PARENTS

LANGAGE P our senommer, il n’utiliseplus son prénomou “moi”,mais il dit “je”, car sa façonde concevoir lemonde a changé: il ne seplaceplus aucentre. Le “je” laisseune place au “tu”, à côtéde lui, et au “il”, dont il sedifférencie. Son langage s’élabore, il composedes phrases complexes, raconte des histoires, conjugue les verbes en respectant la concordancedes temps. SOCIALISATION C ’est ledébut de la vraie socialisation. Les jeunes écoliers ne jouent plus simplement à s’imiter, “enmiroir”,mais sont désormais dans unvéritable échange: ils se parlent, s’écoutent, sedistribuent les rôles… et sedisputent! Chacunveut être le chef et avoir lebeau rôle. Ils ont des préférences marquées, c’est l’âgedupremier grand copainetmêmedupremier amour.

POUR L’AIDER À table, on le fait parler, on lui demande de raconter ce qu’il a fait à l’école, avec qui il a joué, ce qui lui a plu, ce qu’il n’a pas aimé. S’il refuse, on lui demande de raconter la journée de son doudou!

POUR L’AIDER On invite son copain à lamaison, c’est enrichissant pour eux de se retrouver dans un autre contexte que celui de l’école. Il y a des petits conflits qui provoquent des bouderies, on les aide à trouver un compromis! Parfois, on devra trancher: s’ils se disputent le même jouet, on le prend et on leur propose une autre activité.

... et ce qu’il développe sans que ça se voie !

CÔTÉ PSYCHOAFFECTIF U nenfant de3ans peut s’occuper seul: il s’est forgéune sécurité intérieurequi lui permet de se “décoller” de l’adulte. Cette « capacitéd’être seul avec autrui » signalepour lepsychanalyste et pédiatreDonaldWinnicott l’accès à l’autonomiepsychique: uncap essentiel. «C’est cequi va lui permettrede vivre au seind’ungroupe, expliqueCatherinePotel: il peut dessiner entouréde ses camarades de classe, par exemple. »Vers 4ans, il entredans lapériodede l’Œdipe: il cherche à séduire l’unde ses parents, semet en rivalité avec l’autre. Ce conflit se résout vers 6ans. L’enfant choisit leparent dumême sexeque lui commemodèled’identification. Il réinvestit sonénergiedans l’imaginaire (c’est l’âgede l’ami imaginaire) et dans la connaissance. Ça coïncide avec sonentrée enCP, c’est parfait!

CÔTÉ COGNITIF I l trie lemonde encatégories, passe duparticulier (sonchienZip) au générique (unchien, identifiépar ses traits distinctifs: quatrepattes, une queue, des poils…), il trie les objets par ordrede grandeur. Il confondencore réalité et fiction,mais distingue l’apparencede la réalité et identifieune personnederrièreunmasque. Il commence à sedécentrer, peut prévoir la réactiond’unepersonne en s’imaginant à saplace, donc fairepreuved’empathie.

Alors qu’il était propre depuis desmois, il fait pipi dans son pantalon On dirait qu’il régresse

CE DONT IL A BESOIN Pendant la phaseŒdipienne, notre attitude est déterminante. Notre petit trésor a toujours autant besoin de notre regard bienveillant. Et pas question de se moquer de ses tentatives de séduction ou d’entrer dans son jeu. S’il nous agresse, on reste zen, sans tout accepter non plus! L’essentiel est de lui rappeler clairement l’interdit de l’inceste, autant de fois qu’il le faudra: « J’ai une femme/un mari. On s’aime, on a formé une famille et tu es né. Les enfants ne se marient pas avec leurs parents » Une réponse claire lui indique qu’on le prend au sérieux et, surtout, ça lui permet de se positionner en tant qu’enfant dans la lignée familiale. Pour prendre sa place dans la société, il a besoin de comprendre la différence des générations et de se situer dans cette suite temporelle.

presque chaque jour à l’école. Il n’ose pas demander, il a du mal à se plier au rythme imposé et, surtout, il exprime ainsi son ambivalence face à l’école. D’ailleurs, il pleure et s’accroche à nous le matin… Il n’a plus envie d’être un grand et reprend des attitudes de bébé. L’entrée à l’école est un tournant!

PARENTS Mai 2020 67

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