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de la ville. Il suffit de longer à pied les rives du Doubs ou d’emprunter l’un des bateaux qui effectuent des promenades à fleur d’eau pour vérifier que Vauban a aussi fortifié l’enceinte de la boucle – où se trouve le cœur de la ville – pour la protéger des éventuelles attaques venues des hauteurs. « Sa force, c’est qu’il va s’appuyer sur des fortifications médiévales précédentes, les améliorer comme la porte Rivotte ou la tour Notre- Dame, mais aussi qu’il va inventer, ici à Besançon dans les années 1680 pour la première fois, les tours bastionnées », insiste Émilie Thivet. Tour des Corde- liers, tour de Chamars, tour deRivotte… Moins grandes que les bastions, les six nouvelles tours bastionnées, généra- lement pentagonales, possèdent des voûtes épaisses et deux étages de feux : le supérieur à ciel ouvert et l’inférieur pour mettre les canons à l’abri des tirs plongeant des hauteurs avoisinantes. Pour protéger ses soldats, Vauban réalise ces ouvrages en brique « car les éclats de ce matériau provoqués par les boulets étaient moins dangereux que les éclats de pierre ». GRIFFON, L’AUTRE CITADELLE Pour voir à quel point Vauban a modelé la ville, il faut également passer le pont qui enjambe le Doubs pour rejoindre, rive droite, le quartier Battant. Sous la direction de l’ingé- Vauban a aussi fortifié l’enceinte de la boucle - où se trouve le cœur de la ville.

Les fortifications Vauban le long du Doubs. Les impressionnants remparts sont longs de près de 600 mètres, larges de 5 à 6 mètres et hauts de 15 à 20 mètres.

nieur, ce faubourg populaire a éga- lement été fortifié, avec bastions, courtines et demi-lunes. Au sommet, fait méconnu, trône ainsi une autre citadelle, le fort Griffon, qui répond à la citadelle principale. Un fort conçu à la fois pour tirer sur les ennemis venus de l’extérieur… mais aussi sur la ville en cas de rébellion des habi- tants ! « Lui seul avec une garnison

de 200 hommes contiendra mieux le peuple que ne pourraient le faire 1 200 logés dans les casernes ordinaires », notait d’ailleurs Vauban. Jamais la place forte de Besançon ne fut conquise. Mais la sombre histoire de sa citadelle – elle fut tour à tour prison d’État, puis durant la Seconde Guerre mondiale un lieu d’exécution de résis- tants – fit que les Bisontins lui tour- nèrent longtemps le dos, puis elle fut rachetée à l’armée par la ville en 1959. Les habitants, qui viennent volontiers se promener ou pique-niquer sur ses glacis verdoyants, se sont aujourd’hui réconciliés avec leur réseau de fortifi- cations, inscrit à l’Unesco en 2008, et qui apparaît comme une magistrale synthèse de l’œuvre du génie mili- taire de Vauban. ∑ La Citadelle est aujourd’hui un haut lieu de culture et de tourisme. Étendue sur 11 hectares, elle offre des panoramas exceptionnels, des balades au grand air, des musées et la découverte d’un patrimoine fascinant.

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