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AVIS D'EXPERT

Pr Michel Azizi coordonnateur national des centres d’excellence en hypertension artérielle Covid-19 : les antihypertenseurs sont innocentés Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 (ARA2), deux classes d’antihypertenseurs très courants, ont été soupçonnés, au début de l’épidémie de la Covid-19, de faciliter l’entrée du virus dans l’organisme et d’augmenter le risque d’infection grave. Rapidement, le doute a été levé. « Les faits nousmontrent qu’il n’y a pas de risque supplémentaire. Les patients ne doivent pas interrompre leur traitement par IEC ouARA2. Son abandon pourrait déséquilibrer l’hypertension et provoquer des complications graves » , explique le Pr Azizi.

Point d’impact

Rein

Cathéter

Artère rénale

en un seul comprimé, cette bithérapie associe un inhibiteur de l’enzyme de conversion ou un antagoniste de l’an- giotensine II à un inhibiteur calcique ou un diurétique. Une seule prise lematin Les médicaments de l’hypertension ont une demi-vie longue, ce qui signi e qu’ils agissent dans l’organisme tout au long de la journée. Le traitement se prend de préférence le matin, une façon « plus facile de l’intégrer dans sa routine quotidienne » , estime le Pr Azi- zi, qui précise « qu’il n’y a pas d’argu- ment scienti que » pour le prendre le soir, sauf dans des cas particuliers de pression artérielle très élevée la nuit. Et si ça ne su t pas ? Chez certains patients, deux médi- caments ne suf sent pas à normali- ser la pression artérielle. Il faut alors passer à une trithérapie. La formule en un seul comprimé “trois en un” est disponible en France, mais pas remboursée. « Nous sommes le seul

pays aumonde dans ce cas, alors que la trithérapie est d’une redoutable ef cacité » , tempête le Pr Azizi.

grer l’arsenal thérapeutique. » En pra- tique, il s’agit de neutraliser certaines zones nerveuses hyperactives dans l’hypertension artérielle. Un cathéter introduit au niveau de l’aine remonte jusqu’aux artères rénales. Au niveaude la paroi artérielle, une sonde détruit les bres nerveuses grâce à des ultrasons, un courant électrique ou une subs- tance chimique. Les essais ont donné des résultats concluants dans des cas d’hypertension résistante. De nouvellesmolécules De nouvelles classes d’antihyperten- seurs devraient sortir dans les pro- chaines années, notamment les inhibi- teurs de l’aminopeptidase A ( ribastat) et les antagonistes de l’endothéline. Mais la véritable évolution pourrait venir de l’ARN interférent. Une injection tous les six mois pourrait permettre de contrôler la HTA. « Un changement de paradigme complet » , selon le Pr Azizi.

La dénervation rénale fait ses preuves

Cette technique, encore au stade des essais cliniques, pourrait permettre de réduire les doses de médicaments chez certains patients, voire de s’en passer complètement. Le Pr Azizi, qui a piloté plusieurs études, croit en son avenir : « Ladénervation rénale va inté-

LE SAVIEZ-VOUS ?

Certains antihypertenseurs pourraient diminuer le risque de dépression V Il s’agit principalement desbêta­ bloquantsmaisaussi des inhibiteurs calciques, les IECet lesARA2. Cesmédicamentsagiraient sur l’inflammationducerveau.

Source : Hypertension, 24 août 2020.

PAULA SIMONETTI POUR SANTE MAGAZINE – ELABORAH / STOCK-ADOBE.COM

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