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C’est mon hIstoIre

«Mon optimisme me donne cette énergie » Line RENAUD

À 92 ans, Line Renaud accueille le présent et le futur avec élégance. À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, le 1 er décembre, l’actrice, vice-présidente de Sidaction, nous raconte d’où lui vient son optimisme.

J e pense que l’environ­ nement dans lequel on naît joue beaucoup sur notre optimisme. Pour ma part, les gens du Nord ne pensent qu’à rigoler. Je peux vous assurer que ça aide. Aujourd’hui, tout le monde autour de moi est là à me dire : « Oh là là, encore un an de plus… » Je ne vois pas les choses comme ça. Pour moi, ce n’est pas un an de plus, c’est du bonheur en plus. Finalement, mon optimisme me donne cette énergie. Sans cela, vous êtes dans les choux. Dans Harold et Maude , je récite une jolie phrase à la fin : « Demain sera un autre jour et ceci aussi passera. » Je le dois à ma famille Cet optimisme, je le dois à ma famille. J’ai été élevée dans une famille très joyeuse, surtout mon père qui était un grand blagueur. Il n’avait pas beaucoup d’ambition si ce n’est une : faire rire le quartier. Tous les jours, il revenait avec la blague du jour pour le “coron” – une rue dans le Nord. Nous n’étions pas des gens riches, mais la bonne humeur était au rendez­ vous. Il faut que la vie soit drôle. J’ai une devise qui dit : « La vie est belle et je vous aime. » C’est la devise de la maison Renaud !

PROPOS RECUEILLIS PAR ANA BOYRIE

Aimez la vie ! C’est ainsi que je soutiens Sidaction depuis tant d’années. J’ai toujours été très admirative des scientifiques. Un jour, un professeur émérite m’a dit : « Il n’y a pas d’exemples dans la science où le mal n’a pas été vaincu. » Cet optimisme m’a marquée. Il n’y a pas que moi ! Même s’il est vrai qu’en ce moment, le monde est assez noir. Prenez les chaînes de télévision, elles sont toutes négatives et nourrissent le pessimisme des gens. Il faut que les Français chassent cela de leur vie. Si j’avais un conseil à leur donner, je leur dirais : aimez la vie autant que moi. La vie est certes semée d’embûches, faite de problèmes. Et il faut les soigner et les guérir les uns après les autres. Mais on doit y mettre du sien. Une chanson qui m’accompagne chaque jour dit : « Laissez donc tous vos soucis, vos chagrins de toutes sortes. Fixez vos regards sur les jolies choses de la vie. Si vous avez des ennuis, laissezles à votre porte. Ne laissez entrer que les jolies choses de la vie. »

Le seul moment de ma vie où il a été difficile de garder mon optimisme, c’est à l’arrivée des Allemands. Nous étions presque au premier rang, car ils arrivaient de Belgique. Je devais avoir 10 ans et nous étions dans une ferme où nous nous étions réfugiés. On ne pouvait pas aller plus loin, car nous n’avions plus d’essence, plus rien. Et d’un seul coup, j’ai vu ma mère arriver, les bras en l’air et suivie par un tank de S.S. Vous ne pouvez pas imaginer ce que j’ai ressenti. Tout s’est effondré autour de moi. Je crois que c’est une image que je n’oublierai jamais. Cette femme seule et menacée par un tank allemand qui criait « allez vous cacher ! » Là, il faut bien le dire, j’ai été pessimiste. Mais en vérité, je n’ai pas attendu la fin de la guerre pour être optimiste. C’est ma tendance, je ne saurais pas vraiment vous l’expliquer. C’est tellement plus facile d’être souriant, d’être agréable. On n’a rien à gagner dans la vie à être ronchon. Pour moi, la vie doit être remplie de sourires et d’espoir.

26 SANTÉ MAGAZINE I Décembre 2020