Les cathédrales de notre histoire

cathédrale sera ainsi un moyen, pour Bernard de Castanet, de démontrer financièrement et politi- quement qu’il est le maître d’Albi. « En refusant d’adopter les canons des cathédrales gothiques du nord de la France – et donc du roi de France –, et en privilégiant le style gothique méridional, dans la lignée de l’église des Jacobins à Toulouse, Bernard de Castanet renforce cemessage. Cathédrale tout en longueur (113 mètres de long, 35 mètres de large), Sainte-Cécile est dépourvue de transept et de colla- téraux. Ses contreforts sont insérés dans les murs et il n’y a pas d’arcs-boutants. Des contreforts semi- circulaires rythment toute l’architecture extérieure de la cathédrale. Le choix de la brique foraine, et non de la pierre, est une autre façon d’affirmer son autono- mie, avec un style encore en rupture avec le gothique septentrional. C’est également un matériau simple d’utilisation, qui permet une construction rapide. Et Albi dispose de carrières d’argile juste à côté. » La première brique est posée le 15 août 1282, et la cathédrale consacrée en 1480, juste avant la construction de son clocher de 78 mètres en 1492. La plus grande cathédrale peinte en Europe Deux autres évêques d’Albi vont jouer un rôle crucial dans l’histoire de Sainte-Cécile: Louis I er d’Amboise fait réaliser, à la fin du xv e siècle, le chœur, le jubé (l’un des seuls subsistant en France), le porche et la fresque du Jugement der- nier: « Ellemesure 270 mètres carrés, dont il subsiste aujourd’hui 200 mètres carrés après qu’une porte a été percée, et la représentation des sept péchés capi- taux – il manque aujourd’hui la Paresse, supprimée avec la création de la porte – , est unique en France. » Louis II d’Amboise, au tout début du xvi e siècle, confie la décoration des murs et des voûtes de Sainte-Cécile à des peintres italiens originaires de Modène et de Bologne. Sur un fond bleu roi ( le royal « bleu de France ») composé de lapis- lazuli et d’oxyde de cuivre et illuminé de feuilles d’or, les fresques de la voûte forment l’ensemble

Bridgeman Images / Leemage

Intérieur de la cathédrale d’Albi (1832), d’Adrien Dauzats (1804-1868).

de peintures italiennes Renaissance le plus vaste et le plus ancien de France. Pour l’anecdote, des motifs érotiques en anamorphose se cachent parmi les peintures en trompe-l’œil. « Tous ces éléments ont été remarquablement conservés grâce à l’intervention de Jean-François Mariès, ingénieur du Patrimoine aumoment de la Révolution. Il écrit au ministre de l’Intérieur pour demander sa protection et sauve ainsi la cathédrale. » L’édifice possède éga- lement un ensemble de 190 statues Renaissance près du chœur qui semblent presque douées de vie. Un récent nettoyage a permis de retrouver des traces de couleurs et de dorures. « Il y a notamment un ensemble de 72 angelots tous très différents qui témoignent de la volonté d’individualiser les person- nages. » Unemagnificence qui fait de la cathédrale d’Albi une étape incontournable.

Détail de la fresque du Jugement dernier dans la cathédrale Sainte-Cécile.

Philippe Roy / Détours en France

SECRETS D’HISTOIRE

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