SANTE MAGAZINE

Une nouvelle définition En 1992, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu la fibromyalgie, maladie jusque-là considérée comme psychosomatique, et l’a classée parmi les affections rhumatismales. De fait, les patients se plaignent de douleurs dans les articulations, les tendons et les muscles. Mais depuis quelques années, les études scientifiques ont fait évoluer cette définition. La fibromyalgie fait désormais partie des douleurs chroniques diffuses. « L’hypothèse aujourd’hui la plus solide et la mieux documentée est que, dans la fibromyalgie, le système de perception et de contrôle de la douleur est défaillant », explique le Dr Didier Bouhassira, neurologue. Pour le Pr Françoise Laroche, rhumatologue, la fibromyalgie est désormais clairement identifiée, reste à diffuser ce savoir dans toute la communauté médicale. « Trop de soignants sont encore “fibrosceptiques” », regrette- t-elle avant de préciser : « La fibromyalgie peut être prise en charge par le médecin traitant, à condition qu’il soit bien informé sur cette maladie, ou dans les centres hospitaliers d’évaluation et de traitement de la douleur pour les 30 % de formes sévères. » L’activité physique est la première recommandation L’activité physique est aujourd’hui considérée comme le principal traitement de la fibromyalgie. « Cette recommandation a été adoptée à l’unanimité par le groupe de travail de l’Inserm », assure le Dr Bouhassira. Il faut privilégier des activités d’endurance (marche, vélo, natation, tai-chi, yoga...) pour remettre le corps en mouvement et en douceur. L’efficacité antidouleur a été démontrée par des études scientifiques. Cette

UN DIAGNOSTIC QUI RESTE COMPLIQUÉ Ce dernier se base sur l’examen clinique du patient et l’exclusion d’autres pathologies douloureuses. Le questionnaire de dépistage First, validé scientifiquement, est proposé aux personnes dont les douleurs durent depuis plus de trois mois.

Mes douleurs sont localisées partout dans tout mon corps Mes douleurs s’accompagnent d’une fatigue générale permanente Mes douleurs sont comme des brûlures, des décharges électriques ou des crampes Mes douleurs s’accompagnent d’autres sensations anormales, comme des fourmil­ lements, des picotements ou des sensations d’engourdissements dans tout le corps Mes douleurs s’accompagnent d’autres problèmes de santé comme des problèmes digestifs, des problèmes urinaires, des maux de tête ou des impatiences dans les jambes Mes douleurs ont un retentissement important dans ma vie : en particulier sur mon sommeil, ma capacité à me concentrer avec une impression de fonctionner au ralenti

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Résultats : un score de 5 sur 6 au questionnaire First ( Fibromyalgia Rapid Screening Tool ) signale une forte probabilité de fibromyalgie.

activité physique s’intègre dans un programme plus vaste de gestion du stress, un facteur d’aggravation de la douleur (thérapie cognitivo- comportementale, méditation, relaxation...) proposé dans les centres antidouleur. Des médicaments peu efficaces La recherche n’a pas apporté de nouveautés dans ce domaine. Les recommandations accordent peu de place aux médicaments car leur efficacité reste limitée dans la fibromyalgie. Les antalgiques (paracétamol, tramadol...) peuvent être pris ponctuellement, de même que certains antidépresseurs et antiépileptiques.

La stimulation magnétique

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transcrânienne reste une option Un champ électromagnétique

est appliqué sur le crâne au niveau du cortex moteur. le protocole prévoit 10 séances de vingt minutes pendant six mois. Cette technique est efficace chez 40 à 50 % des patients et l’effet antidouleur perdure. Mais très peu de centres sont actuellement équipés.

ILLUSTRATION : SOPHIE LEBLANC POUR SANTÉ MAGAZINE

39 SANTÉ MAGAZINE I juin 2020

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