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sel était ensuite vendu, façonné en pains, notamment jusque dans les contrées suisses, qui en furent long- temps dépourvues. 4 600 tonnes de sel, 9 tonnes de fer et 11 tonnes de bois… c’est ce que consomme chaque année, au xv e siècle, la grande saline de Salins. Un siècle plus tard, les salines font travailler l’équivalent de 10 000 personnes. Une source de fortune pour les habitants (sauniers, forgerons, bûcherons…), mais sur- tout, pour les ducs de Bourgogne et la couronne espagnole, successivement propriétaires des lieux. Salins, soli- dement fortifiée pour éviter le vol des denrées, est alors même la deuxième plus grande ville de la région après Dole. Pourtant, dès le xvii e siècle, les officiers des salines se plaignent que les bois sont « fort gâtés, stériles » . Une saline royale… loin du sel Par le traité de Nimègue de 1678, la Franche-Comté est rattachée au royaume de France – royaume pour qui la gabelle, le fameux et si impopulaire impôt sur le sel, est une taxe considérable pour couvrir les dépenses militaires de la Monarchie. « C’était un peu le pétrole de l’époque, ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait l’or blanc et qu’il fut un objet de convoi- tise des contrebandiers », détaille Isabelle Sallé. Partant du principe qu’il est « plus facile de faire voyager l’eau que voiturer la forêt en détail », un décret royal ordonne en 1773 la naissance, 15 km plus loin, d’une >

Erich Lessing / akg-images Artedia / Leemage

MIRACLE À SALINS !

Cette année-là, des travaux eurent lieu au puits à Muire de Salins, lorsque la source d'eau salée se tarit subitement... Panique pour les habitants qui se voyaient déjà perdre leur richesse principale. Les reliques de saint Anatoile, le Saint patron local, furent portées en procession et entreposées au fond du puits. Et là, miracle : la source rejaillit. Un événement représenté sur une tapisserie, exposée aujourd'hui au Louvre, commandée en 1502 à Bruges par les chanoines de l'église Saint-Anatoile de Salins, intitulée Le Miracle de l'eau .

1680

COLBERT CRÉE LA COMPAGNIE DE LA FERME GÉNÉRALE

Les Français prennent Salins-les-Bains en 1674. En 1680, l’ordonnance de Louis XIV et Colbert instaure dans tout le Royaume le recouvrement de l’impôt du sel à la Ferme du Roi, un établissement unique, remplaçant les greniers à sel. Les Fermiers généraux, dirigeant les « gabelous », étaient ainsi chargés par bail de lever l’impôt sur le sel. Ils donnent au roi le montant fixé par leur bail, tout en se réservant les produits.

212 / Décembre 2018 - Janvier 2019 / www.detoursenfrance.fr

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