REGAL 116

16 SAISON

NOVEMBRE DÉCEMBRE 2023 RÉGAL N° 116 www.regal.fr

4 JOURS DE GLORIEUSES À l’approche des fêtes, la Bresse célèbre sa volaille dans des concours de beauté. Leur histoire typiquement française remonte à 1862. Ces Glorieuses sont organisées dans quatre villes, et se terminent toujours par Bourg-en-Bresse – considéré comme le concours le plus prestigieux – après Louhans, Pont-de-Vaux et Montrevel- en-Bresse, dans un ordre variant d’une année à l’autre. Tous les éleveurs de volailles de Bresse (AOP), de l’oie à la dinde, en passant par le canard, la poularde et le chapon peuvent participer à ces Glorieuses. Ils sont jugés sur l’esthétique de leurs volailles, la qualité du plumage, la finesse de la peau, l’éclat des yeux, l’engraissement, le soin apporté au roulage (l’emmaillotage). Après le défilé de la confrérie des Poulardiers et des Ambassadeurs dans les rues de la ville organisatrice, le palmarès est dévoilé et le vainqueur repart avec le vase de Sèvres offert par la Présidence de la République. Dès lors, la vente des volailles est ouverte au public.

lauréats ne fait pas longtemps débat. Non qu’il y ait une quelconque triche. Les futurs gagnants dominent la compétition par la beauté et la « finesse » (un mot qui court sur toutes les lèvres) de leurs volailles. Christophe Vuillot sera le grand vainqueur de cette édition et repartira avec plusieurs prix. DEUX HEURES PAR VOLAILLE Nous le retrouvons quelques mois plus tard sur sa ferme à Saint-Étienne-du-Bois. La chaleur étouffe le paysage de bocage. Les volailles se sont réfugiées dans la fraîcheur des haies. Des téméraires arpentent la prairie et picorent. Elles sont majestueuses dans leurs mouvements. Dans quelques mois, Christophe Vuillot choisira les plus belles pour la parade des Glorieuses 2023. Sur les murs de sa ferme, les médailles et les coupes, à l’étroit dans une vitrine, témoignent des exploits de l’éleveur. Il n’en tire aucune gloire excessive. «Cela fait toujours plaisir », dit-il d’une voix douce, timide, mais le regard ardent. Des photos en noir et blanc de ses grands-parents sont exposées non loin des trophées. Ils lui ont tout appris, d’abord l’élevage en liberté de ces volailles prestigieuses, leur finition «en épinette»(au lait de Bresse et au maïs), l’abattage puis le plumage soigné et l’emmaillotage dans une toile de lin. « Il faut compter deux heures de travail pour chaque volaille », précise-t-il. C’est dire combien le prix de ces poulardes de luxe n’est pas volé n

« J’élève des volailles de Bresse comme mes grands-parents me l’ont appris. Rien n’a vraiment

changé depuis leur époque » Christophe Vuillot

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