DET_212__BasseDef

69

Étang sur la D236, au nord d’Esmoulières, qui en ancien français signifie « des terrains rendus mous par l’humidité ». On y découvre les recoins les plus sauvages des Mille Étangs, au cœur d’une végétation foisonnante… qu’il est conseillé d’arpenter chaussé de bottes de pluie!

encourager, il est vrai, un imaginaire lugubre : « Rien de plus angoissant à la tombée du jour, quand son eau immo- bile devient noire et ne reflète plus que la lune et la muraille, plus noire encore, de la forêt proche », note d’ailleurs de son côté René Gast (auteur de La Franche-Comté, itinéraires de décou- vertes, éditions Ouest-France). Faut-il y voir un hasard? Le film Les Anges de l’apocalypse, second volet des Rivières pourpres, a été en partie tourné dans les zones marécageuses du coin. Des écrivains régionaux, telle Nathalie

avaient mis l’eau à la bouche. Éton- nant territoire que ce coin secret des Vosges saônoises – si loin du spec- tacle des grands ballons vosgiens. Le plateau des Mille Étangs s’étend sur quelque 220 km², limité entre la val- lée du Breuchin, à l’ouest, et celle de l’Ognon, à l’est, et fermé au nord par la route des Crêtes. D’étroites – de très étroites – départementales ser- pentent sur ce plateau granitique, val- lonné et boisé, qui s’élève jusqu’à plus de 700 m d’altitude. On a beau suivre l’itinéraire balisé de la route des Mille Étangs (60 km), on finit toujours par s’y perdre. Ici, un cul-de-sac qui mène à une ferme « à charri » abandonnée (ces granges traditionnelles caracté- risées par un porche central qui pou- vait abriter un chariot). Là, un chemin jonché de nids-de-poule où l’on réa- lise au bout de quelques centaines de mètres, qu’il est finalement impra- ticable… Çà et là, tels des phares, de hauts clochers comtois, comme celui d’Écromagny, rassurent le visiteur. Postés dans les carrefours, bien sou- vent, les calvaires semblent dressés pour orienter les déboussolés. Ces calvaires, pourtant, n’ont rien d’apai- sant : voyez, plus loin, la terrifiante

croix des morts de Faucogney. « Pour certains habitants des villes alentour, les Mille Étangs étaient jadis perçus comme une contrée un peu sauvage et pauvre. Un désert, un pays comme oublié, loin des cartes touristiques », explique de son côté Yves Vuillemard, un des fon- dateurs de l’office du tourisme, juste- ment, et fin connaisseur des lieux. UN PATCHWORK DE PAYSAGES Les eaux sombres des étangs, ren- dues fantomatiques par la brume du petit matin ou du soir, peuvent

>

Cabane traditionnelle au bord d’un étang asséché vers Écromagny, village rural entouré de plans d’eau, forêts, tourbières et cascades.

www.detoursenfrance.fr / Décembre 2018 - Janvier 2019 / 212

Made with FlippingBook Online newsletter