PEPS

135

Clermont-Ferrand Ville éternelle

Au XIII e siècle, les carriers découvrent une roche volcanique aux propriétés exceptionnelles, la pierre de Volvic. Considérée comme le “marbre d’Auvergne”, celle-ci allait o rir une part d’éternité à la capitale historique auvergnate. Par Corinne Pradier D e cette lave, les plus pressés ne verront que du noir. D’autres, plus attentifs, percevront les nuances gris clair, les tons rosés et le rouge fer de la pierre. Car cette gamme foncée est llede lumière plus qued’obscurité.

de anelle, des gilets et des pantalons blanchis par la pous - sière du têtu et de la laye. Ils taillent les èches, les rosaces et les balustrades de la cathédrale pour l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. L’arrière-petit- ls de François Geneste, Louis, aujourd’hui retraité, croit avoir tout oublié, mais il lui suffit d’êtreauprèsdes édi cespour que tout revienne. «J’ai travail- lé sur ce petit pinacle» , dit-il enobservant l’imposante façade occidentale de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. De style gothique, cette partie de l’édi ce date de la seconde moitié du XIX e siècle. Elle vint remplacer l’ancienne façade romane qui, menaçant de tomber en ruine, fut démolie. «Les flèches font 108 mètres de hauteur. Elles dépassent tous les autres bâtiments. Nos échafaudages étaient perchés à 80 ou 90 mètres au-dessus du vide de la rue des Gras. C’est impressionnant! Viollet-le-Duc marquait toujours son passage. Il sculptait un duc ou apposait sa tête sur le corps d’un personnage : un apôtre, un ange ou un archange… On parlait ici d’une cathédrale idéale. Son architecture est très in uencée par Notre-Dame de Paris. La pierre de Volvic pos - sède des qualités exceptionnelles qui ont permis de réali- ser des sculptures d’une grande nesse, comme celles de la rosace sur laquelle mon arrière-grand-père a travaillé. D’ail- leurs, ce qui est exceptionnel compte tenu des vents violents venus de l’ouest et des températures très basses auxquelles elle est soumise, pas une seule pierre n’a été changée, elles sont toutes d’origine. C’est unique en France!» Dialogue avec lamatière Voilà qui permet d’apporter un nouvel éclairage sur ce joyau de Clarus Mons, le mont baigné de lumière. Car lorsqu’on est à son pied, il émane de cette cathédrale de lave une puissance inouïe. Quand on apprend que la mémoire des bâtisseurs est ancrée au corps de la pierre originelle, on regarde d’un autre œil le parement de dentelle sculptée. Passionné d’architecture et d’archéologie, Yves Connier a très tôt ressenti le besoin de faire quelque chose qui ne soit pas aveugle aumonde. Et c’est dans la sculpture appliquée qu’il se réalise. Se tenant «sur le l de ce qui est nécessaire» , il poursuit le dialogue avec la matière qui fut engagé voilà des siècles et prolonge à son tour le patrimoine pour que

B âtisseurs de père en ls Louis Geneste fait partie d’une longue lignée de bâtisseurs. Une histoire qui commence en 1866 avec François, tail- leur de pierre et appareilleur, et ses deux ls, Francisque et Louis. À cette époque, les hommes portent des ceintures

LIONEL MONTICO / HEMIS.FR - LUC OLIVIER / DÉTOURS EN FRANCE (4) - CHARLIER / WALLIS.FR