SANTE
Chantal, 61 ans « C’est une épée de Damoclès » « on me l’a prescrit car j’avais quelques kilos à perdre. Puis, lors d’un bilan préopératoire, un cardiologue a diagno stiqué une fuite aortique. amis m’ont poussée à rechercher toutes mes ordonnances. J’ai dû me battre pour obtenir mon dossier auprès de mon endocrinologue. L’oniam (office national d’indemnisation des accidents médicaux) a bien reconnu l’implication du médicament et m’a indemnisée. Je peux demander la réouverture de mon dossier en cas d’aggravation. C’est une épée de Damoclès au dessus de ma tête. » Quand le scandale a éclaté, j’ai tout de suite compris. mes Andrée, 55 ans « Je veux une réparation importante » « J’ai pris du mediator jusqu’en 2009, parce que j’étais diabétique. Chaque année, mon bilan indiquait que mon cœur battait trop vite. Puis, j’ai fait une embolie pulmonaire et les médecins m’ont diagnostiqué une valvulopathie. J’ai été opérée à deux reprises à cœur ouvert. Je souffre aussi d’une arythmie cardiaque permanente. Le laboratoire servier m’a proposé une indemnisation que j’ai refusée, car elle était ridicule. Je veux une réparation importante, car cela a perturbé ma vie. J’ai même divorcé car j’avais peur de ne pas vivre longtemps. »
Patricia, 67 ans « On a été empoisonné »
Maryse, 63 ans « J’aimerais être reconnue comme victime » « J’avais souvent mal aux reins et mon médecin m’a dit que le mediator me ferait “éliminer”. J’en ai pris pendant sept longues années. mais je me suis mise à faire des malaises, j’étais fatiguée et essoufflée. Puis j’ai reçu une lettre de la sécurité sociale qui suggérait aux patients ayant pris ce médicament de consulter. Une échographie du cœur a révélé que j’avais des fuites aortiques. Le médecin m’a conseillé d’aller voir un avocat et je fais partie des plaignants. J’aimerais être reconnue comme victime. Je ne suis plus la maryse d’autrefois, dynamique. J’ai dû arrêter de travailler. Ce fameux cachet m’a pourrie. » « Une endocrinologue m’a prescrit le mediator en vue de perdre du poids à la suite de mes grossesses. Je l’ai pris pendant près de 15 ans. Jusqu’à avoir une grosse bronchite et des difficultés respiratoires. Un cardiologue m’a alors annoncé que mes valves étaient usées. J’ai été opérée à cœur ouvert pour les faire remplacer par des valves porcines, puis une deuxième fois pour placer des valves mécaniques. Cellesci font un “tictac” permanent. en 2009, quand j’ai entendu parler de sa dangerosité, j’ai fait le lien avec le mediator et j’ai cessé d’en prendre. C’est violent de se dire qu’on a été empoisonné. Je vais témoigner au procès. »
ALBANE NOOR, EDOUARD BRIDE (2), CHRISTOPHE URBAIN POUR SANTÉ MAGAZINE
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SANTÉ MAGAZINE I février 2020
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