SANTE MAGAZINE

un laboratoire d’analyse médicale partenaire. Le test n’est pas remboursé par la Sécurité sociale ou les mutuelles. S’agissant de son prix, la start-up n’a pas souhaité nous donner cette information. Est-il fiable ? « Le Noratest n’a jamais fait l’objet d’études permettant d’évaluer sa valeur prédictive. De ce fait, il est impossible d’affirmer qu’il est capable de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer », dit le Pr Claire Paquet. En effet, les seuls travaux réalisés par la start-up ont été menés sur des échantillons de sang prélevés chez des patients déjà diagnostiqués de la maladie d’Alzheimer. En outre, plusieurs experts affirment que ses bases scientifiques sont peu robustes. « Les catécholamines ne sont pas des biomarqueurs spécifiques de la maladie d’Alzheimer. Elles sont perturbées dans de nombreuses pathologies. Les seuls travaux réalisés par la start-up ont été menés sur des échantillons de sang prélevés chez des patients déjà diagnostiqués de la maladie d’alzheimer.

n’est pas synonyme de maladie. Inversement, il peut être normal chez des patients développant une maladie d’Alzheimer. C’est pourquoi la start-up propose de le compléter par le dosage sanguin de trois neuromessagers, appelés catécholamines : la dopamine, la noradrénaline et l’adrénaline. La start-up a choisi de mesurer le taux de ces molécules car des travaux scientifiques suggèrent qu’une région du cerveau productrice de catécholamines est altérée chez les patients souffrant d’Alzheimer. Une fois toutes ces informations collectées, un algorithme détermine, en fonction de l’âge et du sexe du patient, s’il est atteint de la maladie d’Alzheimer ou non. À qui s’adresse ce test ? Sur son site internet, la start-up indique que le Noratest “est destiné aux personnes de plus de 55 ans souffrant de troubles cognitifs légers pouvant s’apparenter à une maladie d’Alzheimer”. Il doit être prescrit par des médecins “habilités à établir un diagnostic de la maladie d’Alzheimer” : médecins généralistes, gériatres, neurologues ou psychiatres. L’échantillon de sang devra ensuite être envoyé dans

Elles ne reflètent pas les lésions cérébrales caractéristiques de cette maladie », explique le Pr Bruno Dubois. « La concentration des catécholamines varie d’un jour à l’autre, et au sein d’une même journée, sous l’influence de l’ali- mentation mais aussi de la prise de médicaments comme les anti- inflammatoires non stéroïdiens », ajoute le Dr Matthieu Lilamand. Au regard de ces différentes limites, les experts estiment qu’il est encore trop tôt pour utiliser ce test. Alors, pourquoi a-t-il été autorisé ? Le Noratest est un dispositif médical de diagnostic in vitro, à l’instar d’un test de grossesse. Les sociétés qui les conçoivent ne sont pas soumises aux mêmes règles que les laboratoires pharmaceutiques qui développent des médicaments. Elles n’ont pas besoin de démontrer l’efficacité de leur dispositif lors d’essais cliniques avant de demander aux autorités sa mise sur le marché. Leur seule obligation : obtenir le marquage CE, qui n’est pas un gage d’efficacité mais de sécurité. La start-up Alzohis a suivi ces démarches et a apposé la mention CE sur son produit.

AUJOURD’HUI, COMMENT ÇA SE PASSE ? Pour diagnostiquer cette maladie neurodégénérative, les médecins doivent réaliser plusieurs examens.

1. La première étape est toujours un examen clinique, qui peut être réalisé par le médecin généraliste. il permet d’évaluer les signes d’alerte (pertes de mémoire, changement brusque d’humeur, désorientation dans le temps et l’espace…) et d’orienter le patient vers des consultations

est analysé. Ce dernier est recueilli par ponction lombaire. « on recherche la présence de protéines tau et amyloïde. en effet, des taux de protéine tau supérieurs à la normale et de peptide bêta-amyloïde inférieurs à la normale sont des indicateurs de la maladie », explique le pr Claire paquet.

cerveau. Cet examen permet de s’assurer que les plaintes du patient ne sont pas liées à une autre pathologie. 3. Pour affirmer que les troubles sont causés par la maladie d’alzheimer, le liquide céphalorachidien, le fluide dans lequel baignent la moelle épinière et le cerveau,

spécialisées si c’est nécessaire. 2. au sein des centres experts, le diagnostic s’appuie

sur différents examens neuropsychologiques afin d’évaluer les troubles cognitifs du patient. en parallèle, un examen par iRM est proposé pour observer l’aspect de certaines zones du

63 SANTÉ MAGAZINE I juin 2020

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