôtel des Voyageurs, tenu par une autre figure de Pont-Aven, Julia Guillou, surnommée «la bonne hôtesse» par ses clients peintres. Il abrite aujourd’hui le musée de Pont- Aven. Ouvert en 1985, rénové et agrandi en 2016, il présente sur trois niveaux les œuvres de l’École de Pont-Aven et du mouvement nabi et de leurs principaux représentants, avec une quinzaine de tableaux de Gauguin, et d’autres signés Paul Sérusier, Émile Bernard et Maurice Denis. De quoi ouvrir l’appétit
xix e siècle. L’arrivée du chemin de fer et de la ligne Quimperlé-Concarneau sonna le déclin du cabotage. Le port vit désormais au rythme de la plaisance, mais le village a gardé des témoins de cette activité commerciale, notamment les nombreux moulins qui fabriquaient la farine. La bourgade était surnommée «le vieux pays des moulins» : ils étaient une quinzaine, implantés de part et d’autre du pont principal. Rue du Port, le moulin Ty Meur a ainsi servi de modèle à Gauguin pour son tableau Les Lavandières, celui du Grand Poulguin est désormais un restaurant, comme nombre d’entre eux. Le cœur du village bat autour du pont principal. Sur la place Gauguin, la Maison de la presse
En été, un des grands plaisirs touristiques est d’arpenter la rue du Port, pour apprécier la luminosité si particulière de Pont-Aven entre deux visites de galeries d’art.
Emmanuel Berthier / hemis.fr
BRETAGNE PONT-AVEN
de la colère du géant Gargantua, qui, irrité par sa femme, frappait le sol du pied, faisant à chaque fois se détacher un bloc de pierre. Le plus imposant d’entre eux est baptisé le soulier de Gargantua! Sur la rive gauche de l’Aven, le moulin du Grand Poulguin, appelé ainsi pour sa proximité avec les chaos de l’Aven (en breton poul signifie « trou» et guin « tumulte»), est aujourd’hui un restaurant.
Franck Guiziou / hemis.fr
des visiteurs, avant de poursuivre par la visite des galeries, une soixantaine dans le village ! UN DÉCOR SI INSPIRANT Pont-Aven mérite plus que jamais son surnom de cité des peintres. Traversez l’Aven pour jeter un œil à l’église Saint-Joseph. Édifiée en 1874 à l’emplacement d’une chapelle, elle abrite trois tableaux d’Émile Bernard jeune, consacrés à la vie du Christ. Derrière l’église, des chaumières sur une colline témoignent du temps passé. Gauguin les a immortalisées dans de nombreux tableaux, comme Le Champ Lollichon et l’Église de Pont-Aven ou La Ronde des petites Bretonnes. Revenez sur la place de l’Église et glissez-vous par une passerelle sur la promenade Xavier- Grall, journaliste et poète breton décédé à Pont-Aven en 1981. Cette flânerie bucolique sur les pontons fleuris offre de Dédié à la vie artistique locale de 1860 aumilieu du xx e siècle, le musée de Pont-Aven, ouvert depuis 1985, consacre une salle à Paul Gauguin.
jolies vues sur les robustes façades de granit, les anciens lavoirs et les chaos de granit qui parsèment le cours de l’Aven. Une légende rapporte que ces gros blocs de pierre adoucis par l’érosion sont nés
C’est cette douceur et cette lumière, si changeante en fonction des marées, qui ont séduit Paul Gauguin lors de son premier séjour en 1886.
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LE VILLAGE PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS
La promenade du bois d’Amour, joli sous-bois et fameux lieu d’inspiration des peintres du Pont- Aven, est une incontournable balade bucolique le long de la rivière, dans les pas de Gauguin.
+ Office de tourisme, 3 rue des Meunières, 29930 Pont-Aven. 0298068790 et bretagne- cornouaille-ocean.com. Mairie, 29 rue Louis- Lomenech. 0298060035 et pontaven.fr
LEÇON DE PEINTURE DANS UN BOIS Au bout de la promenade, emprun- tez la rue du Bois-d’Amour qui vous conduit sur le coteau, à ce lieu tant aimé par les peintres de Pont-Aven pour la beauté de ses arbres et les jeux de lumière jouant avec les reflets de l’eau. C’est là que Gauguin donna à Sérusier une leçon de peinture, à l’origine du célèbre tableau Le Talisman. Lui-même y peignit La Baignade au moulin du bois d’Amour, au pied du moulin Neuf. Avant de partir, un pèlerinage s’impose à la chapelle de Trémalo, émouvant édi- fice de granit coiffé d’un toit d’ardoise pentu qui semble vouloir toucher le sol. Sur le pignon sud, remarquez sa date de construction, 1532, ainsi que les armes de son fondateur, un certain Guillaume du Plessis, un lion tenant entre ses pattes un blason. Au-dessus du pignon ouest, un ange sculpté avec une coquille Saint-Jacques rappelle que les du Ples- sis ont fait le pélerinage jacquaire. L’inté- rieur est tout aussi intéressant pour ses poutres sablières ornées d’animaux fan-
tastiques et bien sûr, un Christ en croix en bois polychrome passé à la postérité sous le pinceau de Gauguin. Le Christ jaune a rendu la modeste chapelle de Trémalo célèbre dans le monde entier.
La chapelle de Trémalo ( xvi e siècle), à l’architecture insolite, abrite une sculpture en bois du Christ qui a inspiré Gauguin pour son Christ jaune.
Jacques Sierpinski / Détours en France x 2
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