= de PEP's n°36

se faire plaisir 16

Lorsqu’on a envie de beau, de calme et de contemplation, le plus simple est parfois de saisir un pinceau et d’ouvrir des tubes de peinture… Le plus simple? C’est à voir ! ParAliceKerguelen E nfant, on barbouille avec enthousiasme. Puis on perd la main. On y revient quand on a un peu plus de temps, car peindre est un vrai bonheur. En culti - Le jour où… jemesuis (re)miseà lapeinture

pas, Anne s’est intéressée à la théorie du cerveau droit. Cet hémisphère gère la créativité et la perception des formes dans l’espace. De façon générale, l’adulte l’utilise bien moins que le cerveau gauche, logique et rationnel. Le faire travailler demande une prise de conscience libé- ratrice. Et si le temps semble passer beaucoup plus vite quand on peint, c’est que le cerveau droit, enfin, turbine, alors que le cerveau gauche diminue son activité. Mais le pinceau, le couteau oumême les doigts ne sont que lematé- riel : peindre, c’est d’abord exercer sa vue. « En peignant, on apprend à regarder ce qu’on voit, non ce qu’on croit voir. C’est une grande découverte, et cela rend très humble » , explique l’experte. Anne Reymond n’en finit pas d’explorer les dif- férentes façons de peindre. « Et quand on laisse courir son pinceau, des choses sortent que l’on n’attendait pas. » On s’ouvre aussi au monde, car, comme disait Matisse : « L’œil ne voit que ce que l’esprit est prêt à comprendre. » Si l’on veut voir ce qui est, il faut donc que le mental baisse pavillon. Pas facile d’emblée, mais que de découvertes ! Enfin, on est fier d’avoir créé son œuvre, même si on ne l’accroche pas tout de suite au-dessus du canapé du salon. Et on s’offre un beau challenge, rassuré par Salvador Dalí lui-même : « Ne craignez pas la perfection, vous ne l’atteindrez jamais ! »

vant ce jardin secret, on exprime sa nature profonde, on retrouve la créativité de son enfance, on apprend à se poser dans un monde qui va vite, et à observer les objets, même les plus quotidiens. Cette forme de “slow-life” demande cependant de l’anticipation. Car peindre ne s’improvise pas, explique Anne Reymond qui, à 55 ans, a commencé une formation en peinture décorative. Artiste reconnue aujourd’hui, il lui a fallu dépasser sa peur de mal faire, apprendre à construire une image et marier des couleurs. Tout fait sens : le sujet, le choix de la technique, dumatériel, la touche du pinceau, le mariage des couleurs, leur valeur (le degré de clarté et d’obscurité), l’équilibre de la composi- tion globale, la texture créée grâce aux coups de pinceau. Aujourd’hui, Anne dispense des cours où l’on vient pour de multiples raisons, la première étant peut-être de passer un bon moment, avec soi-même et d’autres participants par- tageant une émotion artistique. « Avec un groupe, on est dans lamême recherche, dans une communauté d’esprit, et on est plus facilement décomplexé » , note une participante. À ce propos, comme beaucoup d’artistes ayant franchi le

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