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1962

Manuel Cohen

une reconversion réussie : le thermalisme Pour autant, le sel franc-comtois connaît une deuxième vie. Dans l’industrie, tout d’abord. Dès le xix e siècle, les entreprises chimiques fabriquent verre ou savon avec de la soude. D’autres – telle la Belge Solvay, toujours implantée dans le Jura – utilisent aujourd’hui le sel dans la pétrochimie comme matière première pour produire du chlore (qui donne le PVC, par exemple). Pa- rallèlement, Salins, qui devient offi- ciellement Salins-les-Bains en 1926, profite de l’essor du thermalisme en vogue au xix e siècle. Dès 1854, la petite saline est recon- vertie en établissement thermal, où les curistes affluent pour soigner rhumatismes ou arthrose. En 2017, un nouvel établissement, ThermaSa- lina, a ouvert ses portes, vantant les eaux de source de Salins-les-Bains, « plus denses en sels minéraux que la mer Morte ». ∑

LA FIN D’UNE AVENTURE À SALINS

nouvelle manufacture, la célèbre saline d’Arc-et-Senans, d'abord bap- tisée saline royale de Chaux. Claude- Nicolas Ledoux est missionné pour construire cette nouvelle saline – qui a l’avantage d’être à l’orée de la grande forêt de Chaux, riche en com- bustible. Inspiré par les philosophes des Lumières, l’architecte éclairé dessine un véritable « palais du sel », qui ressemble plus à un théâtre qu’à une manufacture. « Un saumoduc, sorte de pipe-line long d’une vingtaine de kilomètres, achemine l’eau salée de- puis Salins jusqu’à la nouvelle saline, où elle est évaporée », poursuit l’experte. Mais cette manufacture grandiose – un des fleurons du patrimoine indus- triel français, inscrit à l’Unesco – est un semi-échec. La concurrence des marais salants d’Atlantique et de Méditerranée, mais aussi le déve- loppement du chemin de fer, rendent rapidement obsolète le sel gemme franc-comtois. La saline royale ferme pour de bon ses portes en 1895.

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En 1958, les salines municipales de Salins produisent 1000 tonnes de sel par an alors que le seuil de rentabilité est fixé à 150000 tonnes. Elles ne fonctionnent plus que par intermittence jusqu’en 1962. Plus de production de sel à Salins, même si les eaux salées sont encore exploitées pour un établissement thermal… et qu’elles

servent à saler les routes pour le déneigement, si besoin.

212 / Décembre 2018 - Janvier 2019 / www.detoursenfrance.fr

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