Crédit Agricole Magazine n°181

Initiatives

Collectivités publiques Cent ans d’accompagnement par le Crédit Agricole

A près la Première Guerre mondiale, l’électrification du pays ne concerne qu’une partie du territoire, essentiel lement les villes. Les campagnes sont confrontées à l’exode rural. Les jeunes, notamment, sont attirés par la vie citadine qui semble plus «facile». Dans ce contexte, l’électri fication des communes est vue comme un moyen d’améliorer les conditions de vie et, par ses applications aux activités agricoles, de pallier le manque de bras et d’améliorer les rendements. Le 2 août 1923 est promulguée une loi dont le but est de faciliter, par des avances de l’État, le financement des travaux d’électrifi cation des communes rurales. Comme il s’agit alors du territoire d’exercice du Crédit Agricole, celui-ci est chargé de distribuer ces prêts. Concrètement, le Trésor met à disposition de l’Office natio nal du Crédit Agricole, au taux plafond de 2,80 %, une somme de 600millions de francs. Le Crédit Agricole se sert de cet argent dispo nible pour proposer des prêts aux collectivités et l’État compense la différence d’intérêt entre le taux de 2,80 % et celui proposé par les Caisses régionales. Le député de Corrèze Henri Queuille, promo teur de cette loi, espère que «peut-être nos paysans subiront-ils un peu moins cette attraction qui se fait si vive le soir quand la campagne s’endort tristement dans la nuit et que monte au loin la grande lueur rouge de la ville». Cette grandiloquence typique de la III e République souligne encore plus le problème de l’exode rural. Nous pouvons cependant écrire que cette nouvelle disposition est un succès puisqu’en 1930, 6650 communes ont bénéficié de ces prêts, soit 35 % des communes rurales concernées. Pour le Crédit Agricole, c’est aussi un moyen de s’extraire de l’agriculture stricto sensu et d’aller à la conquête de nouvelles clientèles. En 1953, il ajoute l’adduction d’eau et la voirie à ses possibilités de financement des équipements des collectivités. «Ranimer le désert français» L’exode rural – et les discours qui le dénoncent – n’est cependant pas enrayé. Le Crédit Agricole est conscient du rôle qu’il peut jouer dans la lutte contre le dépeuplement des campagnes. Il milite, par la voix de son président Paul Driant, en 1960, pour un élargissement de son Il y a un siècle, une nouvelle loi facilitait, par des avances de l’État, la distribution de l’énergie électrique dans les campagnes. Le Crédit Agricole était alors choisi pour distribuer ces prêts aux communes et aux départements ruraux, son champ d’intervention traditionnel: le début de cent ans d’accompagnement des collectivités publiques!

action: «Le moment nous paraît venu d’étendre au monde rural tout entier l’activité du Crédit Agricole qui, sans perdre son caractère profes sionnel, peut et doit devenir le Crédit Agricole et rural […] Devenues le support financier principal [des collectivités] nos caisses de crédit contribueront à ranimer le désert français». Il faut cependant attendre 1967 pour que les interventions du Crédit Agricole s’accélèrent grâce à une évolution dumode de financement des collectivités: la Caisse des dépôts et consignations lui transfère ses interventions dans ce domaine. En parallèle, le Crédit Agricole étend ses compétences aux communes demoins de 5000 habitants (1971), puis aux communes de moins de 12000 habitants (1979). À partir des années quatre-vingt, il peut intervenir sur tout le territoire. Grâce à ces évolutions, le Crédit Agricole devient un acteur majeur du financement des collectivités à partir des années soixante-dix. En un peu moins de dix ans, l’importance relative de ce secteur de financement quadruple dans ses comptes (1964-1975). Les inter ventions de la banque concernent la construction et l’aménagement

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