SANTE MAGAZINE

stable dans le temps, car plus la zone prélevée résiste au régime et au sport, plus la greffe sera bonne. De plus, la graisse garde la mémoire de son ancienne localisation. En cas de prise de poids de la patiente, les seins grossiront particulièrement. » Y a-t-il des risques ? « Il y a deux sortes de complications, prévient le D Sarfati. Les kystes huileux, qui se résorbent par simple ponction, et les petits kystes de graisse qui sont bénins, faciles à repérer en échographie et ne demandent aucun traitement supplémentaire .» Attention également en cas de diabète, de tabagisme, de problème circulatoire : dans ces cas précis, la graisse se greffe difficilement et peut réagir en formant des kystes ! Comment vieillissent les nouveaux seins ? Plutôt bien ! « Tant que les cellules sont encore programmées pour survivre, le lipofilling tient », dit le Dr Hersant. « Mais avec certains changements de statut hormonal dus aux grossesses ou à la ménopause, ou bien à la suite d’une perte de poids, on peut voir le lipofilling

cuisses ou les genoux. « Les dispositifs de prélèvement sont aujourd’hui automatisés, selon le praticien », souligne le Dr Sarfati. « Une fois prélevés, les adipocytes sont le plus souvent centrifugés, mais ce n’est pas automatique », note-t-elle. Il y a aussi la technique de filtration, le but étant de purifier les cellules. La graisse est ensuite injectée dans les seins avec des microcanules de 1 à 2 millimètres. « Pour obtenir le maximum de volume et une bonne greffe de la graisse, on pratique de préférence l’injection dans la zone dite de tissu adipeux, entre la glande mammaire et la peau », précise la spécialiste. L’opération dure entre 1 h 30 et 2 heures. Et après l’opération ? Une fois l’intervention finie, les seins risquent de gonfler, avec un hématome qui se dissipera au bout de quelques jours. Il est conseillé de remplacer son soutien-gorge à armature par une brassière à porter 24 heures sur 24 pendant quelques semaines. Les zones lipoaspirées restent, elles, douloureuses, avec des sensations de coups de poing. Il faut impérativement porter un panty compressif pendant un mois afin de limiter la formation d’hématomes. Le repos est recommandé pendant quelques jours. On ne reprend pas le sport ou la piscine avant un mois. Pour quel résultat ? On augmente son tour de poitrine d’un bonnet en moyenne, avec un résultat totalement naturel, à l’œil comme au toucher. Le résultat final s’apprécie trois mois après l’opération, car on perd en moyenne 30 % de la graisse injectée. Le chirurgien peut proposer de renouveler l’opération 3 à 6 mois plus tard pour gagner un bonnet supplémentaire. Le bonus : les cellules-souches et les facteurs de croissance contenus dans la graisse injectée améliorent la qualité de la peau des seins. Ça marche à tous les coups ? Oui, à condition d’avoir une zone de graisse de bonne qualité à prélever, « ce qui dépend de l’âge, du poids et du tabagisme de la patiente, ainsi que du site de prélèvement », précise le Dr Barbara Hersant, spécialiste en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. « Les zones comme la culotte de cheval donnent une graisse de très bonne qualité, qui reste

fondre », prévient-elle. À qui s’adresser ?

On se rapproche d’un chirurgien spécialisé en esthétique, et de préférence spécialisé en chirurgie mammaire. L’intervention a obligatoirement lieu au bloc opératoire d’une

clinique ou d’un hôpital. Combien ça coûte? À partir de 4 000 €.

APRÈS, COMMENT SURVEILLER SES SEINS ? La greffe de graisse dans le sein modifie l’analyse radiologique et pourrait gêner le dépistage d’une lésion cancéreuse. il faut donc faire un bilan de référence avant l’intervention, en suivant les recommandations de la haute autorité de santé : avant 30 ans, une échographie mammaire ; après 30 ans, une mammographie et une échographie. Ce bilan devra être réalisé dans les 6 mois avant l’opération, par des radiologues spécialisés en sénologie. Après l’opération, il faut consulter son chirurgien tous les ans pour qu’il vérifie l’absence de complication et qu’il prescrive, si cela est nécessaire, un examen d’imagerie (mammographie ou échographie).

89 SANTÉ MAGAZINE I juin 2020

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