VMAG PAR
{ BÉBÉ À BORD/ TÉMOIGNAGES
À cause de l’urgence, j’ai eu peur de rater l’accouchement.
npartaubloc.Lacésariennec’est maintenant.”. Le choc. Des mois après, la phrase du gynécologue croisé dans le couloir avec ma compagne, résonne encore dans Erwan, 41 ans, papa d’Alice et Léa, 6 mois. O
quatre ans avant de se tourner vers la PMA, et l’échec des trois premières FIV nous avait mis par terre. Pourtant, à chaque essai, j’ai toujours gardé espoir. Je voyais arriver mes 40 ans… J’étais dégoûté que cela ne fonctionne pas, je ne comprenais pas. Pour le 4 e essai, j’avais de- mandé à Rose de ne pas ouvrir le mail avec les résultats du laboratoire avant mon retour du travail.Lesoir,onadécouvertensemblelestaux deHCG* (trèshauts, cequiprésageaitdeuxem- bryons). Je lisais les chiffres sans comprendre. C’est en voyant le visage de Rose que j’ai com- pris. Ellem’adit: “Ça amarché. Regarde!”. On a pleuré dans les bras l’un de l’autre J’avais tellementpeurde la faussecoucheque je ne voulais pasm’emballer,mais le jour où j’ai vu les embryons sur l’échographie, jeme suis senti papa. Ce 16octobre, quand je suis revenu à la maternité en courant, Rose était aubloc. J’ai eu peur d’avoir loupé l’accouchement.Mais onm’a fait entrer au bloc où il y avait dix personnes: pédiatres, sages-femmes, gynéco…Chacun s’est présentéetjemesuisinstalléprèsdeRoseenlui disant desmots doux pour la calmer. Le gynéco commentait tous ses gestes. Alice est sortie à 19h51etLéaà19h53.Ellespesaient2,3kgcha- cune.Dèsleursortie,jesuisrestéeavecelles.J’ai vu leur détresse respiratoire avant qu’elles ne soient intubées. J’ai pris plein de photos avant et après leur installation dans la couveuse. Puis j’ai rejoint ma compagne en salle de réveil pour tout lui raconter. Aujourd’hui, nos filles ont 6mois, elles se développent parfaitement. Avec le recul, je garde un bon souvenir de cet accou- chement, même si ça n’a pas été une arrivée fa- cile. J’avais puêtreprésent pour elles. *L’hormone chorionique gonadotrope humaine (HCG), secrétée dès les premières semaines de grossesse.
mes oreilles. Il est 18 h ce 16octobre 2019. Je viens d’emmenerma compagne à l’hôpital. Elle est censée rester 24heures pour faire des ana- lyses. Depuis plusieurs jours, elle est gonflée de partout, elle est très fatiguée. On le saura après, mais Rose fait un début de prééclampsie. C’est une urgence vitale pour la mère et pour les bé- bés. Elle doit accoucher. Mon premier réflexe, c’est de penser “Non!”. Mes filles auraient dû naître le4décembre.Une césarienneétait d’ail- leurs prévue un peu plus tôt… Mais là, c’était beaucoup trop tôt! Le fils de ma compagne est resté seul à la maison. Pendant qu’on prépare Rose, je fonce récupérer des affaires et lui dire qu’il va être grand frère. Déjà. Il me faut trente minutes pour faire la route aller-retour. Je n’ai qu’unepeur: louper l’accouchement. Il faut dire que mes filles, je les attends depuis longtemps. Ça fait huit ans qu’on essaye. On a mis presque
38 PARENTS Décembre 2020
Made with FlippingBook Annual report