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42 LE REPORTAGE

SEPTEMBRE OCTOBRE 2019 RÉGAL N° 91 www.regal.fr

depuis 2008, année de sa retraite. Quand les caissettes de fruits des Tamonte sont pleines, Jacqueline va les vendre au marché de Cannes trois fois par semaine. Le couple fournit aussi quelques marchés provençaux et des supermarchés locaux qui privilégient les agrumes produits localement et non traités : l’exploitation des Tamonte fait partie du GIE Agrum’Azur , qui réunit huit producteurs implantés entre Menton et Vallauris n’utilisant aucun pesticide. Ils font partie des derniers « gros » de la région, défendant comme ils peuvent leur production, leurs terres et leur savoir-faire. Mais jusqu’à quand ? Le dernier des Mohicans Pépiniériste exubérant, basé sur les premières collines de Nice, le long du Var, Sébastien Fossat s’interroge. À 46 ans, il est le dernier héritier de l’entreprise familiale et parle de ses agrumes avec passion. Son père Paul et sa mère Marcelle sont tout aussi énergiques, et ils livrent, à trois, leur histoire dans une joyeuse cacophonie en sirotant la délicieuse liqueur de mandarine faite maison. La famille Fossat est dans l’horticulture depuis 400 ans et s’est spécialisée dans la production d’agrumes remarquables et la taille des arbres fruitiers, des domaines d’expertise devenus rares. On remarque immédiatement, en observant un oranger taillé par

encore 35 ans, il y avait entre 7 et 10 hectares de clémentiniers, et aujourd’hui, il n’y a plus rien ou presque. Ce qui est fou, c’est qu’il y a de la demande ! On a un manque d’approvisionnement chronique en fruits en France. On consomme environ 300000 tonnes par an de clémentines uniquement ; la Corse, principale productrice aujourd’hui, fait dans les 30000 tonnes au mieux. » Le verger des Tamonte en met plein la vue : les arbres serrés sont remplis de fruits qui brillent comme des boules de Noël, les feuillages piqués de jaune, d’orange pâle ou d’un orangé plus soutenu se succédant à perte de vue. Il y a surtout des citronniers et des clémentiniers, mais aussi des kumquats, des pomélos et des oranges. Le terrain est accidenté mais Jacqueline est parfaitement à l’aise. Cela fait plus de 30 ans qu’elle cueille seule les fruits de leurs 250 arbres, se contorsionnant sous les branches pour ne pas laisser le moindre agrume derrière elle. D’un geste sûr et précis, elle vide les arbres à toute vitesse, sans sécateur. Les clémentines, en fin de saison, se font plus petites tandis que les citrons sont pour beaucoup encore verts. « Les plus petites clémentines intéressent certains clients » , explique-t-elle sans s’arrêter de cueillir. « Ils les plongent dans du chocolat fondu, les laissent refroidir puis les mangent comme des friandises. » Maurice aide sa femme à récolter

Le verger des Tamonte, à Vallauris, est une corne d’abondance, avec une nette majorité de citrons et de clémentines. Ou faut-il dire mandarines? Leur classification est complexe et loin d’être consensuelle. On a globalement tendance à considérer que les mandarines au sens large forment un groupe au sein duquel se trouvent plusieurs espèces, dont la mandarine méditerranéenne et la clémentine. Toutes deux se déclinent en de nombreuses variétés, dont les mandarines et clémentines de Èze qui sont largement cultivées sur la Côte d’Azur, tout comme la clémentine corse. Généralement, la mandarine a une peau assez épaisse d’un orange soutenu et n’adhère pas à la chair; sa pulpe est sucrée et contient des pépins. La clémentine, plus acide et dépourvue de pépins, a la peau plus fine et plus claire.

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