SANTE MAG LCL

LES CHIFFRES Le décret gouvernemental paru au Journal officiel le 29 décembre 2019, a fixé les distances entre les zones d’épandange et les habitations : 5 à 10 mètres selon les cultures, distance portée à 20 mètres pour les produits les plus dangereux.

Pr Alain Garrigou professeur des universités en ergonomie, département Hygiène, Sécurité, Environnement de l’IUT de Bordeaux

Dr Pierre-Michel Périnaud médecin généraliste, président d’Alerte des médecins sur les pesticides

« « La dérive des pesticides est de 30 à 40 mètres » La vraie question est celle de la dérive. Pour peu qu’il y ait un peu de vent ou que la machine soit mal réglée, des gouttelettes ou des vapeurs de pesticides vont alors être projetées par voie aérienne hors de la zone de traitement. Selon les technologies utilisées, cette dérive est estimée à 30 voire 40 mètres. Conclusion : les nouvelles distances d’épandage de 5 ou 10 mètres ne sont pas suffisantes. Depuis quelques années, il existe de nouvelles technologies telles que les pulvérisateurs à panneaux récupérateurs. Il s’agit d’une machine dotée d’un panneau placé à côté de la rangée de vigne, sur le point d’être traitée. De l’autre côté, vous avez un autre panneau récupérant ce qui va au-delà de la feuille de vigne. Ces techniques diviseraient la dérive d’application au moins par trois. Malheureusement, ces pulvérisateurs à panneaux récupérateurs sont peu utilisés en France, car c’est un matériel qui coûte plus cher et qui nécessite de se déplacer plus lentement. Le traitement prend donc plus de temps.

« Nous devrions respecter 150 m de distance » Les précautions de 20 mètres minima s’adressent à des produits qui ne sont quasiment plus autorisés (CMR 1). Pour l’heure, le niveau de protection est très en dessous de ce que l’on attendait. Selon une étude wallonne “Propulpp” (2019), la pollution des pesticides est toujours bien présente à 50 mètres. De plus, vous avez un autre phénomène à prendre en compte : plus on s’éloigne d’un champ dans lequel il y a eu un épandage, plus on se rapproche d’un autre. Il y a eu par exemple des tests réalisés à côté d’un champ bio où un taux conséquent de pesticides dans l’air a été retrouvé. Nous, médecins, nous attendons des données sur la France. Comment se fait-il que le gouvernement publie un décret sans cela ? Une étude sur la contamination des riverains est en cours dont les résultats paraîtront en 2021. Cette année, une étude à propos des effets sur la santé sera publiée. D’ici là, nous devrions respecter les 150 mètres de distance demandés par la plupart des associations de défense de l’environnement.

SUR CES CULTURES, QUELS PESTICIDES SONT UTILISÉS ?

QUELS SONT LEURS PRINCIPAUX EFFETS SUR LA SANTÉ ?

LES PESTICIDES DES CULTURES “BASSES” ET “HAUTES”

LES PESTICIDES DANGEREUX

CULTURES “BASSES”

CULTURES “HAUTES”

AUTRES CULTURES

• Cancérogènes • Anomalies génétiques • Reprotoxiques

• Risques accrus de troubles du neuro- développement, troubles du spectre autistique, malformations congénitales, leucémie et tumeurs cérébrales chez l’enfant dont la maman a été exposée lors de la grossesse • Maladie de Parkinson chez les adultes

Désherbant : 2,4-D Fongicides : fenhexamid, fenpropidine Insecticides cypermethrine Herbicides : aclonifen, métribuzine, glyphosate...

Fongicides : fluopyram, trifloxystrobine, folpel, mancozèbe (vignes) Herbicide : glyphosate Insecticides : pyréthrinoïdes...

Pesticides dangereux (fipronil, formaldéhyde...), avec sur l’étiquette : H300-H310-H330- H331-H334-H350 -H350i-H360- H360F-H360D -H360FD-H360Fd- H360Df-H370- H372

25 SANTÉ MAGAZINE I avril 2020

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