SANTE

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Chiffre L’hypertension artérielle contribue pour 40 % au risque d’accident vasculaire cérébral.

Stimulé, le cerveau se défend mieux contre les maladies neuronales

en particulier chez les femmes. Le Pr Francis Eustache, spécialiste de la mémoire, en donne l’explication : « Après la 1 re Guerre mondiale, les femmes ont acquis une nouvelle position sociale. En baignant dans un milieu plus stimulant, elles ont développé des mécanismes de réserve cognitive qui permet au cerveau de mieux vieillir. Les capacités d’attention et de mémoire se maintiennent plus longtemps. Cette réserve cognitive aide la personne à faire face à des situations difficiles, par exemple un deuil ou une maladie, en mettant en place des mécanismes de compensation. »

Un cerveau doté d’une importante réserve, à la fois neuronale et cognitive, se

défend mieux en cas de maladie. Après un AVC, les séquelles seront moins importantes car les neurones vont s’adapter en créant de nouveaux circuits. Ce cerveau sera aussi capable de repousser plus longtemps les assauts de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, il suffit de regarder les récentes études en neuro- épidémiologie qui ont suivi des milliers de personnes sur des décennies. Ces travaux montrent une baisse du nombre de cas de la maladie d’Alzheimer. Cette baisse est liée à l’élévation du niveau d’éducation,

La santé cardiovasculaire est fondamentale D’autres facteurs, qui tiennent à la santé cardiovasculaire, jouent un rôle très important. Tout ce qui est mauvais pour le cœur et les vaisseaux sanguins (hypertension, excès de cholestérol, diabète, tabac...) l’est aussi pour le cerveau. Le Dr Michaël Obadia, neurologue, le confirme : « L’hypertension artérielle multiplie le risque d’AVC par quatre à cinq. De plus, toutes les études récentes montrent l’importance du dépistage de l’arythmie cardiaque pour prévenir le risque d’AVC ischémique ( lire aussi p. 30 ). L’AVC est la première cause de mortalité chez les femmes. Chez elles, l’association pilule œstroprogestative, tabac et migraine (avec aura) augmente le risque. On voit aussi le nombre de cas augmenter chez les jeunes, l’hypothèse principale étant le tabagisme. L’augmentation de l’obésité et du diabète a aussi un impact. »

Il a besoin d’être bien oxygéné Ces dernières années, « un lien fort », selon l’expression du Pr Charlotte Cordonnier, neurologue, a été établi entre les lésions des vaisseaux sanguins cérébraux et la mémoire. « Quand on prend correctement en charge les facteurs de risque

vasculaires, on prévient le risque d’AVC, et on peut aussi décaler de 5 ans le diagnostic clinique de la maladie d’Alzheimer, assure-t-elle. Un cerveau en bonne santé est un cerveau dont les tissus sont bien nourris en oxygène et en glucose. S’il est bien nourri, pendant longtemps, on évite l’accumulation de lésions diffuses silencieuses, de petits trous en quelque sorte, qui vont nous faire plonger dans une maladie de type démence plus tôt que prévu. » Bonne nouvelle : on connaît la parade. Dans toutes les études, l’activité physique arrive en tête ( lire page suivante ). Mais il faut aussi miser sur une alimentation saine, une bonne gestion du stress, des activités sociales et culturelles enrichissantes. Ce mode de vie ne protège pas à 100 %, mais c’est le moyen le plus sûr de préserver son cerveau.

WAVEBREAKMEDIA / GETTYIMAGES - J. HODGE, MICROGEN / ISTOCK (2)

25 SANTÉ MAGAZINE I Février 2020

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