Les cathédrales de notre histoire

Malgré les destructions subies dès le xviii e siècle, l’édifice a conservé de nombreux vitraux d’origine, dans les parties hautes de la nef, du chœur et du transept. Depuis les années 1930, elle intègre régulièrement des vitraux contemporains. Photo : le revers de la façade occidentale et ses rosaces.

Bertrand Rieger / Détours en France Neurdein / Roger-Viollet

La cérémonie de l’élu de Dieu Au xiv e siècle, le rituel se précise. Accueilli à Reims au plus tard la veille par les notables qui lui remettent les clés de la ville, le souverain est escorté jusqu’à la cathédrale par les chanoines et y reste en prière une partie de la nuit pour méditer sur les responsabilités inhérentes à la couronne. Il rejoint ensuite le palais de Tau où réside l’évêque et se couche. Le roi est réveillé pour sa nouvelle vie au lever du jour par deux ecclésiastiques. À partir de Charles IX en 1561, cettemission revient aux évêques de Laon et de Beauvais. Le roi s’ha- bille et désigne les otages de la Sainte Ampoule: quatre nobles cavaliers qui portent le dais sous lequel marche l’abbé de Reims, pieds nus, lorsqu’il transporte le reliquaire contenant l’huile céleste de l’abbaye vers la cathédrale. À son arrivée, en com- pagnie de ses pairs laïcs et ecclésiastiques, le sou- verain remonte solennellement la nef où ont pris place des aristocrates venus de tout le royaume et des dignitaires rémois. Il franchit ensuite le jubé, le

mur ouvragé qui sépare symboliquement l’espace ouvert aux profanes et celui réservé aux clercs où se trouve l’autel. À genoux, il promet de servir le royaume et plus encore l’Église et ses biens car le roi de France est aussi le protecteur du monde chrétien. Il reçoit des mains du prélat la couronne, la main de justice et le sceptre de Dagobert. Des siècles durant, l’épée de Charlemagne, Joyeuse, a été utilisée pour le sacre. Pendant la cérémonie, la tête, la poitrine et les épaules du roi sont ointes d’huile sacrée. La tunique et les gants dumonarque imbibés du contenu de la Sainte Ampoule sont brû- lés après car nul profane n’a le droit d’entrer en contact avec cette substance créée au Ciel pour le souverain. Au sortir de la cérémonie, la per- sonne du roi est sacralisée. Il devient thaumaturge et peut guérir par apposition des mains certaines maladies, à l’instar des écrouelles. Il est officiel- lement l’élu de Dieu.

Au cours de la Première Guerre mondiale, plus de 300 obus incendiaires atteignirent la cathédrale provoquant des dégâts immenses,

comme en témoigne cette photo de l’abside prise après la guerre.

NOTRE-DAME BLESSÉE ET RESTAURÉE Le 19 septembre 1914, Reims est bombardée. Des obus touchent la toiture de la cathédrale. La charpente de bois prend feu, les tuiles de plomb fondent, les gargouilles explosent et la voûte s’effondre. Les Allemands publient des cartes postales du monument emblématique dévasté. Vingt ans et la création d’une charpente en béton à la pointe de la technologie seront nécessaires pour le restaurer. Une crête de faîtage de fleurs de lys détruite lors de la Révolution a aussi été remplacée.

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