PEPS LCL
se faire plaisir 16
Rencontre avec… Franck Dubosc
Avec quarante ans de carrière et une cinquantaine de lms à son actif, l’acteur, auteur, réalisateur continue d’irradier la scène. Vu dans Toute Ressemblance… 1 , de Michel Denisot, ou dans 10 jours sans maman 2 , il termine actuellement la tournée de son dernier spectacle, Fifty/Fifty. Rencontre avec Franck Dubosc, un artiste hyperactif qui ne se résume plus à l’image de boute-en-train qu’il a longtemps véhiculée. Propos recueillis par Marie-Christine Luton « J’ai envie de vivre caché »
Dans ce lm, on vous voit dans une scène d’amour avec CaterinaMurino. C’est une première? Oui, je ne l’avais jamais fait à l’écran, je m’étais arrêté aux baisers, et cela a été difficile pour moi. En fait, je suis très pudique même si j’ai exhibé mes fesses dans unmaillot de bain “moule- burnes”. Mais se montrer dans une scène intime avait quelque chose d’in- convenant à mes yeux… Désormais, réaliser. Je pourrais d’ailleurs tourner un film sans jouer dedans. Sur scène en revanche, on est dans la ligne de mire. Aujourd’hui, j’ai envie de vivre caché. Je ne parle pas des deux heures du spectacle, qui représentent des parenthèses de vie, je parle d’être un artiste de seul-en- scène qui doit faire de la promotion et, pour cela, passer à la télé. Avez-vous encore un rêve d’artiste? Encore une fois, réaliser. Et continuer. Cela fait 38 ans que je fais ce métier. Je ferai tout pour que cela dure le plus longtemps possible. Mais ce qui me plaît dans la réalisation, c’est écrire des histoires. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé raconter des histoires. Puis, tout d’un coup, je me suis retrouvé dans la lumière en tant qu’acteur, parce que je n’avais pas compris qu’il y avait d’autres moyens d’être aimé. L’âge aidant, je me rends Que préférez-vous, être sur scène ou jouer devant une caméra?
compte que, finalement, ce n’est pas l’envie d’être aimé qui m’a poussé, mais l’envie de m’aimer moi-même. Les gens pensent que lorsqu’on veut attirer l’attention, c’est que l’on s’aime déjà. Mais c’est faux. On se dit qu’on n’a pas le temps pour ça, qu’on verra plus tard. D’ailleurs, quand on se regarde vraiment dans la glace, on ne s’aime pas. C’était ça ma vie. Lorsque vous êtes sur scène tous les soirs, c’est physique, comment vous préparez-vous? Je fais du sport. Chose que je délaisse quand je tourne. Et faire le show seul en scène, c’est très physique aussi. Donc ça entretient. Suivez-vous une hygiène de vie? Oui, je ne bois pas, je ne fume pas et je ne me suis jamais drogué, contrai- rement au personnage de Toute res- semblance… J’essaie aussi de ne pas me coucher trop tard. Je n’ai pas une vie d’ascète, mais celle d’un M. Tout- le-Monde sans addictions. Je fais attention, car plus on vieillit, plus la récupération est difficile. Je connais mon corps, mes capacités, j’essaie de ne pas les dépasser. Sauf, une fois de temps en temps, sans plus. Vous évoquez l’âge, est-ce un sujet qui vous préoccupe? Un peu. J’en parle dans mon spec- tacle, Fifty/Fifty. Mais c’est plus le fait de se dire « tiens, il y a des choses
Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous fait dire oui à un projet ? Le scénario. Dans Toute ressem- blance…, par exemple, Michel Denisot me proposait quelque chose de diffé- rent, non pas un rôle à contre-emploi mais un rôle de mon âge. J’ai joué beaucoup d’hommes-enfants, et là c’est un homme mature, qui assume sa cinquantaine. Cela correspond à mon envie d’aborder des personnages plus complexes. Je ne souhaite pas forcément aller vers un cinémamoins drôle, car je referai des comédies déli- rantes, mais j’aspire à me servir de tout ce que j’ai appris et à être un peu plus ancré dans la vraie vie. Qu’est-ce qui vous ressemble dans ce personnage de star du JT, prêt à tout pour garder son poste à la télévision? Le côté mégalo, la soif de succès. Acteurs, humoristes, nous avons tous cette espèce d’adrénaline de vouloir atteindre le sommet ou, si on monte assez haut, de ne plus vouloir en descendre. Aujourd’hui, je n’ai plus cet esprit de compétition qui est fati- gant. J’ai compris qu’on ne pouvait pas toujours gagner, que c’était trop diffi- cile. Les périodes où j’ai rencontré le plus de succès sont loin d’avoir été les plus heureuses. Ce ne sont pas mes moments de vie les plus intenses.
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