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Ce qu’ils perdent

Le ffet

cérébraux qui fonctionnent selon lemode “stimulation/ récompense”, tournent à plein régime. Pour les chercheurs, cela se fait cependant au détriment de la prise de recul et de lamaîtrise de soi. « Le digital favorise la prédominance de l’émotion et la recherche d’une satisfaction immédiate », souligne le Pr Lledo. Mémoire, langage et raisonnement. Publiée en 2017, une étude de l’université de Toronto amontré un lien entre le temps dédié aux écrans et un retard dans l’apprentissage du langage chez des petits de 6mois à 2 ans. Le risque augmenterait de 49%pour chaque demi-heure quotidienne. L’une des explications avancées est que leur cerveau estmoins disponible pour réaliser les apprentissages fondamentaux. Des études soulignent également demoins bons résultats scolaires.

Des capacités de concentration . Denombreux travaux scientifiques l’ont constaté : le temps passédevant les écrans est corrélé àunebaissede l’attention chez les enfants. Une étude canadienne, parue en2018, amême montréque cette relation débutait dès 2heures d’activités par jour sur des outils numériques. «La structureducerveauen elle-mêmene semodifiepas », préciseElenaPasquinelli. Il s’agit plutôt denouveaux apprentissages qui sedéveloppent audétriment d’autres pratiques. Parcequ’il en tiredavantagede gratifications, le cerveau s’habitue à zapper entredes écrans colorés plutôt que de se concentrer sur un texte. Le contrôle des émotions . Le numérique se caractérise par une explosion d’images, de sons et d’informations qui se succèdent très vite. Le plaisir est immédiat et l’ennui impossible : les circuits

des smartphones et des tablettes

Entre l’arrivée de l’information et la prise de décision, voici comment le cerveau réagit : 1. Vision Les informations visuelles des écrans sont captées par l’œil et transmises au cerveau via le nerf optique. Elles stimulent les aires visuelles situées à l’arrière du cerveau. 2. Action et réaction Le cortex moteur entraîne l’action et les automatismes liés à la situation. 3. Plaisir et récompense Les actions gratifiantes que l’enfant vit sur écran activent les zones qui contrôlent le circuit de la récompense et la libération de la dopamine. 4. Décision et impulsivité Une partie du cortex préfrontal est utilisée pour augmenter la rapidité de la décision, mais dans le même temps, les circuits dédiés à la réflexion et au blocage des réactions impulsives s’appauvrissent.

Ce qui ne change pas La plasticité cérébrale. Àmoins d’un traumatisme, le cerveau reste capablede créer et de renforcer les réseaux deneurones liés à lamémoireouà la concentration. « Il n’existe aucune fenêtrequi nepuisse être rouverte à condition, de fournir les efforts nécessaires », confirmeElenaPasquinelli. Il reste néanmoins plus simpled’initier dès ledépart les bons apprentissages. Pour développer les aptitudes qui demandent des efforts, comme la concentration,mieux vaut nepas exposer les petits aux écrans avant l’âgede3ans, et ensuite « avecdiscernement », c’est-à-dire sur des périodes courtes d’une trentainedeminutes jusqu’à l’âgede6ans.

NOS EXPERTS

Pr Pierre-Marie Lledo NEURO- BIOLOGISTE, Directeur du départe- ment Neurosciences à

l’Institut Pasteur, ParisFrançaise de Pédiatrie (SFP).

A ir

COMMENT UTILISER LES ÉCRANS EN FAMILLE Elena Pasquinelli, Éd.OdileJacob, LE CERVEAU, LAMACHINE ET L’HUMAIN Pr Pierre-Marie Lledo. Éd.OdileJacob,.

Elena Pasquinelli NEURO- BIOLOGISTE,

Chercheuse en sciences cognitives et philosophe, spécialiste de l’apprentissage STEHEAP/ADOBE STOCK, IILYAST/ISITOCK,DR

JASMINE SAUNIER

PARENTS Avril 2020 79

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