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d’ibuprofène avant 6 h, même si la douleur est toujours présente. Il y a parfois des exceptions à cette règle, en particulier en cas de migraine. « Le paracétamol suffit à soulager une partie des malades, mais si on sait que les anti-inflammatoires (ibuprofène ou kétoprofène, sur ordonnance) marchent mieux, il ne faut pas hésiter à les privilégier », souligne le Dr Giniès. Quand l’intensité de la douleur est supérieure à 6/10 ( voir page suivante ), cela justifie de se tourner vers des antalgiques plus puissants type opioïdes (paracétamol codéiné, tramadol, sur ordonnance...). De plus, pour certaines douleurs comme les douleurs neuropathiques ou la fibromyalgie, ni le paracétamol ni les anti-inflammatoires ne sont efficaces : les médecins ont plutôt recours à des antiépileptiques ou des antidépresseurs, qui ont un effet antalgique via leur action sur le système nerveux. Faut-il prendre des somnifères pour dormir ? S’il faut soigner ses nuits car le manque de sommeil maintient un niveau de tension neuromusculaire excessif, « les somnifères ne sont pas la solution car ils ne permettent pas une vraie récupération physiologique. Mieux vaut prendre un antalgique avant de dormir si la douleur empêche de trouver le sommeil », ajoute le Dr Giniès. Quelles sont les autres recommandations ? Le mouvement est le conseil numéro un. « Même dans la phase aiguë, et quelle que soit la douleur, le corps doit bouger. Si on s’immobilise en attendant que cela passe, la douleur prend plus de place », résume le Dr Giniès. Le repos total est déconseillé au-delà de quelques heures, le temps que la crise douloureuse baisse en intensité. On essaye de marcher un peu en
La réponse est-elle dans le médicament ? Oui, les antalgiques sont vraiment utiles pour court-circuiter la douleur, et plus efficaces si on n’attend pas trop : « Leur rôle est de bloquer l’activation des récepteurs de la douleur et sa transmission au cerveau via le système nerveux, explique le Dr Didier Bouhassira, neurologue. Si on ne bloque pas ce message et qu’on laisse la douleur se prolonger, on observe dans les heures et les jours qui suivent, des modifications du système douloureux dans le cerveau : on devient plus sensible à tous les stimuli. C’est comme cela que la douleur s’installe et devient chronique. » Leur consommation au long cours et répétée pose problème mais en cas de douleur aiguë, les prendre quelques jours permet de bouger, travailler, dormir... « Jamais plus de cinq jours par mois pour les anti-inflammatoires », précise le Dr Patrick Giniès, anesthésiste spécialiste de la douleur. Quels antidouleurs sont recommandés ? On commence toujours par le paracétamol car c’est l’antalgique qui a le moins d’effets secondaires. Si deux ou trois prises n’ont pas fait baisser la douleur, on peut alors recourir aux anti-inflammatoires type ibuprofène. « En cas de douleur aiguë, il faut frapper vite et fort pour l’enrayer : on peut prendre la dose maximum (1 g de paracétamol/400 mg d’ibuprofène), jusqu’à trois fois par jour », précise le Dr Bouhassira, en respectant toujours l’intervalle recommandé entre deux prises : on ne reprend pas de paracétamol avant 4 h et
prenant un antalgique avant de sortir si nécessaire. Le mouvement évite l’enraidissement qui entretient les douleurs rhumatologiques type arthrose ou lombalgie. En cas de sciatique ou de syndrome du canal carpien, des étirements peuvent aussi enrayer la douleur en diminuant la pression sur le nerf. Enfin, l’activité physique améliore le bien-être général, le sommeil, et libère des molécules antalgiques type endorphines : on fait du sport (doux) si cela fait du bien, mais sans qu’il déclenche ni n’aggrave la douleur. Enfin, côté diététique, « prendre un petit déjeuner riche en protéines et/ou en féculents (œuf, yaourt, pain complet...) permet un meilleur fonctionnement nerveux et musculaire pour éviter la fatigue, et la douleur qui survient parfois vers 11-12 h », assure le spécialiste. Quelle est l’influence du psychisme ? « Le stress et la fatigue ont un rôle majeur dans le maintien de la douleur et sa chronicisation », dit le Dr Bouhassira. Voilà pourquoi les méthodes de respiration et de relaxation sont utiles, le plus tôt possible. Pour le Dr Giniès, « des pauses au travail ou quelques minutes de cohérence cardiaque deux fois par jour suffisent à diminuer le stress et les tensions neuromusculaires. » La méditation, la sophrologie ou l’hypnose aident aussi à “défocaliser” de la douleur pour ne pas enclencher le cercle vicieux douleur/anxiété/aggravation de la douleur. Enfin, « il faut sortir, voir des gens, ne pas se renfermer... On aura moins mal, c’est prouvé, car le vide social fait le lit de la douleur », conclut le Dr Giniès.
49 SANTÉ MAGAZINE I avril 2020
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