DET_212__BasseDef

70 À PARTIR DE BESANÇON

>

Michel ( 1 000 étangs meurtriers, édi- tions du Citron bleu), ont choisi cette contrée pour y placer l’intrigue de leurs romans les plus noirs. À vrai dire, on ne compte plus les légendes qui hantent, depuis des siècles, le pla- teau. On vous parlera peut-être des jeteurs de sorts, de la croix du Mon- tandré où, à la tombée de la nuit, les âmes des défunts errent sous la figure d’un chat à trois têtes, ou encore de ces mystérieux blocs erratiques qui par- sèment les landes. Ainsi, aux Fessey, dans un champ en bordure de la route menant à Belmont, trône la mysté- rieuse pierre Mourey, ce mégalithe de plus 70 tonnes. « La tradition dit qu’elle tourne sur elle-même tous les cent ans, et une fois par an, la nuit de Noël, elle quitte son socle pour aller se baigner dans l’étang voisin », détaille Yves Vuillemard. « Les Mille Étangs, c’est un territoire très peu peuplé – moins de 20 habitants au km² – qui ne se livre pas d’emblée. Il faut savoir l’apprivoiser, prévient Laurent Seguin, président du parc naturel des Ballons des Vosges

La scierie Martin

( xix e siècle) sur la rivière de la Doue de l’Eau entre Servance et Miellin. Fermée en 1979, elle fut rachetée et restaurée « à l’ancienne » par Georges Tuaillon (photos), en 1991. Ci-dessous : le coquet bourg de Beulotte- Saint-Laurent.

contrée oubliée. « Contrairement à la Dombes ou à la Brenne, cette région d’étangs a la particularité d’être en alti- tude, en moyenne montagne. C’est un patchwork de paysages, entre forêts, sous-bois, prairies et ses nombreuses et anciennes tourbières qui constituent un précieux conservatoire d’espèces végé- tales – notamment la drosera, une rare plante carnivore », poursuit l’expert. LA NATURE À L’ÉTAT BRUT Ladéceptiondupremier abord cèdesa place à l’émerveillement. Depuis Ser- vance, la départementale 315 zigzague en pente à travers bois jusqu’au lieu- dit… La Mer. Derrière chaque bosquet de hêtres, chaque rideau d’épicéas, chaque rangée de roseaux ou de bou- leaux, se dévoile un étang, un autre, puis encore un autre. Certains aux eaux scintillantes, d’autres… assé- chés – on pratique encore l’assec. Autant d’oasis de fraîcheur et de quié- tude. Bien souvent, un discret chalet

et ancien forestier. L’endroit se révèle pourtant vraiment magique à chaque saison, entre le grand blanc de l’hiver, le grand bleu de l’été et les teintes dorées de l’automne… » Des Allemands, des Suisses l’ont bien compris, repeuplant peu à peu, ces dernières années, cette

Made with FlippingBook Online newsletter