Territoire d'entrepreneurs n°8
Publication animée
ENTREPRENEURS d’ #08 SECOND SEMESTRE 2020 Loire Haute-Loire Territoire
PREMIERSPAS Alti Arena, pleins feux sur les loisirs indoor VIRAGE Alpex Protection emballe l’industrie de la santé SECONDSOUFFLE Cap Vital passe du stade mondial au local
Coller aux tendances du marché est une nécessité Pierre Philis, gérant de Salaison Philis SAGA
Ce magazine vous est offert par le Crédit Agricole Loire Haute-Loire
LE MAGAZINE
QUI VALORISE LE DÉVELOPPEMENT LOCAL
ET L’ANIMATION DU TERRITOIRE.
Accompagner les initiatives locales et soutenir les femmes et les hommes qui œuvrent au quotidien au profit de l’économie du territoire , c’est aujourd’hui, ce qui anime notre banque coopérative et mutualiste.
2 Caisse régionale de Crédit Agricole Mutuel Loire Haute-Loire. Société coopérative à capital variable agréée en qualité d’établissement de crédit. Siège Social : 94 rue Bergson B.P. 524 42007 Saint-Etienne Cedex 1 - 380 386 854 R.C.S. Saint-Etienne. Société de courtage d’assurance immatriculée au registre des intermédiaires en assurances sous le n° 07 023 097.
Édito
« Ce n’est qu’ensemble que nous réussirons à sortir de la crise »
Au moment où vous lirez ces lignes, nous renouons avec les doutes d’un rebond de la crise sanitaire. Ce numéro parle de vous lors du confinement, dans ce temps où l’activité économique a été suspendue, de vous et de votre capacité à entreprendre encore et encore. Je pourrais vous dire que nous sommes là, près de vous, mais j’espère que vous le savez…Nos collaborateurs ont été présents et se sont mobilisés pour vous. Ils ont agi, ils agissent et ils agiront encore parce que, bien au-delà du rôle de chacun, nous sommes embarqués dans la même vie économique et sociale. Ce n’est qu’en- semble que nous réussirons. Entrepreneurs, dirigeants d’entreprises, nous vivons un moment inédit jusqu’à aujourd’hui. Nos métiers à tous étaient déjà marqués par de nombreuses ruptures, qu’elles soient technologiques, sociétales, géopolitiques, climatiques ou par les nouveaux modes de consommation et de communication. La crise sanitaire va accélérer et amplifier toutes ces ruptures déjà engagées. La moindre consommation des ménages a laissé des encours extrêmement impor- tants sur les comptes. Ce n’est pas encore de l’épargne, ce ne sont pour l’instant que des disponibilités liées à des flux non consommés. Cela pourrait devenir de l’épargne si le consommateur, inquiet pour son avenir, se tétanisait, stoppait ses projets, ce qui conduirait au développement d’une crise économique aggravée, vu l’importance de la consommation des ménages dans la construction de la richesse nationale. Notre responsabilité d’entrepreneurs est, une fois de plus, « d’importer du stress et d’exporter de l’énergie » autour de nous. Le partage massif de nos incertitudes, de nos doutes, de nos inquiétudes ne ferait qu’exacerber la crise. C’est donc le courage qui doit l’emporter. La sortie sera collective : toujours éviter l’isolement, surtout en cas de difficulté. L’énergie, l’engagement, les convictions qui font l’entrepreneur nous aideront à gérer l’incertitude et à construire notre résilience. Nous sommes très fiers au Crédit Agricole Loire Haute-Loire de travailler près de vous, avec vous et pour vous. Prenons soin de nous et de nos entreprises ! Bonne découverte de pages riches de cette énergie… Gérard Ouvrier-Buffet, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA CAISSE RÉGIONALE DU CRÉDIT AGRICOLE LOIRE HAUTE-LOIRE
SECOND SEMESTRE 2020 - #08 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE
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SOMMAIRE
La dynamique en chiffres Reprise économique
p. 6
Premiers pas ALTI ARENA
LARÉALITÉAUGMENTÉE ENSALLEFAITRECETTE Témoignage de Fanny Pascal, Présidente et Nicolas Tartière, Directeur Général d’Alti Arena p. 7
© Vincent Poillet
Premiers pas La Chorale Roanne Basket parie sur la professionnalisation des jeunes Depuis octobre 2020, la Chorale Roanne Basket a ouvert une formation diplômante à l’encadrement sportif.
p. 8
Virage Chaudronnerie Fine de la Loire, l’afflux de commandes a boosté
p. 10
le renouvellement de l’outil de production Jet Cut, une clé qui ouvre toutes les portes
Alpex Protection met l’industrie du textile en sandwich Industrial Packaging Solutions, de l’emballage plastique à la surblouse pour les soignants
p. 14
La Tribune du Crédit Agricole Loire Haute-Loire «Nous devons insuffler de l’énergie à nos clients»
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE - #08 - SECOND SEMESTRE 2020
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Mention spéciale Six entrepreneurs à l’honneur Rencontre avec six entrepreneurs qui, en dépit du confinement lié à la crise sanitaire, ont tiré leur épingle du jeu tout en soutenant le territoire. p. 15
© Yvan Dené © Vincent Poillet
Saga Salaisons Philis, le saucisson en partage La famille Philis fabrique des saucissons secs depuis 1978. Second souffle Lambert Traitements et Isolations mise sur la proximité Ancrée dans son territoire, l’entreprise de traitement et d’isolation poursuit son développement. CapVital, comment passer dumondial au local La crise sanitaire a ouvert de nouveaux débouchés à l’entreprise de vente et de location de matériel médical. p. 26 p. 22
Innovation COMPTOIRDECAMPAGNE, LERÉVEILDESVILLAGES Un nouveau concept pour lutter contre la disparition des commerces en milieu rural p. 29
innovation GaranceDamart invente l’escape game en extérieur
p. 30
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ENTREPRENEURS d’ #08 SECOND SEMESTRE 2020 LoireHaute-Loire Territoire
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PREMIERSPAS AltiArena, pleins feuxsur les loisirs indoor
VIRAGE AlpexProtection emballe l’industrie de lasanté SECONDSOUFFLE CapVital passedustade mondialau local
Coller aux tendances du marché est une nécessité PierrePhilis, SAGA
gérantdeSalaisonPhilis
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SECOND SEMESTRE 2020 - #08 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE
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La dynamique en chiffres
REPRISE ÉCONOMIQUE
Les impacts de la crise Covid-19 sur les entreprises françaises
Les chiffres marquants **
49 %
75 %
des dirigeants anticipent désormais un retour rapide à la normale, dont 45 % toutefois sans rattrapage des pertes accumulées au printemps * .
ont pu stabiliser leur effectif salarié ** .
25 %
83 %
79 %
des dirigeants estiment que la crise amputera leur chiffre d’affaires annuel en 2020 * .
des entreprises ont recouru à l’activité partielle * .
des TPE-PME ont lancé de nouveaux produits- prestations à la suite de la crise Covid-19.
Prêts garantis par l’État : 120,2 MD€ accordés par les banques françaises *** dont :
25 %
17 % |
| 1 %
Autres
Agriculture
des TPE-PME se disent dans une situation de trésorerie difficile ou très difficile.
| 20 %
Industrie
2 % |
Santé & social
12,6 MD€ accordés en Auvergne Rhône-Alpes
13 % | Services techniques &administratifs
Construction & immobilier | 12 %
* Source : baromètre Bpifrance Le Lab et Rexecode – septembre 2020. ** Source : Conjonct’AURA TPE-PME septembre 2020 – CCI AURA. *** Source : Tableau de bord Banque de France – DGSER du 11/09/2020.
7 % |
Hébergement & restauration
| 27 %
Commerce
Accompagnement et actions du Crédit Agricole Loire Haute-Loire
Prêt garanti par l’État
Geste mutualiste
Report d’échéance de prêt
3120 clients *
1 615 assurés
3661 clients *
363 M€
5,40M€
12,10M€
269 M€ dans la Loire
1,4 M€ pour les agriculteurs
6,60 M€ pour les entreprises
1,30 M€ autres
94 M€ dans la Haute-Loire
4 M€ pour les professionnels (Artisan, commerçant et profession libérale)
4,20 M€ pour les professionnels
* Association, promoteur, agriculteur, professionnel et entreprise.
* Particulier, collectivité publique, association, promoteur, agriculteur, professionnel et entreprise.
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Premiers pas
Le public est bluffé par nos équipements
»
»
« Alti Arena n’a ouvert que le 29 juin au lieu du 15 avril en raison de la pandémie. Nous savions qu’il y aurait moins d’affluence l’été qu’au début du printemps, mais la progression entre juillet et août est encourageante et les clients reviennent ! S’il est trop tôt pour dresser un bilan, l’objectif a déjà été atteint sur certaines belles journées. Le public est bluffé par nos équipements. Dans un espace de 800 m 2 volontairement choisi à proxi- mité du centre-ville, Alti Arena propose de l’es- calade et du trampoline en réalité augmentée, une salle immersive pour les fans de jeux vidéo, deux salons karaoké et une zone snack-bar pour passer un bon moment en famille, entre amis ou entre collègues. Nous sommes les seuls en région Auvergne-Rhône-Alpes à utiliser cette techno- logie de réalité augmentée et la seule salle mul- MULTI-ACTIVITÉ INDOOR AVEC RÉALITÉ AUGMENTÉE AU PUY-EN-VELAY . MALGRÉ LA PANDÉMIE, FANNY PASCAL ET NICOLAS TARTIÈRE, PRÉSIDENTE ET DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ ALTI ARENA ONT OUVERT LA PREMIÈRE SALLE
FANNY PASCAL, PRÉSIDENTE, ET NICOLAS TARTIÈRE, DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ALTI ARENA.
© Vincent Poillet
ti-activité indoor au Puy même. En rentrant du Cambodge après y avoir travaillé six ans, respec- tivement dans la gestion d’équipe et la direction d’une business unit, nous avions envie d’entre- prendre. Dans le Puy-en-Velay, où nous habitons, on s’est vite rendu compte qu’il y avait peu de loisirs en intérieur. On a creusé l’idée et fait le choix d’un positionnement haut de gamme. L’usage de la technologie s’accompagne d’un véritable accueil du public avec la présence d’un animateur par zone d’activité. Pouvoir manager une équipe était important pour nous. Par chance, nous n’avions pas recruté avant le confinement. Nos effectifs n’ont pas été revus à la baisse, ni nos exigences en termes de profil. Les commentaires sur les réseaux sociaux nous donnent raison. En septembre, on a lancé les événements dédiés aux entreprises et continué de communiquer pour soutenir le bouche-à-oreille. Côté sanitaire, les normes strictes de sécurité auxquelles nous sommes soumis sont supérieures à celle en vigueur pour la Covid-19. Du gel hydroalcoolique est mis à disposition et le port du masque est obligatoire pour se déplacer entre les zones. PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRALDINE PASCAUD-RASSE
6 emplois créés +35% d’affluence entre juillet et août 1 visiteur sur 4 est déjà venu plusieurs fois 2 200 abonnés Facebook
SECOND SEMESTRE 2020 - #08 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE
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Premiers pas La Chorale Roanne Basket mise sur la formation des jeunes
© Vincent Poillet
les établissements scolaires ou spécialisés de la région, c’est l’opportunité de renforcer et de struc- turer leur encadrement sportif. PROFESSIONNALISER L’ENCADREMENT SPORTIF L’initiative revient à une structure bien ancrée dans le département de la Loire. La Chorale Roanne Basket est le club professionnel de bas- ket-ball de Roanne, plus connu sous le nom de Chorale de Roanne. Chorale ? En 1937, une cho- rale scolaire du quartier Mulsant qui souhaitait conserver ses élèves vieillissants ouvre une sec- tion basket. Le club est né de cette décision. De nos jours, la Chorale Roanne Basket est un club professionnel, mais aussi une association qui
EN PARTENARIAT AVEC FORMAPI DIJON, LA CHORALE ROANNE BASKET OUVRE UNE FORMATION DIPLÔMANTE À L’ENCADREMENT SPORTIF. UNE FAÇON DE RENFORCER LA PROFESSIONNALISATION ET L’INSERTION DES JEUNES.
I ls sont 16 jeunes, âgés de 18 à 21 ans. Ensemble, ils représentent la première pro- motion de Formapi Roanne. Ouverte le 12 octobre 2020 par la Chorale Roanne Bas- ket en partenariat avec Formapi Dijon, cette
unité de formation par apprentissage (UFA) les pré- pare en un an au brevet pro- fessionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS), spécialité Activités sports collectifs. Un sésame pour entrer diplômé dans les métiers du sport et de l’animation
accompagne et forme dix équipes de jeunes basket- teurs, de l’école de basket au centre de formation, des championnats du Roannais au championnat « espoirs » Jeep® Élite. « Nous cherchons également à développer des activités qui ne tournent pas uniquement autour de la
« À 20 ans, j’ai eu des coachs qui m’ont accompagné. C’est à mon tour de transmettre »
Octobre 2019 Premières discussions avec Formapi Dijon.
© BIC
20 Février 2020 Réunion de présentation aux clubs à la halle André-Vacheresse. 2 novembre 2020 Lancement de la formation au BPJEPS.
compétition. Basket Découverte propose des cycles d’initiation pour les 6-9 ans en partenariat avec la ville de Roanne ; pour les 6-11 ans, les Mini Camps, des sessions de trois jours pendant les petites vacances, et Basket Santé, des séances pour les personnes qui sortent d’un lourd parcours de
puisque ces futurs éducateurs sportifs seront capables d’encadrer en autonomie des activités d’initiation ou d’animation dans cinq disciplines : basket, bien sûr, mais aussi football, handball, rugby et volley-ball. Pour les clubs, les collecti- vités territoriales, les groupements d’employeurs,
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE - #08 - SECOND SEMESTRE 2020
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Premiers Pas
soins » , explique Raphaël Gaume, responsable du centre de formation. La création d’une UFA s’inscrit dans cette démarche. Ancien joueur de basket, entraîneur, ce natif de Roanne qui a été directeur sportif de la Chorale de 2014 à jan- vier 2020, connaît parfaitement le milieu du basket et du sport. « La plupart des clubs fonc- tionnent sur le bénévolat. Beaucoup n’ont pas les moyens de salarier quelqu’un pour se développer. Accueillir en apprentissage un jeune en formation est une solution. Nous sommes le seul club de formation de haut niveau à Roanne. Notre res- ponsabilité est de contribuer à soutenir le déve- loppement de l’ensemble du sport en faisant en sorte que nos jeunes ne soient plus contraints d’aller à Lyon ou à Saint-Étienne » , poursuit-il. JOUER LA CARTE DU PARTENARIAT Avec Formapi – réseau d’écoles anciennement centre de formation d’apprentis du sport – dont la Chorale est déjà partenaire, l’objectif est d’ouvrir une formation diplômante en alternance en béné- ficiant des avantages liés à l’apprentissage : exoné- ration des cotisations sociales des entreprises, aide unique pour les employeurs de 8000 € la première année de formation, pour les embauches entre le 1 er juillet 2020 et le 28 février 2021, et formation de maître d’apprentissage. À chacun son rôle : Formapi gère les contrats d’apprentissage, la Chorale le programme pédagogique. Le 20 février dernier, les deux partenaires ont organisé une réunion de présentation du futur Formapi Roanne. Le retour est excellent avec 30 clubs présents. Malgré le confinement, le projet avance vite. Raphaël Gaume construit le programme pédago- gique et mène les premiers entretiens avec les candidats et les employeurs potentiels par télé- phone et visioconférence. Alors qu’unminimum de huit apprentis est exigé pour ouvrir une UFA, vingt candidats se présentent qui viennent tous
LA PREMIÈRE FORMATION DE FORMAPI ROANNE EST NÉE PENDANT LE CONFINEMENT. 84% de réussite aux examens des UFA de Formapi 92% d’employabilité 90 % des apprentis
© Choral Roanne Basket
de Roanne et de ses environs. Avec 16 finalement retenus, l’objectif est dépassé! Dans cette première promotion de Formapi Roanne, l’ancien entraîneur a vite repéré le potentiel de certains. Pendant les épreuves finales de sélection, une dynamique de groupe s’est installée. Bonne nouvelle, 90 % des apprentis ont déjà trouvé leur structure d’accueil. VOIR PLUS LOIN Confiant dans la validation administrative atten- due de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale pour lancer offi- ciellement l’UFA, soucieux du respect de règles sanitaires qui évoluent sans cesse, Raphaël Gaume se projette déjà plus loin. Il se donne pour pers- pective de construire au sein de la Chorale Roanne Basket un pôle de formation qui inclurait l’école de basket, le centre de formation, l’UFA et, à terme, un programme de formation des arbitres. Ainsi, méthodiquement, il enrichit le vivier de talents sur le territoire. « À 20 ans, j’ai eu la chance d’avoir connu des coachs qui m’ont accompagné et ont marqué mes débuts d’entraîneur. C’est à mon tour de transmettre » , conclut Raphaël Gaume. Ren- dez-vous en juin prochain avec les premiers diplô- més de Formapi Roanne. GÉRALDINE PASCAUD-RASSE
de Formapi Roanne ont déjà trouvé une structure d’accueil
« NOUS SOMMES LE PARTENAIRE MAJEUR DE LA CHORALE DE ROANNE DEPUIS PLUS DE 33 ANS »
En tant qu’acteur du développement économique, nous soutenons la professionnalisation des clubs sportifs. Dans ce cadre, disposer de centres
de formation qui permettent de retenir les jeunes et de capitaliser sur les talents du territoire est important, d’autant que nous sommes engagés dans une démarche partenariale très forte avec les clubs de foot, de basket et de judo. Nous sommes par ailleurs le partenaire majeur de la Chorale de Roanne depuis plus de trente-trois ans. »
@ CA LHL
Sophie Roche, CHARGÉED’AFFAIRES GRANDES ENTREPRISES – AGENCE ENTREPRISES DEROANNE
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Virage
L’opportunité d’investir dans de nouveaux équipements FACE ÀUNMARCHÉ ATONE AUDÉBUT DE LA CRISE, CHAUDRONNERIE FINE DE LA LOIRE A PROFITÉ D’UNE NOUVELLE DEMANDE POUR ACCÉLÉRER LE RENOUVELLEMENT DE SONOUTIL DE TRAVAIL.
S pécialisée dans la chaudronne- rie, la tôlerie et la métallerie, Chaudronnerie Fine de la Loire travaille depuis 1973 avec des acteurs régionaux de la chimie, de l’agroalimentaire, des travaux publics et de la mécanique. Reprise en 2010 par Patrice Faivre-Duboz, l’entreprise, qui emploie 18 personnes à Saint-Étienne et réalise 2 M€ de chiffre d’affaires, est deve- nue depuis cinq ans le partenaire industriel d’une société qui développe un distribu- teur de gel hydroalcoolique sans contact. Patrice Faivre-Duboz l’affirme : « Pour nous, le bilan de cette période de confine- ment lié à la Covid-19 est très positif. En enregistrant une très forte augmentation des commandes sur notre distributeur de gel hydroalcoolique, nous avons gonflé notre chiffre d’affaires, assaini les finances de l’entreprise et pu investir dans notre outil
©
© CFL
de production, pour redynamiser notre activité historique, qui enregistrait un petit coup de frein depuis l’année dernière. » UNE DEMANDE EXPONENTIELLE Au début du mois de février, ce producteur de gel hydroalcoolique l’a sollicitée pour répondre en urgence à une demande expo- nentielle. En quelques jours, les volumes ont été multipliés par vingt. « Nous indus- trialisons toute la partie métallurgique. Nous découpons, soudons, plions les pièces, nous réalisons la peinture et assemblons les ferrures. Notre partenaire finalise l’assem- blage et intègre le système électronique à l’intérieur des distributeurs » , détaille-t-il. Après avoir commencé par embaucher des intérimaires, Chaudronnerie Fine de la Loire a dû faire appel à un confrère chaudronnier de Saint-Chamond pour répondre à la demande. « Ce surcroît d’ac-
tivité a été un bonus pour nous, puisque nous avons continué à travailler pour nos clients historiques, notamment dans la chimie » , précise Patrice Faivre-Duboz. Et même si ce marché a retrouvé son rythme normal fin juin, l’entreprise stéphanoise veut retenir le côté positif de cette aven- ture. D’autant plus que les investissements réa- lisés au printemps dernier dans de nou- veaux postes à souder vont lui permettre de répondre à la forte progression enre- gistrée sur un autre marché. « Nous fabri- quons un tricycle urbain, baptisé Kiffy, que nous avons décliné en bicycle à partir de février. Depuis le début du déconfinement les ventes explosent et notre production, qui est actuellement d’une centaine d’unités par mois, ne cesse d’augmenter. C’est vrai- ment notre produit d’avenir ! » JACQUES DONNAY
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Virage
La clé hygiénique nous ouvre les portes du B to C
CONFRONTÉE À L’EFFONDREMENT DUMARCHÉ AÉRONAUTIQUE, JET CUT A IMAGINÉ UN PRODUIT GRAND PUBLIC POUR S’OUVRIR DE NOUVEAUX HORIZONS. JOCELYN LARDET, SON DIRECTEURGÉNÉRAL, EXPLIQUE CE CHOIX. Jocelyn Lardet : «Jet Cut a été créée en 1990, puis reprise par mon père il y a vingt- cinq ans. L’ entreprise est installée à Yssin- geaux, avec un second site à Cler- mont-Ferrand. Nous employons une cinquantaine de personnes pour 10 M€ de chiffre d’affaires. Nous sommes leader euro- péen sur le marché de la découpe jet d’eau haute pression. Nous travaillons exclusive- ment pour le monde industriel, et notam- ment, depuis une dizaine d’années, pour l’aéronautique, qui représente 80 % de notre chiffre d’affaires. La défense, le nucléaire et l’industrie au sens large sont les autres sec- teurs dans lesquels nous intervenons. » Vous avez imaginé, durant la crise sanitaire, une clé hygiénique grand public spéciale Covid-19. Quelle est sa fonction exacte et pourquoi effectuer un tel virage ? J. L. : «Nous avons développé la clé hygié- nique Clétore pour compenser l’effondre- ment dumarché aéronautique. C’est une clé antibactérienne multi-usage : ouvre porte, » Que représentait Jet Cut avant la crise sanitaire et sur quels marchés intervenait l’entreprise?
»
JOCELYN LARDET, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE JET CUT.
© DR
presse-bouton, porte-clés, décapsuleur, tourne verrou…Ce virage nous a également permis de donner du sens à notre travail et d’apporter notre contribution dans cette période troublée. Par ailleurs, il y avait un
rons séduire les professionnels au travers du canal “cadeau d’entreprise”. Nous avons déjà franchi la barre des 7 000 exemplaires vendus. Cela reste anecdotique dans notre chiffre d’affaires, mais cela pourrait nous
côté “fun” dans la mise en œuvre de cette démarche et dans le développement de ce produit. Enfin, en interne, c’était un bon moyen de regonfler le moral des troupes. Le développement de Clétore a nécessité environ un
ouvrir de nouvelles pers- pectives dans le B to C (business to consumer) , alors que nous étions jusque-là exclusivement placés sur un créneau B to B (business to business) . Nous allons créer d’autres articles, que nous réalise-
« Nous apportons notre contribution dans cette période troublée »
mois de travail et a mobilisé plusieurs ser- vices de l’entreprise : ingénierie méthode, production, marketing et commerce. » Quelles cibles visez-vous avec Clétore et le résultat commercial est-il à la hauteur de vos attentes ? J. L. : «Nous visons tout d’abord les parti- culiers et nous avons créé le site cletore.fr pour les atteindre. Nous visons aussi les revendeurs, petits commerçants et grandes chaînes de distribution. Enfin, nous espé-
rons en nous appuyant sur notre savoir-faire dans la transformation du métal et d’autres matériaux. Sans logique produit ou famille de produits, mais avec l’ambition de toucher de nouveaux marchés. Néanmoins, comme l’aéronautique pourrait être fragilisée pen- dant au moins deux ou trois ans, nous allons surtout essayer d’augmenter notre portefeuille clients dans nos autres secteurs de prédilection et, pourquoi pas, d’ouvrir de nouveaux marchés industriels. » JACQUES DONNAY
SECOND SEMESTRE 2020 - #08 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE
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Virage
Du tissu laminé aux masques de protection contre la Covid-19
SOLLICITÉE PAR LES POUVOIRS PUBLICS, ALPEX PROTECTION S’EST LANCÉE DANS LA PRODUCTIONDE SYSTÈMES MULTICOUCHES DESTINÉS À LA FABRICATIONDEMASQUES SANITAIRES. UNE PARENTHÈSE DE TROIS MOIS DANS LA VIE DE L’ENTREPRISE.
© Alpex
60 % du CA réalisé à l’export 300 nouveaux tissus techniques chaque année
en capacité de répondre très vite. Notre sys- tème multicouche pour les masques a été mis au point en une semaine » , souligne-t-il. Débordée de commandes, de mi-mars à
principalement aux marchés du vêtement de protection « intempéries » et « non-feu » professionnels, dont les clients finaux sont : l’armée, la police et la gendarmerie, les pom-
piers. « Notre entreprise est reconnue comme un leader sur ces secteurs très techniques et finale- ment peu impactés par la crise sanitaire », assure Hervé Tiberghien. Avant d’ajouter : « Ce n’est pas pour combler unmanque
mi-mai, Alpex Protec- tion a fait tourner ses lignes de production à plein régime jusqu’en juin. Puis, le marché asiatique s’ouvrant de nouveau et la pandé- mie ralentissant, la demande s’est effondrée.
« Nous avons repris notre activité traditionnelle à 100 % »
« A lpex Protection a pour objet le développement de complexes haute performance, obtenus par contrecollage (association de multiples supports) », résume Hervé Tiberghien lorsqu’il explique en quoi consiste l’activité de la société qu’il a créée en 1998. « Pour faire court : nous faisons des sand- wichs » , ajoute-il. Installée à Saint-Chamond, où elle emploie 45 personnes et réalise 18 M€ de chiffre d’affaires, dont 5 % consacrés à la R&D, l’entreprise n’a pourtant aucun rap- port avec le monde de l’alimentaire. Alpex a développé une spécialité : la production et la commercialisation de tissus « imperméables et respirants », à base demembranes, destinés
d’activité que l’entreprise s’est lancée dans la production de “sandwichs” destinés à l’univers de la santé. » LA CAPACITÉ À RÉPONDRE TRÈS VITE Pour cet industriel, un bon masque tex- tile lavable doit à la fois pouvoir filtrer et laisser respirer. L’association de différents matériaux est donc la bonne réponse à ce double enjeu. « C’est une équation technique à laquelle nous sommes quotidiennement confrontés » , affirme-t-il. Début mars, avec l’explosion de la pandémie et l’arrêt des ap- provisionnements asiatiques, les pouvoirs publics (Direction générale des entreprises/ Direction générale de l’armement) ont sol- licité Alpex Protection. « Nous avons été
« Aujourd’hui, c’est terminé », lâche Hervé Tiberghien, fataliste. Une issue qu’il juge regrettable pour les fabricants de masques français lavables, mais qui n’obère en rien la croissance de son entreprise. « Pour nous l’expérience n’est pas négative, affirme-t-il. Cette activité nous a permis de redémarrer l’usine plus rapidement et a contribué au finance- ment des frais fixes. Nous avons appris de cette période et nous allons poursuivre nos travaux pour développer des produits destinés à entrer dans des multicouches pour des cagoules ou, peut-être demain, desmasques pour nos clients traditionnels, et notamment pour les pompiers. En attendant, nous avons repris notre activité traditionnelle à 100 %. » JACQUES DONNAY
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE - #08 - SECOND SEMESTRE 2020
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Virage
Nous avons créé des surblouses pour les soignants SOUS L’IMPULSIOND’ANTHONY VACHER, SON DIRIGEANT, INDUSTRIAL PACKAGING SOLUTIONS AMIS SES EMBALLAGES PLASTIQUES AU SERVICE DES PERSONNELS DE SANTÉ.
»
»
ANTHONY VACHER, DIRIGEANT D'INDUSTRIAL PACKAGING SOLUTIONS, PRÉSENTE SON MODÈLE DE SURBLOUSE EN POLYÉTHYLÈNE.
Quel est le métier d’Industrial Packaging Solutions et qui sont ses clients? Anthony Vacher : « La société, dont j’ai pris les commandes il y a trois ans à la suite de mon père, est spécialisée dans la fabrication d’emballages plastiques souples. Elle a été créée en 1992, sous le nomde Rhône-Alpes Embal- lages, àRoche-la-Molière, avant de s’installer à Bas-en-Basset en 1996. Nous employons 115 personnes et nous réalisons un chiffre d’affaires de 45 M€, dont 10 %à l’export. Nous transformons 30000 tonnes de polyéthylène tous les ans et nos clients sont des industriels qui travaillent dans des secteurs aussi divers que l’hygiène, l’agroalimentaire, l’ameuble- ment, le BTP, etc. » Comment et pourquoi êtes-vous passés de l’emballage industriel à la fabrication de surblouses destinées aux hôpitaux et aux Ehpad? A. V. : « Tout simplement en constatant avec effarement, dans un reportage télé, que les personnels hospitaliers en étaient réduits à se protéger du virus endécoupant des sacs-pou- belle enplastique. Nous avons pensé que c’était indigne et nous avons donc travaillé sur un projet de surblouse, que nous avons réalisée avec notre matériau de base, c’est-à-dire le polyéthylène, qui est 100 % étanche. Nous avions déjà les machines pour assurer cette fabrication, mais nous avons été obligés de modifier une ligne de production. Notre per- sonnel demaintenance a trouvé une solution en 48 heures. Ensuite, tout est allé très vite. Nous avons eu un contact avec le directeur de l’hôpital du Puy et deux de ses médecins,
qui ont validé le produit après quelques aménage- ments. Dans la foulée, nos commerciaux ont arpenté laFrance pour le proposer aux hôpi- taux et aux établisse- ments pour personnes âgées dépendantes. » Quel accueil ont-ils rencontré?
A. V. : « L’emballement a été immédiat. Nous avonsmême été débordés par les commandes. Nous avons lancé laproductionenune dizaine de jours et, entre mi-avril et mi-juin, nous avons sorti 200000 blouses par jour. Au final, nous en avons vendu 8 millions. Nous avons même été obligés de refuser environ4 à 5 mil- lions de blouses encommande, parce quenous ne pouvions pas respecter les délais. L’une des grandes forces d’Industrial Packaging Solu- tions est en effet sa réactivité et nous tenions à respecter cette valeur qui nous semble essen- tielle.
© IPS
égalementmis en contact avec le secteur de la santé, pour lequel nous n’avions jamais travaillé. Aujourd’hui, nous vendons entre 10000 et 20000 surblouses par semaine,mais c’est juste unpetit complément, car notre activité histo- rique a retrouvé tout son dynamisme. » JACQUES DONNAY
Avez-vous totalement stoppé cette production après le mois de juin
et quel bilan tirez-vous de cette aventure? A. V. : «Cette expériencenous anon seulement permis de passer la période de confinement un peu plus sereinement, mais elle nous a
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LA TRIBUNE DU CRÉDIT AGRICOLE LOIRE HAUTE-LOIRE
« Nous devons insuffler de l’énergie à nos clients »
Alors que les entreprises sont confrontées depuis le printemps à une crise inédite, le Crédit Agricole Loire Haute-Loire s’est mobilisé dès les premières heures pour leur donner les moyens de passer ce cap difficile et de relancer leur activité au plus vite.
100% de nos clients ont été contactés à 3 reprises minimum par nos chargés d’affaires depuis le 2 e trimestre 2020.
Quels ont été vos principaux objectifs dans l’accompagnement de vos clients pendant la phase de confinement ? En premier lieu, nous leur avons montré que nous étions là, mobilisés et prêts à leur apporter les solutions qu’ils atten- daient. Dès le lendemain du confine- ment, les sept membres de mon équipe ont été sur le pont quotidiennement. Nous avons immédiatement contacté tous nos clients, qu’ils soient en difficul- té ou non, et avons échangé avec eux pour connaître leurs besoins. Nous avons mis en place le report des échéances de prêt afin qu’ils passent ce cap difficile et qu’ils relancent leur activité le plus ra- pidement possible. Nous avons agi selon les trois valeurs fondatrices du mutua- lisme du Crédit Agricole Loire Haute- Loire : proximité, responsabilité, solidarité. Comment le Crédit Agricole Loire Haute-Loire peut-il favoriser la relance économique du territoire ? Après avoir reporté les échéances de prêts
ALEXANDRAMALARTRE, DIRECTRICE DE L’AGENCE ENTREPRISES LE-PUY-EN-VELAY. © CALHL
tise de nos spécialistes de l’affacturage, du crédit-bail, des flux… Il s’agit d’un accompagnement personnalisé, en fonc- tion du secteur d’activité et des besoins spécifiques de chaque client. Quels sont les enjeux que vous devez relever désormais? Nous devons dédramatiser la situation, réaffirmer notre rôle de partenaire auprès des entreprises clientes et prospects. En effet, en dépit de la crise sanitaire, nous n’avons actuel- lement aucun indice qui nous amène à être inquiets, mais nous restons vigilants. Globalement, les clients restent confiants malgré l’incertitude qui demeure quant au contexte. Les conséquences de la crise seront différentes selon les secteurs : par exemple le plateau plasturgiste du bassin de Sainte-Sigolène a été très actif pendant le confinement à l’instar de l’agroalimentaire. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES DONNAY
et de crédit-bail, nous avons traité rapidement les demandes de prêts garantis par l’État, en informant les entreprises sur les dispositifs et sur les modalités de mise enœuvre. Ces deux missions nous ont mobilisés quotidiennement pendant la période de confinement et elles constituent encore une partie du travail que nous réalisons sans relâche. En parallèle, nous avons continué notre métier d’accompagnement du finance- ment des projets de nos clients. Comment pouvez-vous accompagner ces entreprises qui n’entendent pas se laisser démoraliser par la crise actuelle ? Tout d’abord en réaffirmant notre présence à leur côté. En effet, 100 % de nos clients ont été recontactés au cours du mois de septembre. Nous leur proposons des solutions de financement pour leurs projets d’investissement et l’exper-
TERRITOIRE D’ENTREP ENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE - #08 - SECOND
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL RSE - #07 - PREMIER SEMESTRE 2020
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Mention spéciale
Six entrepreneurs à l’honneur
Malgré la crise sanitaire et économique, les entreprises des secteurs du tourisme, de l’agriculture et du commerce de proximité sont venus en aide à leur territoire et à leurs habitants. Découvrez six entrepreneurs qui ont su se réinventer et tirer leur épingle du jeu.
PROPOS RECUEILLIS PAR GUILHEM BATTUT
SECOND SEMESTRE 2020 - #08 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE
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Mention spéciale
On ne désemplit pas! « TOURISME
»
Bruno Allirand
© Vincent Poillet
APRÈS DEUXMOIS DE FERMETURE DUS AU CONFINEMENT, LA FERMEDUBIEN-ÊTRE A ROUVERT SES PORTES EN JUIN DERNIER. DEPUIS, LES CLIENTS AFFLUENT.
En 2014, Bruno Allirand achète la ferme. Après deux ans de travaux, l’endroit est devenu un hôtel 3 étoiles (7 chambres) équipé d’un restaurant, d’une cave (une centaine de références y sont disponibles), ainsi que d’un espace LA FERME DU BIEN-ÊTRE Bourgeneuf (Haute-Loire)
Quelles difficultés avez-vous rencontrées? Bruno Allirand : « J’ai dûmettre mes salariés au chômage partiel et, pendant deux mois, nous n’avons pas eu la moindre activité. Heureusement, nous avions une assise financière solide. Cela nous a permis de surmonter cette épreuve sans trop souffrir, contrairement à certains de nos collègues… » Comment s’est passée la réouverture de votre établissement ? B. A. : « J’ai toujours été persuadé que nous allions avoir du travail à la sortie du confine- ment. Mais pas autant ! Nous avons affiché complet durant tout l’été ! Pour la première fois, des gens de Paris, Lyon ou Marseille sont venus nous rendre visite à Bourgeneuf, où nous sommes installés. Cette nouvelle clientèle nous a clairement permis de compenser l’absence de visiteurs étrangers et, par là même, de sauver notre saison. » Cet été, les hôtels français ont affiché un taux d’occupation moyen de 53 %, soit un recul de 30 % par rapport à la même période l’année dernière (*) . Comment expliquez- vous votre réussite? B. A. : «Nous sommes des privilégiés ! Et je l’explique très simplement : cet été, à cause de la crise sanitaire, les Français n’ont pas pu partir à l’étranger et, parmi eux, beaucoup ont eu peur de se rendre sur la Côte d’Azur. Ils ont préféré passer leurs vacances dans des coins plus isolés, moins exposés au virus. Et croyez-moi : maintenant qu’ils ont découvert notre région et ses innombrables atouts, ils reviendront ! »
détente avec spa, jacuzzi et sauna.
(*) Source : www.lejdd.fr/Economie/covid-19-voici-la-carte-de-france-des-taux-doccupation-des-hotels-3984929
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Mention spéciale
«
TOURISME
Nous avons apporté
des repas gratuits aux soignants
»
Flavien Basset
© Vincent Poillet
FLAVIEN BASSET AMOBILISÉ DES RESTAURATEURS DE LA LOIRE POUR ÊTRE UTILE AU TERRITOIRE ET SOUTENIR LES PLUS EXPOSÉS .
LES TEMPS NOUVEAUX Estivareilles (Loire)
Quel impact le confinement a-t-il eu sur votre activité? Flavien Basset : « Comme tous les restaurateurs, le 17 mars dernier, nous avons reçu l’ordre de baisser le rideau de notre établissement, Les temps nouveaux, à Estivareilles, en l’espace d’une demi-journée et pour une durée indéterminée. Cela a été un moment particulièrement compliqué à vivre. Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés sans client, sans travail, sans revenu. Ce que l’on ne savait pas, c’est que cela allait durer près de trois mois. » Quand vous est venue l’idée de livrer des repas dans les hôpitaux de la région? F. B. : «Quand on a vu les gens commencer à remercier les soignants en applaudissant le soir aux fenêtres, nous nous sommes dit qu’à notre échelle, nous pourrions aussi les soutenir en leur apportant des repas gratuits. Nous voulions être utiles. Très vite donc, j’ai contacté les membres de l’association Les plaisirs du palais, dont je suis le président, qui réunit plusieurs restaurateurs du Forez. Un de mes confrères a eu l’idée d’apporter des repas gratuits aux soignants. Nous avons tous répondu présents. » Comment vous êtes-vous organisés? F. B. : «Chaque jour, certains s’occupaient de préparer les entrées, les autres les plats et les desserts. Au début, nous avons utilisé les produits que nous avions en cuisine. Une fois nos stocks vides, nous sommes allés nous réapprovisionner. En tout, nous avons livré une trentaine de plats par jour pendant près d’un mois et demi. Maisons de retraite, hôpitaux, gendarmeries…Tous ont œuvré d'arrache-pied pour sauver des vies. Les sou- tenir était la moindre des choses. »
Restaurant ouvert en 2019 par Céline et Flavien Basset, auparavant propriétaires de l’Auberge de Marols (Marols). Le couple sert environ 40 couverts par jour. Leur cuisine est confectionnée à base de produits frais, issus de producteurs locaux.
SECOND SEMESTRE 2020 - #08 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS SPÉCIAL REPRISE ÉCONOMIQUE
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Mention spéciale
«
AGRICULTURE
Nous avons aidé nos clients à s’approvisionner
»
Frédéric Bonhomme
© Vincent Poillet
FRÉDÉRIC BONHOMME, PRODUCTEUR DE FROMAGE, AMIS EN PLACE UN SYSTÈME DE POINTS RELAIS AVEC DES COLLÈGUES.
Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec), la ferme construite en 1914 par Pierre Marie Bonhomme et son épouse, Marie. Aujourd’hui elle s'étend sur 110 ha. À sa tête, Frédéric Bonhomme et son frère Christophe produisent annuel- lement 400 000 litres de lait, transformés en partie en fromage. LA FERME DES BALCONS DU FOREZ Saint-Nizier-de- Fornas (Loire)
Début mars, le gouvernement a interdit la tenue des marchés. Quel a été l’impact sur votre activité? Frédéric Bonhomme : « Au début, nous avons eu très peur de subir une importante baisse de notre chiffre d’affaires. En fin de compte, il n’en a rien été. Durant le confinement, nous avons non seulement conservé notre clientèle habituelle, mais nous avons également réussi à en toucher une nouvelle. » Comment avez-vous procédé? F. B. : «Pour parer à la fermeture du marché de Saint-Bonnet-le-Château où nous avions l’habitude de travailler, nous avons décidé, avec cinq autres producteurs de la région, de mettre en place un système de points relais pour continuer à approvisionner nos clients tout en les protégeant du virus : les gens commandaient leurs produits (fromages, légumes, volailles, viandes, charcuterie...) par Sms, mail ou téléphone. Puis, ils venaient les récu- pérer dans l’une des six exploitations, transformées pour l’occasion en points relais. Très vite, nous avons été submergés de commandes ! Parmi elles, beaucoup émanaient de clients qui, en temps normal, ne viennent jamais nous voir à cause de leurs horaires de
travail, incompatibles avec ceux du marché... » Cela a dû vous donner des idées pour la suite?
F. B. : «Tout à fait. Les cinq autres producteurs et moi réfléchissons à la mise en place d’un nouveau marché le soir. Nous aimerions qu’il se tienne à proximité d’une grande surface, bien évidemment en accord avec elle. De cette manière, il serait accessible au plus grand nombre, et plus particulièrement à ceux qui travaillent la journée. »
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Mention spéciale
«
AGRICULTURE
Nos clients ont redécouvert les produits locaux
»
Nicolas Lenoir
© Vincent Poillet
NICOLAS LENOIR, PRODUCTEUR DE LAIT ET DE FROMAGE, AORGANISÉ UNMARCHÉ SUR SON EXPLOITATION POUR CONTINUER À FOURNIR SES CLIENTS.
Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec), créé en 1974 par Bernard Verrière. Repris en 2016 par Nicolas Lenoir et viande : 60 charolaises. Atelier lait : 400 000 l/an livrés à Lactalis, 45000 l/an transformés en fromage. LA FERME DES ARNAUDS Commelle-Vernay (Loire) Grégory Lapierre. 170 ha. Production
Quelles ont été les conséquences de l’interdiction de la tenue des marchés sur votre activité? Nicolas Lenoir : «Tout s’est quasiment arrêté du jour au lendemain. Jusqu’alors, nous vendions nos fromages sur deux marchés de la région, le mercredi et le samedi. Confi- nement oblige, l’un d’eux a fermé ses portes. Pour nous, cela signifiait la perte d’un bon tiers de notre chiffre d’affaires. Mon associé Grégory Lapierre et moi avons alors pris l’initiative d’organiser notre propre marché sur notre exploitation, à Commelle-Vernay. Nous avons convié d’autres producteurs de la région et, grâce à cela, nous avons été en mesure de proposer un large choix de produits frais et de qualité aux consommateurs : fromages, viande d’agneau ou de bœuf, charcuteries, légumes, fruits, confitures, pain… » Les clients ont-ils été au rendez-vous? N. L. : «Oui, ils ont joué le jeu. À tel point que nous devions réguler le flux des arrivées! Beaucoup de clients nous ont remerciés de continuer à les approvisionner avec les produits qui font la richesse de notre territoire tout en appliquant rigoureusement les gestes bar- rières pour les protéger. » Aujourd’hui, les marchés ont tous rouvert. Et le vôtre, qu’est-il devenu? N. L. : «Nous l’arrêterons à l’automne, mais nous le remettrons en place dès le printemps prochain. Le confinement nous a permis de développer une nouvelle clientèle qui, au début, est venue par curiosité… Jusqu’à ce qu’elle découvre que consommer local et de saison n’était pas plus cher que d’aller faire ses courses en grande surface. Tout le monde est gagnant ! »
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Mention spéciale
«
COMMERCE
Nous avons permis à nos clients de travailler
»
Charline Sagnard
© Vincent Poillet
CAMALO, SPÉCIALISTE DE L’E-LOGISTIQUE ET FILIALE DE CADEAUMAESTRO, A VU SON ACTIVITÉ MULTIPLIÉE PAR DEUX LORS DU CONFINEMENT.
GROUPE CADEAU MAESTRO Saint-Etienne (Loire)
Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur vos activités? Charline Sagnard : « Le groupe Cadeau Maestro regroupe différentes activités. Une boutique physique à Saint-Étienne, un site d’e-commerce (cadeau-maestro.com) et une société de logistique pour les e-commerçants, dénommée Camalo et basée à Veauche. Le confinement nous a contraints à mettre les deux employés de notre boutique au chômage technique. L’impact a été très limité pour le site, car une grande partie de nos équipes a télétravaillé. Quant à Camalo, elle a été débordée de commandes. » Comment l’expliquez-vous? C. S. : «Limités dans leurs déplacements, les gens ont tout simplement plébiscité Internet pour leurs achats. Le site cadeau-maestro.com a, par exemple, connu une importante hausse du nombre de ses visiteurs pendant le confinement. Cela nous a permis de com- penser la baisse d’affluence de notre point de vente physique. Concernant Camalo, tout le monde en est sorti gagnant : nos clients, qui ont pu continuer à honorer leurs commandes pendant le confinement, et nous, qui avons vécu une activité aussi intense que pendant les fêtes de fin d'année.» Suite au déconfinement, vos activités sont-elles revenues “à la normale”? C. S. : «Non, Camalo connaît toujours un flux de commandes aussi important. Pour y répondre, nous allons recruter deux ou trois contrats à durée déterminée d’ici à Noël. Par la suite, si cette augmentation d’activité venait à se pérenniser, nous convertirions a minima l’un de ces contrats en contrat à durée indéterminée. »
Créé en 2009 par Charline Sagnard et Sylvain Bruyère. En 2015, ils fondent Camalo, une filiale dédiée à l’e-logistique. Son but : permettre aux e-marchands de stocker et expédier leurs produits. Implantée à Veauche, elle emploie une dizaine de personnes.
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Mention spéciale
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COMMERCE
Nous avons digitalisé notre activité
»
Joannès Marcon
© Vincent Poillet
PRIVÉ DE SA CLIENTÈLE PROFESSIONNELLE À CAUSE DE LA CRISE SANITAIRE, JOANNÈS MARCON A DÉVELOPPÉ LA VENTE EN LIGNE AUPRÈS DES PARTICULIERS .
Société de commerce de gros en vin et liqueur, créée en 1948 par Joannès et Marie-Louise Marcon. Actuellement gérée par Joannès Marcon, elle possède deux magasins franchisés, rassemble 80 producteurs exclusifs et possède 90000 bouteilles en stock. VINS MARCON Saint-Bonnet- le-Froid (Haute-Loire)
Quelles incidences le confinement a-t-il eues sur votre activité? Joannès Marcon : «Nous sommes grossistes en vin et l’essentiel de notre clientèle se compose de cavistes et de restaurateurs. Résultat : la mise en place du confinement nous a fait perdre 80 % de notre activité puisque quasiment tous nos clients professionnels ont dû fermer. Dès lors, il ne nous restait plus que notre point de vente réservé aux particuliers, situé dans notre entrepôt à Saint-Bonnet-le-Froid. » Quelles actions avez-vous mises en place pour y remédier ? J. M. : «Nous avons décidé de revoir totalement notre politique de vente à distance. Pour ce faire, nous avons fait appel au Crédit Agricole, qui nous a aidés à développer notre site Internet. Il existait déjà, mais nous ne l’exploitions pas assez. Aujourd’hui, il est devenu une composante à part entière de notre activité puisqu’il permet à l’ensemble de nos clients, particuliers et professionnels, de passer commande en ligne. Ces derniers sont d’ailleurs ravis de ce nouveau service. Grâce à lui, ils ont pu rapidement reprendre leur activité une fois déconfinés. » Comment vous y êtes-vous pris pour les informer de ce nouveau service? J. M. : «Nous avons utilisé notre base de données clients pour mettre en place des opé- rations d’e-mailing, ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Nous avons également communiqué sur les réseaux sociaux, fait de la publicité en ligne. Finalement, cette période de confinement nous a donné l’occasion de digitaliser notre entreprise. Et si notre objec- tif final n’est pas d’aller exclusivement vers de la vente en ligne, cela nous a permis d’ajou- ter une nouvelle corde à notre arc. Et pas des moindres. »
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Saga
Salaisons Philis
LE SAUCISSON EN PARTAGE
INSTALLÉE À VIEILLE-BRIOUDE EN HAUTE-LOIRE, LA FAMILLE PHILIS FABRIQUE DES SAUCISSONS SECS DEPUIS 1978. DE PÈRE EN FILS, L’ENTREPRISE FAMILIALE PRÉSERVE SON INDÉPENDANCE,ADEPTE D’UNDÉVELOPPEMENTMAÎTRISÉ. EN TOUTES CIRCONSTANCES.
P endant le confinement, les Français ont cuisiné. Ils ont aussi pris le temps de savourer l’heure de l’apéritif. Puis l’été est venu, propice aux pique- niques. Parmi d’autres, les saucissons
pendant le confinement » , convient le dirigeant. Il préfère souligner le retour à la normale de l’activité d’une entreprise qui affiche en 2019 un chiffre d’affaires de 8 M€ pour une production annuelle de 800 tonnes de salaisons. En toute
discrétion, à l’image d’une famille qui fait sien le pro- verbe “Vivons heureux, vivons cachés”. TROUVER LES BONNES SOLUTIONS Déjà habituée à produire dans le respect de normes
secs, saucisses et autres rosettes des salaisons Phi- lis, commercialisés sous la marque Louis Auvergne, sont partis comme des petits pains. Élaborés à partir de viande de porc française, avec des boyaux naturels, attachés à la
« Pendant le confinement, nous avons bénéficié du caractère prioritaire du secteur alimentaire »
1978 Création des Établissements Philis. 1980 Recrutement du premier salarié. 1989 Recentrage de l’activité sur la seule fabrication de saucissons secs et construction d’un nouvel atelier. La production est quadruplée. 1995 Premier agrandissement.
sanitaires strictes, l’entreprise a vite réagi pour répondre à la demande des clients tout en pré- servant la santé de ses salariés. Le télétravail a été instauré au sein des services administratifs, et les commerciaux ont soutenu les équipes logis- tiques qui assurent la livraison et la mise en place des produits dans chaque magasin. Pour rassu- rer et éviter tout risque de contamination, une solution interne a été recherchée, puis trouvée, pour emballer les produits qui jusque-là ne l’étaient pas. « Nous avons surtout beaucoup com-
ficelle, sans colorant ni polyphosphates, ces pro- duits traditionnels sont vendus en libre-service auprès de la grande distribution dans un grand quart sud-est de la France. Crise de la Covid-19 ? La PME familiale, qui emploie 40 salariés, a vu son chiffre d’affaires augmenter de +15 % sur le premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019. Pierre Philis, représentant de la deuxième génération, aux manettes de l’en- treprise, s’excuserait presque. « Nous avons béné- ficié du caractère prioritaire du secteur alimentaire
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