SANTE MAG LCL

En cas de chimiothérapie ou de radiothérapie Un des risques majeurs du cancer et de ses traitements est la dénutrition. D’où l’importance de trouver la façon la plus adaptée de continuer à bien s’alimenter.

Les besoins alimentaires sont-ils différents sous traitement ? Oui. « Le cancer est le plus souvent une maladie hypermétabolique, explique le Dr Philippe Pouillart, immunopharmacologue. Pour se multiplier rapidement, les cellules cancéreuses consomment beaucoup d’énergie. Les besoins en calories du malade sont donc augmentés. » Lorsque cette énergie n’est pas apportée en quantité suffisante, les cellules la puisent dans les réserves adipeuses, mais aussi dans la masse musculaire qui s’affaiblit. Pour juguler ce phénomène, il faut donc majorer les apports en protéines. « Les besoins passent de 0,8-1 g par kilo de poids corporel par jour chez une personne en bonne santé à 1,2-1,5 g », précise Magali Pons, diététicienne. Lorsqu’on est malade, et plus encore sous traitements – qui mobilisent aussi beaucoup d’énergie –, il faut donc manger davantage, en insistant sur les protéines, et conserver de la variété pour les micronutriments. « Et ce, alors même que les différents effets secondaires potentiels des traitements (nausées, perte d’appétit, aphtes, déviance du goût et de l’odorat, problèmes en bouche, douleurs…) rendent plus laborieux le fait de s’alimenter », déplore le Dr Pouillart. Pourquoi est-il autant nécessaire de bien s’alimenter ? « Pour un même cancer au même stade, un patient dénutri est exposé à un risque plus important de moindre réponse au traitement, et à un risque de mortalité plus important après une chimiothérapie, une chirurgie ou une greffe de cellules souches », constate le Dr Pouillart. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que l’on pourrait sauver plus de patients en luttant contre cette dénutrition plutôt qu’en trouvant de nouvelles molécules thérapeutiques.

Certains aliments doivent-ils être évités ou prohibés ? Il existe en effet des interactions entre certains actifs naturels contenus dans les aliments et certains traitements, notamment les chimiothérapies orales. Ainsi, le pamplemousse (ou pomelo), le curcuma, l’aloe vera et la réglisse peuvent rendre les médicaments toxiques, en raison notamment de leur action sur le foie. D’autres aliments comme le soja, les feuilles de sauge, le ginseng tendent eux à abaisser l’efficacité des traitements, notamment l'hormonothérapie.

ISTOCK/GETTYIMAGES PLUS

109 SANTÉ MAGAZINE I Avril 2020

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online