Livre Vins de Cassis
ENCLAVE
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PLANÈTE CASSIS
Niché entre les Calanques, à l’ouest, et la barrière des falaises soubeyranes, à l’est, mais largement ouvert au sud sur la Méditerranée, Cassis est une enclave au sens géographique, écologique et viticole. Pour le touriste, le territoire apparaît d’abord comme un havre encerclé par le minéral. Pour le géologue, c’est un îlot de sols calcaires plus ou moins marneux – des sols si typiques que la région a donné son nom à un des étages géologiques du Crétacé inférieur : le Bédoulien. Pour l’écologiste, c’est un îlot de cultures bordées de forêts et de garrigue, riche de diversité, tant en termes de faune que de flore : les naturalistes ont dénombré plus de 900 espèces de fleurs et d’arbres, et le bestiaire local compte quelques espèces rares dont le lézard ocellé, le plus grand d’Europe, ou l’aigle de Bonelli. Pour l’œnophile, enfin, Cassis est un îlot de vin blanc dans l’océan de rosé des côtes-de- provence. Une spécialité qui s’explique tout autant par l’adéquation entre les cépages et le terroir singulier de Cassis (la dominante calcaire, les entrées maritimes) que par les habitudes de consom- mation locales. Ce bastion dédié au vin blanc a non seulement résisté aux modes, mais a savamment entretenu sa différence pour en faire une force, une identité, au sens plein, qui lui permet de jouer une partition originale en Provence. De nombreux témoignages archéologiques témoignent de la résilience et de l’esprit d’indépendance des Cassidains. Il y a d’abord l’ oppidum du Baou Redoun, site fortifié proche de la Couronne de Charlemagne ; les Celto-Ligures qui l’ont bâti ont dû croiser les premiers colons de Phocée, qui ont sans doute apporté la vigne à Cassis, ou dont le commerce a contribué à la développer. Il y eut ensuite le castrum gallo-romain, surplombant la rade. Il incarne la longue ère de prospérité qu’a connu la région sous la Pax Romana, avec déjà, une économie qui donnait une place de choix à la viticulture. Lui succède, à partir de l’époque carolingienne, le château de Cassis, qui offre un abri aux habitants pour échapper aux invasions barbares. C’est la puissante famille des Baux qui fait construire l’enceinte actuelle. Une enceinte qui n’empêchera cependant pas les soldats de Charles Quint de mettre la ville à sac, en 1524. Avec la fin des troubles, les habitants quitteront ce grand bateau de pierre pour s’établir plus bas, dans le bourg. Autour du port, les pittoresques venelles du village des pêcheurs et leurs escaliers forment un joyeux dédale, qui contraste avec les maisons patriciennes, plus à l’est, dont la mairie de Cassis, ancien hôtel particulier du début du xvii e siècle, est un bel exemple. Bien entendu, les beaux UN PEU D’HISTOIRE
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A little history...
Then followed the Gallo-Roman castrum, or fortified military town, overlooking the natural harbour, which embodies the long period of prosperity enjoyed by the region under Pax Romana, with an economy in which winegrowing was already important. During the Carolingian period, the same site was used to build the Château de Cassis as a retreat and shelter in which to escape the barbarian invasions. The present ramparts were built by the powerful Baux family, but strong as they were, they could not prevent the troops of Charles Quint from sacking the town in 1524.
Many archaeological accounts bear witness to the resilience and independent spirit shown by the people of Cassis. The story begins with the Roman oppidum (fortified town) of Le Baou Redoun close to the mountain known as the Couronne de Charlemagne; the Celto- Ligurians who built it must have encountered the first colonists from Phocea, who undoubtedly brought vines with them to Cassis, and whose trading relationships then contributed to vineyard development.
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