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Le saviez-vous ? Une espèce qui se fait rare Loin de se cantonner aux forêts, le lucane se rencontre aussi dans les jardins arborés, les parcs. Il affectionne les vieux arbres et surtout les souches d’arbre mort ou affaiblis. En forte régression depuis 1950, cette espèce fait l’objet d’une enquête participative depuis 2011 par l’Office pour les insectes et l’environnement (OPIE). On sait ainsi que le lucane est absent des plaines agricoles de la Beauce, de la Brie, de Picardie et de Champagne, des Vosges, du Jura et du sud-est du Massif central. La raréfaction du bois mort et des haies explique en partie la baisse de ses effectifs.
Un long développement larvaire pour une vie adulte éphémère La femelle pond ses œufs dans le sol jusqu’à 70 cm de profondeur, contre les racines de feuillus affaiblis (chêne en particulier, hêtre, saule, tilleul, lilas…). En même temps que ses œufs, elle dépose les spores d’un champignon qui se développera sur le bois et le rendra plus nutritif pour les larves. La présence de vieux arbres ou de grosses bûches enterrées dans votre jardin ou alentour est donc indispensable à son maintien. Les larves, gros vers blancs semblables à celles du hanneton, se nourrissent de bois mort durant cinq à huit ans (elles sont saproxylophages). Le lucane cerf-volant contribue ainsi activement au recyclage de la matière organique et à la régénération de l’écosystème forestier. La conservation de cette espèce emblématique est considérée comme un enjeu au niveau européen. En fin de cycle, les larves construisent une coque de fragments de bois et de terre agglomérés, dans laquelle elles se métamorphosent à l’automne, pouvant atteindre 10 cm. L’adulte n’émerge qu’au printemps suivant, entre mi-mai et fin- juillet, avec un pic mi-juin pour les mâles
et début juillet pour les femelles. C’est à cette période que l’on peut voir les mâles voler bruyamment, au crépuscule ou la nuit, à la recherche des femelles, plus discrètes, posées
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9,5 cm La famille des Lucanidés compte 1 400 espèces dans le monde, dont douze en France. Le mâle du lucane cerf-volant ( Lucanus cervus ) est le plus gros coléoptère d’Europe, atteignant jusqu’à 9,5 cm, mandibules incluses. « Dans le Var, il cohabite avec le lucane tétraodon, précise l’OPIE. On retrouve cette espèce en Corse où le lucane cerf-volant est absent. »
© ©oceane2508 - stock.adobe.com sur les troncs, où elles expulsent une crotte pour les attirer ! Durant sa courte vie – quelques semaines seulement – le lucane ne s’alimente quasiment pas et se consacre pleinement à la reproduction. Il se nourrit à l’occasion d’écoulements de sève. Les dernières femelles seront vues en septembre. ©
À la recherche des «macro-restes» Attention de ne pas confondre le cerf-volant ( Lucanus cervus ) présence, sur le côté externe des pattes postérieures, d’une seule épine au milieu, contre deux ou trois épines chez le lucane »,
avec une autre espèce de coléoptère, la petite biche ( Dorcus parallelipipedus ), dont le mâle comme la femelle ressemblent à s’y méprendre au lucane femelle. Elle est plus petite (moins de 35 mm) et ses élytres sont noirs, mats et légèrement granuleux, alors que ceux des lucanes sont marron ou noirs, mais toujours brillants et lisses. «Un autre critère, souvent visible sur les photos, c’est la
précise Bruno Mériguet, en charge du programme lucane cerf-volant à l’OPIE. À défaut de l’observer vivant, il n’est pas rare de trouver en forêt des «macro-restes » de lucanes sur le sol, mandibules ou élytres notamment, abandonnés par ses prédateurs (geais, pies, rapaces…). Un trophée qui enchantera les enfants !
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Texte : Catherine Levesque
mars/avril 2020 - www.detentejardin.com • 71
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