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SOPHIE 53 ANS
« J’ai choisi une personne de confiance »
n’avait jamais abordé la question de ses volontés avec ses filles. Maintenant qu’il n’est plus là, qui fera respecter mon choix? Et si ma fille refusait ? En plus de mes directives anticipées, j’ai choisi une personne de confiance, pour prendre les décisions médicales que je ne pourrais plus prendre, une amie qui sait exactement ce que je veux. Je porte toujours sur moi le formulaire et elle dé- tient un double. J’ai désigné, en plus, deux autres amis, si jamais elle n’était pas joignable. Je sais qu’ils feront ce qu’il faut. »
«Avec mon mari, nous nous étions promis que s’il nous arrivait quelque chose, celui qui restait ferait ce qu’il faut. Nous ne voulions pas “finir en regardant le plafond”, comme il disait. Lorsque mon mari a fait un AVC, à 57ans, il a été hospita- lisé pendant trois mois. Son état ne faisait que se dégrader. J’ai pris la décision, avec le soutien des médecins, de le laisser par- tir. Sur le moment, notre fille et sa fille, n’ont pas compris. Elles espéraient toujours qu’un trai- tement le ramènerait. Mon mari
« Chacun devrait pouvoir décider selon ses convictions » «Infirmière, pendant 15 ans d’exercice en Belgique, l’accom-
CORINNE 65 ANS
battre pour que des patients, atteints d’Alzheimer, de suites d’AVC, soient soulagés. Très souvent, ils m’ont dit: “Je voudrais mourir”. Pourquoi, dans un pays laïc, ne laisse-t-on pas à chacun le choix d’abréger sa souffrance? Cha- cun devrait pouvoir choisir selon ses convictions. Mon mari est catholique et contre l’euthanasie, mais il respecte ma volonté. Et je respecte la sienne.»
pagnement en fin de vie et l’euthana- sie ont fait partie de mon quotidien professionnel et personnel. Arrivée en France, j’ai eu un choc: la prise en charge de la douleur était très limitée, malgré tous les moyens à disposition. En fin de carrière, j’ai effectué de nom- breux soins à domicile, et j’ai dû me
« J’accepte la part d’incertitude »
MARIELLE 69 ANS
je souffre, je souhaite que l’on me soulage, le temps qu’il faudra. Développer les soins palliatifs me semble essentiel. Il m’importe davantage d’être entourée de mes enfants que de décider comment je vais mourir. L’humaine condi- tion réside dans notre non- maîtrise de la vie comme de la mort. Au final, je fais confiance à mes enfants. Ils feront au mieux. »
«J’ai changé de point de vue sur le sujet. Au fil du temps, j’en suis venue à me demander : Qu’est-ce qu’on appelle le choix de mourir ? Quel est mon choix? Et faut-il choisir ? Ma propre réponse est non. Je reven- dique de ne rien désirer pour ma mort si ce n’est ce qui est inhérent à l’hu- maine condition, une mort avec sa part de hasard et d’incertitude. Bien sûr, si
PATRICK GARDIN, VALERIE MATHILDE, GUILLAUME MURAT POUR SANTE MAGAZINE (3)
57 SANTÉ MAGAZINE I août 2021
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