Territoire d'entrepreneurs n°8

Pierre Philis, la fibre industrielle

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© Vincent Poillet

« J e n’ai pas honte de dire que je suis un industriel. le principal promoteur de la transformation de l’entreprise familiale du stade artisanal à industriel. Ouvert et à l’écoute comme l’était son père Louis. Très investi dans la profession, il promeut la qualité et prend de la hauteur au sein de la commission salaisons sèches de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs et transformateurs de viande.Il y appréhende, entre autres, les nouvelles problématiques du bien-être animal ou du Nutri-Score. « Hier, le monde agricole donnait la tendance, à l’image du label “Viande de porc française”. Aujourd’hui, c’est la société. La prise de décision est plus compliquée pour un industriel » ,constate-t- il. Son fils Guillaume lui répond, confiant : « On n’a pas d’autre choix que de s’adapter et d’aller de l’avant… » Ma formation à l’École nationale des industries du lait et des viandes m’y a préparé. » Pierre Philis a été

TOUS ENSEMBLE « Mon père m’a suggéré d’apprendre le métier de transformation de la viande. Ça m’a plu. Il a considéré ensuite qu’il en savait moins que moi à l’atelier » , sourit Pierre Philis. Son frère Hubert avait déjà rejoint l’exploitation après des études agricoles. Georges, appelé à la rescousse après une mauvaise fracture à la jambe de leur père, n’est plus reparti, assurant la commercialisation des produits auprès des bouchers charcutiers. « La répartition des rôles s’est faite naturellement, Georges au commercial, Hubert à l’élevage et moi à l’atelier » , poursuit-il. Le virage stratégique de 1989 marque cependant une rupture. Si Louis Philis laisse s’exprimer les points de vue, il donne l’orientation. En écho, Pierre soutient une indus- trialisation à laquelle sa formation l’a préparé. L’accord entre les frères se fait au fil de l’eau. Comme la transmission de l’entreprise en 2000. Aujourd’hui, Georges et Hubert ont pris leur retraite, mais la jeune génération se prépare. Olivier, le fils d’Hubert, et Guillaume, le fils de Pierre, font partie du comité de direction. « Une transmission est une longue préparation et une validation de l’engagement des enfants. Je ne veux pas les piéger » , précise Pierre Philis. Pour l’heure, il leur confie des missions évolutives sur des sujets techniques, sociaux et logistiques. PERSPECTIVES Le bon sens paysan marque de son empreinte le développement de l’entreprise. Les dirigeants n’ont jamais couru derrière les volumes ni les

« Mon père l’a lui-même carrelé. Il voulait valider son modèle avant d’investir » , se souvient Pierre. De 1978 à 1989, près de 50 porcs par semaine sont débités en saucissons, le reste est commer- cialisé auprès de bouchers charcutiers. Le manque de vocation pour ce métier, le renfor- cement des exigences sanitaires et l’arrivée des normes européennes fragilisent l’activité artisa- nale. Consciente des enjeux, la famille décide de se spécialiser dans la fabrication de saucissons en s’approvisionnant sur le marché. « Nous sommes devenus salaisonniers. En 1989, un nou- vel atelier a vu le jour. Entre-temps, l’essor des grandes surfaces a porté la croissance des ventes » , explique Pierre Philis.

TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE - #08 - SECOND SEMESTRE 2020

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