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www.regal.fr RÉGAL N° 90 JUILLET AOÛT 2019

d’agriculture et véritable puits de science, se souvient bien de la grande époque des fruits d’or de la Côte d’Azur. « Dans les années 1960, il y avait des agrumes à profusion dans les Alpes-Maritimes » , se rappelle- t-il, l’œil vif et clair, en buvant son café avec sa femme Jacqueline qui acquiesce discrètement. « Dans tout le département, on est passé, pour les agrumes en général, de 5000 à 500 ou 600 tonnes par an au maximum. L’urbanisation s’est installée dans les zones les plus chaudes. L’agrume a besoin de ces zones, les deux sont donc en concurrence directe. » La disparition des arbres a été progressive mais rapide. « On a perdu des arbres avec le gel de 1971, puis celui de 1985 ; les propriétaires n’ont pas replanté, les terrains ont été vendus et ont pris de la valeur. Les feux de forêt passaient comme par hasard sur toute la colline, parfois quatre fois dans la même journée ! Et les cultures étaient immédiatement remplacées par des villas. » La clémentine de Vallauris Ce matin, il pleut, mais ce n’est pas ce qui va empêcher les Tamonte de travailler, on est en pleine saison. Sur le chemin sinueux de leurs plantations de 5000 m 2 qui dominent la ville de Vallauris, Maurice explique : « Notre terrain est de petite taille, et pourtant nous sommes devenus l’une des plus grosses exploitations des Alpes-Maritimes. Vallauris était considérée comme la capitale de la clémentine il y a

cabossée, fine ou très épaisse, mais toujours totalement dénuée d’amertume. Le taux de sucre de la pulpe est assez élevé, son acidité est modérée. Le fruit est donc agréable à consommer tel quel, en tranches fines avec l’écorce, qui renferme beaucoup plus de principes actifs que la pulpe. » Laurent Gannac ne produisant que des agrumes bio, leur zeste se mange sans crainte. « L’Europe, sur tous les agrumes et particulièrement les citrons, considère que l’écorce n’est pas la partie consommable et tolère des doses de pesticides 50 fois supérieures à ce qui est toléré sur la pomme. Il y a cinq fois plus de résidus de pesticides dans la pulpe d’un citron que dans la chair d’une pomme traitée. L’agrume espagnol, à forte dose, est un produit dangereux » , avertit le producteur. Au-delà des traitements, il est important de privilégier la filière nationale car les agrumes français sont d’une fraîcheur remarquable, qui garantit leurs parfums et leurs bienfaits. « Nous expédions dans toute la France des agrumes vendus sur le site de La Maison du Citron, que j’ai développée avec mon fils Adrien. Ils sont cueillis le matin à la demande, jamais réfrigérés, et expédiés immédiatement. ». Laurent Gannac est un oiseau rare, car il nage à contre-courant de la tendance actuelle : il vise les 1 000 arbres à terme, alors que le secteur de l’agrumiculture française est en net déclin. Maurice Tamonte , producteur de Vallauris connu pour ses clémentines, ancien chef de service de la Chambre

Si l’origine des agrumes est une question complexe, ces fruits pouvant s’hybrider à l’infini entre espèces, la recherche génétique a permis de situer le berceau du genre Citrus dans le sud-est de l’Himalaya et d’identifier les quatre espèces ancestrales dont tous les agrumes actuels sont issus: les pamplemoussiers (qui produisent d’énormes fruits à ne pas confondre avec les pomélos que nous appelons pamplemousses à tort), les mandariniers sauvages , les cédratiers et un papeda du sud des Philippines. La diversification et la propagation des agrumes se sont ensuite déroulées en Asie, en Océanie et autour de la Méditerranée, puis sur tous les continents. L’oranger amer ou bigaradier par exemple, proviendrait d’un croisement entre un cédratier et un mandarinier.

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