Echappées Belles - La Côte Atlantique

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son secteur endigué, composé d’an- ciens réservoirs à poissons. Dans cette zone, pullulent de nombreuses espèces animales, dont l’emblématique tortue cistude d’Europe, le lézard vert, plu- sieurs espèces d’oiseaux… Les repérer exige parfois un œil aguerri. Là où nous n’avions rien vu, Alexandre, lui, repère instantanément trois gros lézards d’un vert éclatant. Un bruissement d’eau léger lui indique la présence possible d’un ragondin ou d’une loutre. Sans surprise, il s’agit d’un spécimen de la première espèce: « les loutres sont très difficiles à observer, surtout en pleine journée », précise notre guide. Pour mettre toutes les chances de son côté lors des visites nature qu’il organise conjointement avec l’office de tourisme d’Arès, il a stratégiquement posé çà et là des petites plaques noires. Elles ne peuvent malheureusement pas attirer les loutres, mais la chaleur qu’elles puisent des rayons du soleil appâte une autre espèce furtive: les serpents. On trouve ici quelques couleuvres à col- lier, ou vertes et jaunes, ainsi que des vipères aspic. Côté poissons, les eaux des bassins sont très riches. Il en fait la démonstration à l’aide d’une simple épuisette, qu’il plonge un instant au niveau d’une écluse, puis la ressort pleine à craquer de petites gambusies et de crevettes. « Les hérons, canards ou courlis en raffolent, c’est pour ça qu’il y en a tant par ici ! » LES EVERGLADES DU BASS I N Quelques minutes de marche suf- fisent ensuite à rejoindre les 200 hec- tares de prés-salés que compte la réserve. Le paysage de schorre – autre nom des prés-salés – qui s’offre alors au regard ne ressemble plus

Moult espèces d’oiseaux sont à observer: milans noirs, hérons et aigrettes… Ci-contre: Un héron au bord du canal d’écoulement. Ci-dessous: Entre Arès et Andernos-les- Bains, promenade en pleine nature sauvage sur le sentier du site Saint-Brice-Les Quinconces-Le Coulin, qui relie la forêt et le bassin.

à loisir depuis un sentier labyrinthique, dont il est interdit de s’éloigner et qui se parcourt uniquement à pied. Les rus et les marécages à travers lesquels il se fraye un chemin sont rigoureusement protégés, ce qui exclut toute forme de cueillette et de pêche. La civelle, espèce menacée appréciée des gas- tronomes, est, en effet, très présente. L’alevin de l’anguille profite du phéno- mène de marée et de l’inversement du cours du canal de l’Étang pour remon- ter ici la rivière. « C’est une étape impor- tante pour la reproduction, explique Alexandre, incollable sur la biodiver- sité du site. Elles ont été amenées ici par le Gulf Stream depuis Cuba, vous imaginez! Elles vont grandir en amont, puis repartiront traverser l’Atlantique, et pondre sur leur lieu de naissance. » + Office de tourisme d’Arès Place Weiss, 33740 Arès. 0556601807. ares-tourisme.com

du tout à ce que l’on connaît du bas- sin. Il prend des allures d’Everglades, zone humide subtropicale du sud de la Floride… alligators en moins! Voire selon les saisons, en plein cœur d’une savane africaine parcourue de petits ruisseaux. 200 espèces végétales peuplent ce paysage unique: sali- cornes prospérant dans les vasières, obione sur le moyen schorre, spartine plus haut vers le rivage, mais aussi des espèces très rares comme la Romulée de Provence. Ce microcosme s’observe

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