Visa pour l'Asie du Sud-Est

« L’innovation responsable, la voie de l’avenir pour Singpour » Le regard de Xavier Pavie, professeur à l’Essec Business et directeur académique du programme Grande École à Singapour Ce n’est pas un hasard si « Singapour » et « innovation » sont très souvent associés. En effet la cité-État est régulièrement prise en exemple pour ses prouesses en termes de développement depuis son indépendance en 1965 et, plus récemment, avec son concept de smart city . Toutefois, Singapour n’est pas que cela, et ses innovations sont également sociales, civiques et citoyennes. C’est le cas avec les mesures spécifiques édictées pour s’assurer de l’harmonie entre les religions ; dans l’éducation également avec des méthodes et investissements uniques pour se hisser au premier rang mondial ou encore, avec la ponction étatique sur les salaires des habitants pour leur permettre d’accéder à la propriété facilement et rapidement. Si Singapour est par essence une nation innovante, c’est parce qu’elle n’a pas eu le choix. D’une taille très modeste, isolée et sans ressources naturelles, il était indispensable d’innover pour survivre. La méthode a d’ailleurs été partagée par l’un des fondateurs de Singapour, Dr Goh Keng Swee : « Quel que soit le problème que nous rencontrons, quelqu’un, quelque part, a résolu ce problème. Étudions la solution et adaptons-la intelligemment pour Singapour. » Cette façon d’innover, incrémentale, a ses limites et les innovations radicales, disruptives, et bien entendu, paradigmatiques, peinent à émerger pour deux raisons majeures : la première est que les premières années qui ont suivi l’indépendance furent dédiées à la santé, l’éducation et à la construction de la ville. Il fallait la rendre saine, solide et durable, en s’inspirant donc des succès étrangers. La deuxième raison réside, en conséquence de la première, dans l’absence de créativité et d’investissements

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