PARENTS LCL
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NOS KIDS À LA LOUPE/ DOSSIER
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On se retient de faire les choses à sa place D ès queLulu sait boutonner son manteau, c’est à lui de le faire, tous les jours, chaque fois qu’il s’habille. Dès qu’il apprendà se laver, on lui lègue gant et savon. Et bien entendu, dès qu’il saitmarcher, exit la poussette!Onne l’utiliseplus que commeplanB, quandLulu fatigue… Laisser l’enfant exécuter lui-même les gestes duquotidienqu’il commence àmaîtriser, ça requiert unebonnedosedepatience… Ramener toutes ces actions à l’échelle et au rythmedu tout-petit, certes, ça vanous prendredu temps.Mais tandis qu’on rongenotre freinen l’observant essayer pour lahuitième fois de refaire labouclede son lacet enpleine rue, onpense aux bénéfices: notre enfant se sent capable, il croit en ses compétences… Et ses compétences croissent, puisqu’à forcede s’exercer, ilmaîtrise demieux enmieux chaqueprocessus. Jour après jour, il gagne en autonomie. Il a demoins enmoins le réflexe de nous appeler à la rescousse avec un triste « j’y arrive pas! », et de plus en plus tendance à réessayer de lui-même. Et surtout… il sent qu’on lui fait confiance. Rien de tel pour lemotiver!
On lui demande de l’aide (dès qu’il sait marcher) B ien sûr, l’éponge qui est sur la table, on pourrait faire deux pas pour l’attraper nous-même.Mais puisque Jules, 15mois, est tout près, pourquoi ne pas lui demander de nous l’apporter? En lui demandant de l’aide, non seulement, on développe ses compétences et son vocabulaire, mais on inscrit en lui les bases d’un esprit d’équipe nécessaire à la vie de famille, mais surtout, on l’aide à trouver sa juste place dans lemonde. Tenir la porte ouverte pour samaman ou son papa qui a les bras chargés, c’est tenir son rôle dans la famille et dans la société, y avoir sa place et en être fier. Ce positionnement précoce est essentiel.
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On parle du comportement de l’enfant, pas de son identité C hloépleure car sapetite fée adisparu. Lucie abeau pas de son identité. Elle adit un mensonge, cen’est pas pour
par nos paroles, il se sent enfermé dans un typede conduitequ’il risquede reproduiremalgré lui, histoiredenous donner raison. On prend garde à toute forme d’étiquetage, même anodine, qui réduit l’enfant à un trait de personnalité – pas toujours flatteur – et abîme l’image encore fragile qu’il se fait de lui-même.
l’avoir dans sapoche, ellenous soutient qu’ellen’apas pris la figurine. Onabienenviede la traiter dementeuse!Mais…nous sommes des parents bienveillants et nous savons qu’unenfant ne se résumepas à l’actequ’il vient de commettre. Alors on surveillenos propos: cedont il est question ici, c’est ducomportement deLucie,
autant unementeuse. Elle a volé la figurine, çan’en fait pas une voleuse. Attentionaux raccourcis de langagequi permettent l’amalgame et confondent l’enfant avec sonacte. Dire àunenfant qu’il « est » ceci oucela, non seulement c’est violent,mais c’est aussi très angoissant pour lui: soumis ànotre jugement, profondément influencé
DR, IPEKATA/ISTOCK,DEEPOL/PLAINPICTURE
64 PARENTS Avril 2020
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