Liver Bergerac Terre de passions
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Tour des Gendres Château
Viser l’accord parfait
À la sortie de Ribagnac, un chemin caillouteux dirige le visiteur vers la Tour des Gendres. Luc de Conti, en quête de goûts authentiques, y ofcie depuis 30 ans. Histoire d’un vigneron heureux dans l’impermanence des vins.
il ne faut pas être un technicien. Il faut être instinctif. Si tu sens les choses, tu peux faire de très beaux vins. Mais l’œnologue JeanMarc Dournel est venu corriger mes gros défauts, car je partais dans tous les sens. » UN TERROIR À VIN BLANC Révélé par cette belle note obtenue dans le guide Parker, Luc de Conti a été propulsé dans le monde du vin à un niveau national. Et adopté par le sérail, même s’il s’en défend. « Le rouge ? La place est prise. Les grands vins de Bordeaux, c’est du rouge, alors qu’en blanc sec… Et quand j’ai été noté au Parker, c’était sur un blanc sec. En quinze jours, j’avais vendu tous mes vins » , se souvient-il avec émotion. Dans son chai d’élevage, il entrepose ses petits trésors. Son vin repose dans des foudres ovales et des amphores : « En rencontrant des gens, en discutant avec eux, on se rend compte que le vin peut être très appétant. Moi, je ne peux pas l’élever dans l’inox, ni dans le béton. » Cela donne quoi, en goût ? «Mais cela ne donne rien du tout ! Pourquoi amener un goût, pourquoi maquiller ? C’est le terroir qui doit parler. Un grand vin n’explose pas à la fgure. Je pense à un nouveau style » , révèle Luc. Un sourire traverse son regard, il se questionne : « Je suis un perpétuel étudiant. Je ne suis jamais satisfait… Guillaume, mon neveu, arrive, et si je suis obstiné, si je ne l’écoute pas, je passe à côté de plein de choses. J’ai des nuits peu reposantes… Je pense tout le temps. Mais moi je suis libre car je ne fais pas de grands crus classés. Ceux qui travaillent comme cela sont toujours obligés de faire la même chose. Pas moi. »
E t dire qu’il a acheté le domaine de la Tour de Gendres en 1981 pour créer un poney club avec son épouse Martine… «Cela n’a pas marché » , sourit Luc de Conti. Alors que faire ? « J’ai une deuxième passion, le vin. À cette époque, en 1984, j’ai 25 ans, je décide de changer d’option. J’en traîne tout le monde avec moi. » La famille est néophyte. Qu’à cela ne tienne, l’expé- rience les tente et rien ne pourra arrêter Luc de Conti et les siens : «Nous avons commencé par diminuer la grandeur des cuves ; les banques ne comprenaient pas, personne ne comprenait d’ailleurs. Sauf les journalistes, qui eux, nous poussaient ! » Autre question, obsédante : «Comment passer le cap de Bergerac ? Comment s’éloigner de Bordeaux ? » En évoquant l’image du Sud-Ouest. Avec quelques copains, ils créent une autre société rassemblant des viticulteurs issus de la région. Luc de Conti le reconnaît : « Je commence et je n’y connais rien. Je fais marcher mon instinct. Et je m’aperçois que pour faire de grands vins, fnalement,
Martine et Luc de Conti et leur neveu Guillaume.
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