SANTE MAGAZINE

PAS ENCORE CONVAINCUS Un quart des Français seulement est prêt à faire confiance à l’intelligence artificielle en santé si elle est utilisée pour aider les médecins. Source : enquête menée par Nuance Communications (leader des technologies conversationnelles) en 2019

Dr Loïc Étienne médecin urgentiste de terrain, créateur d’une intelligence artificielle médicale dès 1987

Pr Rodolphe Thiébaut professeur de santé publique et de biostatistique, université de Bordeaux, directeur d’un groupe de recherche consacré à la modélisation et à l’analyse de données

« Ces intelligences peuvent faire aussi bien » Ces intelligences peuvent faire aussi bien et parfois mieux que le médecin. Elles ont une quantité de mémoire hallucinante, une capacité à mettre en relation des choses auxquelles les médecins ne penseraient pas forcément et surtout, une capacité à aider les sciences fondamentales comme la recherche de nouveaux médicaments. Mais elles ne peuvent pas remplacer le médecin ! En fait, l’intelligence artificielle n’existe pas. Pourquoi ? Ce que l’on appelle “intelligence artificielle”, c’est de l’intelligence humaine augmentée. Selon moi, si la machine supplémente le médecin dans un certain nombre de tâches, ce dernier va pouvoir réinvestir dans l’empathie et la relation patient-médecin. Finalement, au lieu de déshumaniser, la machine va permettre de réhumaniser le métier. Tandis que la machine, elle, n’a pas conscience d’elle-même. Si vous lui dites : “Tu vas mourir un jour”, elle vous répondra : “Peu importe, je n’ai jamais souffert”. Preuve qu’il y a une différence considérable entre l’homme et la machine.

« L’IA est très efficace, mais pas à tous les coups » L’IA permet de gérer en masse les problèmes médicaux de la population. Prenez le coronavirus. Le nombre de cas rend compliqué le diagnostic manuel. Un algorithme d’apprentissage profond a donc été mis en place, afin d’interpréter les scanners à la recherche du virus. Dernièrement, il y a eu beaucoup de travaux sur l’analyse de données d’image. L’application la plus classique est l’analyse de la peau pour, par exemple, étudier les grains de beauté. Vous avez aussi l’analyse des images rétiniennes pour détecter les diabètes. Mais une fois que l’algorithme est très efficace, comment peut-on l’implémenter dans le quotidien ? Est-ce qu’il améliore véritablement la prise en charge du patient ? Il faut faire attention : l’IA ne marche pas à tous les coups ! Avant de la valider, il faut l’évaluer, s’assurer de son utilité et savoir comment elle peut évoluer. Si l’on respecte ces précautions, l’IA représente alors une aide considérable pour le quotidien du médecin.

LES PRINCIPALES APPLICATIONS MÉDICALES DÉJÀ UTILISÉES s

LES DOMAINES D’APPLICATION DE L’IA EN MÉDECINE s

Prognosis Une série de scénarios de cas cliniques pour évaluer ses capacités de prise de décisions

Medscape Une base de données incluant 8 000 médi­ caments, 4 000 maladies, les interactions médi camenteuses

pepper

Prévention anticipation d’une épidémie, surveillance des effets secondaires des médicaments

Robots compagnons notamment pour les personnes âgées ou fragiles

Aide à la décision diagnostique et thérapeutique (cancers)

Figure 1 L’Instagram des médecins. Plus de 500 000 utilisateurs, médecins et infirmiers, discutant des cas cliniques et de leurs traitements

PEPID L’appli de

référence et de support à la décision clinique pour les médecins urgentistes

Médecine de précision recommandation de traitement personnalisé

Médecine préventive

Chirurgie assistée par ordinateur pour aider les chirurgiens, robots chirurgicaux

prédiction d’une maladie et/ou de son évolution (cancers)

A. DI CROLLALANZA

23 SANTÉ MAGAZINE I juin 2020

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