Crédit Agricole Magazine n°178

À l’époque des taux nuls et de l’inflation négative, la liquidité était abondante, grâce, notamment, aux injections des banques centrales pour soutenir la croissance. Et les produits d’épargne rapportant peu, les clients étaient moins incités à optimiser leurs placements. En cinq ans, les dépôts à vue ont augmenté de 100 Md€ pour atteindre 230 Md€ aujourd’hui dans les Caisses régionales. Mais, à l’heure de la flambée des taux, le Livret A rémunéré à 0,5 % il y a un an l’est aujourd’hui à 3 %, le Livret d’épargne populaire atteint 6 %. De nouveaux horizons s’ouvrent désormais aux clients qui recherchent les supports les mieux rémunérés, notamment les livrets réglementés. Quand l’inflation augmente, la banque rémunère plus cher l’épargne réglementée, alors que près de la moitié de cette collecte part à la Caisse des dépôts. Le défi est multiple. Il s’agit de répondre L’épargne Une stratégie groupe tournée vers le client

Grégory Erphelin, directeur général de la FNCA Le point de vue de…

aux attentes des clients tout en sécurisant l’équilibre financier des Caisses régionales. De plus, depuis dix ans, les Caisses régionales ont principalement axé leur développement sur le crédit. La montée en compétences des conseillers en matière d'épargne dans le nouvel environnement est un enjeu de taille. Pour les Caisses régionales, la Fédération nationale du Crédit Agricole a, dès novembre 2022, sollicité toutes les entités du groupe pour redéfinir une politique épargne groupe proposant de nouvelles solutions d’épargne en adéquation avec ce nouvel environnement de taux. Pour personnaliser les réponses en fonction des différents besoins des clients, les conseillers pourront s’appuyer sur Trajectoires patrimoine, mis en marché en 2017, «autoporteur pour découvrir le client, son patrimoine et ses besoins et lui préconiser des solutions adéquates», analyse Jean-François Dupouy, DGA FNCA chargé de la direction marchés, mutualisme et innovation. Car, protéger, valoriser et donner du sens à l’épargne des 21 millions de clients des Caisses régionales est bien la mission première de la banque, la responsabilité du Crédit Agricole (lire l’interview de Raphaël Appert en p.8) .

Nous avons unrôle clé à jouer

Cette année, trois grands thèmes, non exhaustifs, vont guider notre action. Le premier thème est lié au nouvel environnement de taux et d’inflation. Dans ce contexte, le Crédit Agricole a un rôle clé à jouer vis-à-vis de ses clients, tant en matière de conseil en épargne que d’accompagnement des professionnels, des agriculteurs, des chefs d’entreprise et des ménages les plus fragiles qui voient leurs charges augmenter. Concomitamment, la liquidité se resserre, conséquence de la normalisation de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Cet environnement invite les banques à poursuivre l’adaptation continue de leur modèle pour le rendre toujours plus performant, au service de tous les clients. Le deuxième, à moyen et long terme, porte sur l’accompagnement des transitions sociétales et notamment de la nouvelle donne en matière de climat, en lien avec le projet sociétal. En 2023, pour accompagner nos clients vers une économie bas carbone, nous allons prendre des initiatives opérationnelles, fortes et visibles pour les clients. On peut citer J’écorénove mon logement, le hub transition énergétique ou les initiatives pour soutenir le développement du marché du carbone et en valoriser la séquestration. Cette année, le nouveau métier «CA Transitions et Énergies» va se concrétiser et le Crédit Agricole va compléter son plan d’action pour contribuer à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone. Enfin, le troisième est un volet social, relatif aux ressources humaines. Le recrutement et la fidélisation des collaborateurs, la valorisation de notre métier, finalement le sens donné au travail, constituent un enjeu fondamental. Les banques sont parmi les plus importants employeurs privés en France, le Crédit Agricole en étant le premier.

L’excellence opérationnelleest aucœurdes travaux pouratteindre l’excellence relationnelle.

Des engagements de modération tarifaire ont déjà été pris envers la clientèle la plus vulnérable et un suivi personnalisé envers les entrepreneurs complète le bouclier tarifaire instauré par les pouvoirs publics. Les banques devront elles aussi s’adapter à ce nouvel environnement, avec un accroissement des charges et, probablement, du coût du risque. Elles

devront également s’adapter à une liquidité moins abondante due à la normalisation progressive attendue de la politique de la Banque centrale européenne. Enfin, plusieurs chantiers réglementaires seront très structurants, dont la transposition en droit européen des accords de Bâle III qui devrait être applicable début 2025, les propositions de la Commission européenne pour encadrer, voire interdire, les commissions versées par les producteurs aux distributeurs de produits financiers, ou encore les réflexions visant à créer un euro digital qui pourraient rendre la collecte client davantage instable… Climat : conseiller, diffuser et sensibiliser Le second axe, en lien avec le projet sociétal, porte sur le climat. En 2023, les banques vont concrétiser leurs engagements en matière de transition énergétique afin de respecter ceux pris par la France, auxquels le Crédit Agricole a souscrit, et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Cela signifie que l’économie doit avoir réduit de 90 % ses émissions

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