PEPS
des fourmis 138 dans les jambes
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1_ La rue desGras, située au pied de la cathédrale, est un important axe commerçant de la ville. Elle o re de surcroît une belle perspective sur le puy de Dôme.
2_ La rue Pascal, ainsi nommée en l’honneur de Blaise Pascal, né à Clermont-Ferrand le 19 juin 1623. Cette rue compte encore plusieurs bâtiments des XVI e , XVII e et VIII e siècles.
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Desmontagnes de pierres Quand il déambule, le tailleur de pierre et sculpteur Yves Connier fouille les modelés. Rien n’échappe à son œil. Rue des Chaussetiers, dans la jolie cour intérieure du 1513, une crêperie aux allures médiévales, il remarque le euron au-dessus de l’arc ajouré. « Tout est tapé au ciseau et à la massette. C’est un matériau qui se tient, une pâte qui a levé, ses bulles se sont expansées. Remarquez ce ra nement, le cordon de feuillages, les torsades… » Un escalier en vis à peine usé, une en lade d’échoppes, «où l’on garde à l’arrière le meilleur pour soi-même» , tout cela conte l’épopée de la grande bourgeoisie commerçante. Au bas de la rue, un seul bâtiment de structure romane avec des fenêtres géminées. «Ici, c’est toujours de la lave mais pas de Volvic, il s’agit d’un grain plus grossier qui provient d’une autre carrière, du Pariou ou du col des Goules. » Cela rappelle que les montagnes de pierres, dont l’ombre portée souligne lemoindre trait, se trouvent à deux pas. Du XIII e au XIX e siècle, la pierre de Volvic fut largement exploitée, dans des galeries puis dans des carrières à ciel ouvert. «Dès le début, la profession des peyradous (carriers, tailleurs de pierres, sculpteurs) se constitue en une véritable
chaîne fourmillante entre Volvic et le bassin riomois. » Dans l’entre-deux-guerres, 1 500 hommes y étaient employés contre 40 aujourd’hui. La pierre enregistre les soubre - sauts de l’Histoire. Sur l’hôtel Savaron, comme sur d’autres anciens hôtels particuliers du XVI e siècle, les arêtes encore vives semblent faire résonner les coups d’outils. Quant au gris imposé aux bâtiments o ciels –tel celui de la pré - fecture –, il souligne qu’ici on se trouve en Auvergne où l’on choisit la lave ! Même l’Opéra-Théâtre, ancienne halle aux Toiles, récemment restauré, cache bien son jeu. Car sa façade en calcaire blanc est “plaquée” sur une structure en pierre de Volvic. Entre risque d’amnésie et retour aux sources, la ville se réinvente sans cesse. Avant de poser de nouvelles fondations, les fouilles archéologiques font régulièrement surgir de ses entrailles les vestiges d’un temps passé. Ainsi trouve-t-on grâce à la présence des pierres, des traces de l’époque gallo-romaine, du temps où cette ville antique se nommait “Augustonemetum”. Qu’il s’agisse des restes d’un pan du mur des Sarrasins bâti au II e ou III e siècle, des traces d’un ancien temple ou de celles en pointillé d’un aqueduc aujourd’hui disparu, les pierres portent en elles un semblant d’éternité.
LUC OLIVIER / DÉTOURS EN FRANCE (3) - LEYRELOUP / WALLIS.FR (2)
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