REGAL 116

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www.regal.fr RÉGAL N° 116 NOVEMBRE DÉCEMBRE 2023

« On se rend compte que des parcelles qui mûrissaient mal, tardives, à l’ombre, deviennent très intéressantes en année de grande chaleur. » Michel Drappier

YANN ARTHUS- BERTRAND , RUINART ET LE CLIMAT Le photographe et militant du climat s’est associé au réalisateur Jérémy Frey pour se plonger pendant des semaines dans la réalité du dérèglement climatique en Champagne. Comment une maison centenaire comme Ruinart s’adapte-t-elle à ce défi majeur ? Quelles conséquences sur le champagne, sur les humains ? À la clé : un beau film de 30 minutes, à voir sur www.ruinart.com

©VINCENT DUTERME

l’encépagement… Les Drappier exploitent d’ailleurs les sept cépages champenois, et même les huit, depuis l’autorisation d’expérimenter le petit dernier, le voltis, conçu pour résister aux maladies. David Pehu, lui, teste des techniques nouvelles de palissage et table à l’avenir sur l’agroforesterie « à condition d’y aller fort » . Tous s’accordent sur un point : il faudra être créatif et réactif. Les défis du dérèglement « La stratégie que je définis au mois de janvier pour les vignes, elle est toujours fausse. Je dis à mes gars “Cette année, on va mettre ça et ça et ça en place”, et à chaque fois, je me plante parce que les conditions météo ne le permettent pas » , déplore Michel Jacob. Le réchauffement

des vins plus pleins, moins incisifs. Signe de cette meilleure maturité, la chaptalisation (ajout de sucre) a reculé et les dosages ont baissé. Les Collet les ont divisés par six mais « nos goûts ont changé aussi » . « Je trouve les vins meilleurs aujourd’hui » , concède Michel Jacob, tout en précisant que la Champagne a aussi progressé en matière de vinification. Et de tempérer : « Si le réchauffement continue à s'amplifier, on arrivera à un point de bascule qui sera négatif. » Une menace anticipée par tous. Pour Michel Drappier, « l’avenir passe par un réexamen du parcellaire. On se rend compte que des parcelles qui mûrissaient mal, tardives, à l’ombre, deviennent très intéressantes en année de grande chaleur. » Son fils évoque d’autres pistes : le choix des porte-greffes,

PAS FORCÉMENT BIO MAIS PLUS DURABLE Hors bio, 60 % du vignoble champenois (et 30 % des exploitations) arborent l’une des deux certifications environnementales, Haute valeur environnementale (HVE) et/ou Viticulture durable en Champagne (VDC) . Un succès qui s’explique par un cahier des charges léger qui limite mais n’interdit pas le recours aux produits phytosanitaires. « Greenwashing » pour les uns, « mieux que rien » pour d’autres, elles ont un mérite : mettre le pied de certains vignerons à l’étrier et, pour quelques-uns, faciliter la transition vers le bio.

© JM LECLÈRE - REIMS

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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