PARENTS LCL
’étais déjà maman d’une petite fille de 2 ans et, à la première échographie de da- tation, on nous a annoncé non pas un, mais deux bébés. On ne s’y attendait pas, malgréquelquespetits soupçonsdus àun ventre anormalement volumineux pour seulement quelques semaines de grossesse. Le mondes’estécrouléautourdenous.Nousavons eu chacun beaucoup d’inquiétudes, très diffé- rentesentremonmarietmoid’ailleurs.Luiétait plutôt préoccupé par l’aspect matériel, moi par la gestion des pleurs ou de la logistique de deux bébés en même temps. Passés quelques jours d’angoisse, nous avons commencé à digérer la nouvelle. La grossesse a été assez fatigante, et j’avais hâtede voir ces petites bouilles. Avec le recul, c’est la plus belle chose qui nous soit arrivée Quand les jumelles sont nées en février 2017, un peu avant terme mais en bonne santé, on s’attendait tellement à être submergés que ça a été étonnamment facile… Je les ai allaitées pendant un peu plus de deux ans, et cet allaite- ment s’est très bienmis enplace. Quand onm’a annoncé qu’il y en avait deux, ça a été une des premières choses qui m’a angoissée: “Est-ce possible d’allaiter deux bébés?”Du coup, jeme suis renseignée pendant la grossesse, notam- ment sur un groupe Facebook “Allaitement de O ’ ttendai tr ubmergé , t tonnammen acil ! » Estelle, maman d’Elina, 5 ans ½, Coline et Romane, 2 ans et 9 mois. J
jumeaux et plus” qui m’a convaincue. Mais je regrette que la maternité ne m’ait pas plus soutenue: les bébés avaient des petits poids (la plus petite pesait 2 kg) et on m’a fait beaucoup culpabiliser de ne pas vouloir donner les com- pléments au biberon. Mais mon envie et l’ex- périence que j’ai eue avec l’aînée m’ont aidée à réaliser mon objectif. C’était pratique: pour elles, les repas étaient toujours prêts, à bonne température, sans avoir de vaisselle, sans avoir à penser à acheter des boîtes de lait… Bien sûr, il y a les réveils nocturnes au début, mais les filles ont été calées très vite sur les mêmes rythmes, donc je ne me souviens pas avoir été plus fatiguée que pourmon aînée…Ensuite, j’ai eu l’impression de gérer une vraie entreprise qui demande une bonne organisation, mais j’ai ressenti également la fierté de voir que, finale- ment, ça ne roulait pas si mal! Ma fille aînée, Elina, a toujours été chouette avec ses petites sœurset fièrede lesavoir.Ellem’abeaucoupai- dée, on l’a toutdesuitemiseàcontribution: elle m’apportait des bodys, des couches… On a la chance qu’elle ait été très vite autonome, donc elle était déjà propre, allait aux toilettes, s’ha- billait déjà pratiquement seule, etc. Le papa s’en est aussi beaucoup occupé. Avec un peu de recul, je me dis que c’est la plus belle chose qui nous soit arrivée. C’est merveilleux de les voir évoluer ensemble. L’une aide l’autre à se rele- ver quand elle s’est fait unbobo, elles partagent leur gâteau endeuxpour que chacune enait un morceau, l’une cherche dans toute la maison le doudou de l’autre pour qu’elle cesse de pleu- rer… J’adore parfois les regarder simplement se faire d’énormes câlins ou se donner la main dans la rue. Ce sont des choses qui compensent largement tous les côtés difficiles que nous pouvons vivre…»
PARENTS Avril 2020 111
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