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Y a-t-il une retraite pour la sexualité ?

Doit-on, à un certain âge, arrêter de faire l’amour comme on arrête de travailler ? Faut-il se résigner ou au contraire continuer à écouter ses pulsions ? Le plus simple est peut-être surtout d’essayer d’être en phase avec soi-même.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLÉONORE RUBY

Sébastien LANDRY psycho­ sexologue, spécialisé en oncosexologie, auteur de La sexualité ne prend pas sa retraite, éd. In Press

A-t-on moins envie de faire l’amour avec l’avancée en âge ou est-ce une idée reçue ? Sébastien Landry : avec la chute hormonale, la libido peut diminuer. Mais certaines personnes peuvent découvrir une autre sexualité, plus épanouissante. Des rapports avec pénétration rapide seront remplacés par des préliminaires plus lents, une sexualité plus tendre. Pour qu’il n’y ait pas de frustration, il faut que le couple arrive à comprendre qu’avec le temps, tout change, y compris la sexualité. Dr Sylvain Mimoun : l’envie dépend des hormones mais aussi de la fréquence des rapports. Plus on les espace, moins on a envie de sexe et moins on fabrique d’hormones. La fonction crée l’organe. Si on fait l’amour régulièrement, même avec l’âge, on peut continuer à avoir autant envie. Toutefois, il y a fréquemment moins de pénétration. Si l’envie diminue, quelles en sont les causes biologiques les plus fréquentes ? Sébastien Landry : la baisse des hormones et les répercussions physiologiques qui en découlent. Ainsi des dysfonctions érectiles chez l’homme, qui vont diminuer son envie

d’aller vers la sexualité, et chez la femme, des sécheresses vaginales qui apparaissent avec la ménopause et vont causer des douleurs à la pénétration. En effet, la lubrification est moins bonne et le temps de réponse plus long. Il faut que la stimulation soit plus importante pour arriver à une érection correcte chez l’homme, et une lubrification adéquate chez la femme. Dr Mimoun : chez l’homme, la testostérone baisse et l’érection est plus lente à venir et plus difficile à se maintenir, car la circulation du sang est moins bonne. L’angoisse de ne pas y arriver renforce les symptômes. Chez la femme, les œstrogènes diminuent et cela induit un début de sécheresse vaginale. Quelle est la part des facteurs psychologiques ? Sébastien Landry : l’homme a toujours des angoisses de performance. S’il ne se sent plus capable d’assurer, les pulsions et l’excitation vont finir par diminuer. Le corps change. Si la femme se croit non désirable, elle ne cherchera plus les rapprochements. Idem si l’homme se sent moins viril. Alors que ce sont surtout les sentiments et la façon de se comporter qui comptent ! Si on cherche à séduire, que l’on ne se néglige pas, l’autre nous trouvera toujours

Dr Sylvain MIMOUN gynécologue, andrologue, médecine sexuelle,

responsable du Certificat universitaire de gynécologie psychosomatique à l’Université Paris VII, membre du comité scientifique de Santé Magazine

OLIVIER DION

55 SANTÉ MAGAZINE I juin 2020

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