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LES FRANÇAIS ET LA QUALITÉ DE L’AIR 46 % des Français éprouvent une gêne respiratoire liée à la pollution ou connaissent une personne qui en est affectée. 69 % estiment que la circulation routière est la source la plus inquiétante, devant les activités industrielles (57 %) ou agricoles (29 %). (Sondages OpinionWay pour ADEME en 2017 et 2019)

Jean-Baptiste Renard physicien spécialiste des particules fines au CNRS

Isabella Annesi-Maesano directrice de recherche Inserm, équipe “Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires”

« L’indice ATMO est perfectible »

« Les contrôles de la pollution industrielle sont insuffisants » La surveillance de la pollution industrielle est opaque. Les contrôles imposés aux industriels, et notamment aux usines à risque classées Seveso comme le site de Lubrizol (Rouen), sont insuffisants. Ils émettent chaque jour des polluants dangereux comme des particules ultrafines, des hydrocarbures, des dioxines ou du black carbon, pour lesquels il n’existe pas toujours de réglementation. En fait, ils se contentent de surveiller les polluants réglementaires parmi la centaine qu’ils produisent. En outre, les seuils d’émissions qu’ils doivent respecter peuvent être dépassés sans sanction. Ils bénéficient même de dérogations leur permettant de rejeter des polluants sans limite d’émissions durant 60 heures par an. Enfin, ils jouissent d’un régime d’autodéclaration : ils sont chargés de mesurer eux-mêmes leurs émissions sans qu’aucune institution publique indépendante ne puisse vérifier en routine. Des contrôles préfectoraux sont réalisés, mais ceux-ci sont rares.

L’indice ATMO permet d’informer le grand public sur la qualité de l’air à l’échelle locale pour le jour même et le lendemain. Cet outil de prévision, qui a peu évolué depuis sa création en 1994 vient d’être rénové. À partir du 1 er  janvier 2021, il prendra en compte un polluant majeur : les particules fines PM2,5, ce qui est une bonne évolution. Néanmoins, il est encore perfectible. Si l’indice ATMO est approprié lorsque la qualité de l’air est bonne, il apporte peu d’informations quand celle-ci est mauvaise. En effet, il ne précise pas quel est le polluant responsable de la dégradation de la qualité de l’air parmi les cinq pris en compte. On ignore donc la source de la pollution. En outre, il repose essentiellement sur des modélisations. Or, elles sont imparfaites et insuffisantes pour élaborer un indice ATMO à l’échelle d’une ville. Il faudrait s’appuyer davantage sur les mesures réalisées par les capteurs afin de corriger rapidement les prévisions données par les modèles. C’est ce que l’on fait pour la météo, par exemple.

Il mesure 5 polluants sur les 12 réglementés. L’INDICE DE LA QUALITÉ DE L’AIR (ATMO) s

STATIONS DE MESURE DANS TOUTE LA FRANCE s 615 Stations fixes 116 Stations mobiles

Guadeloupe

Extrêmement mauvais

44 5

Bon

Moyen Dégradé Mauvais Très mauvais

56 14

1

4

Martinique

Particules fines en suspension PM 10 Particules fines en suspension PM 2,5 Dioxyde d’azote (NO 2 ) Ozone (O 3 ) Dioxyde de soufre (SO 2 )

44 12

2

13

83 12

16 1

Guyane

24

3 28 5

1

3

31

Mayotte

3

45 12

84 15

2

46 6

La Réunion

58 9

0 100 200 300 400 500 600 700 800*

7

17

Nouvelle-Calédonie

* Cet indice est calculé en fonction des concentrations maximales horaires de O 3 , SO 2 , NO 2 et concentrations maximales journalières de PM 2.5 et PM 10 , en microgramme/m 3 (µg/m 3 ).

9 4

INFOGRAPHIE : AGENCE ROKO VOKO POUR SANTÉ MAGAZINE

10 2

25 SANTÉ MAGAZINE I décembre 2020

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