Les cathédrales de notre histoire

MONTJOIE SAINT-DENIS ! Au xiii e siècle, sous Philippe III, furent élevées des « montjoies », bornes surmontées de croix, sur la route entre Paris et Saint- Denis pour marquer chacun des arrêts du roi alors qu’il portait le corps de son père saint Louis. C’est aussi le cri de ralliement des rois de France. Depuis Louis VI et à l’instigation de Suger, les rois venaient en effet chercher la bannière de saint Denis, bientôt confondue avec l’oriflamme de Charlemagne, avant de partir en guerre lors d’une cérémonie pendant laquelle on sortait les reliques sur le maître-autel. Saint Denis protégeait ainsi le corps du roi à travers sa bannière.

reine! » La nécropole s’étend et les pèlerins affluent pour se recueillir sur le tombeau de saint Denis. Après Dagobert, plusieurs rois mérovingiens se font enterrer à Saint-Denis, même si certains pré- fèrent Saint-Germain-des-Prés. Les Carolingiens, à partir de Charles Martel, grâce notamment à Pépin le Bref, et à l’exception des tout derniers rois, développent un lien très fort avec Saint-Denis. Les Capétiens, à leur tour, la choisissent pour nécro- pole et en font une tradition. Entre-temps, l’édifice a été rebâti et agrandi sur lemodèle des basiliques romaines, avec des colonnades, un plafond de bois et des lampes à huile. Il comprend une crypte semi- circulaire où sont exposées les reliques des saints. Cette église carolingienne sera consacrée en 775 en présence de Charlemagne. « Saint-Denis, qui était l’église de l’abbaye, est désignée sous le terme de basilique car elle est un lieu de pèlerinage bâti sur le tombeau d’un saint », explique Serge Santos. L’influence déterminante de Suger De 1135 à 1144, l’abbé Suger agrandit l’église carolingienne: il fait ajouter une façade surmon- tée de deux tours, ornée d’une rose, destinée à faire entrer la lumière dans la basilique. « C’est une première, mais des roses vont bientôt fleurir un peu partout, note Serge Santos. Le chevet de la basilique est l’autre grand œuvre de Suger. Réalisé entre 1140 et 1144, il illustre l’idée que la lumière doit baigner l’intérieur de la basilique. Suger fait ainsi créer des vitraux colorés, avec ce bleu de Saint-Denis élaboré à partir de cobalt venu d’Europe centrale. L’ensemble du chœur, imaginé comme un grand reli- quaire et constitué de plusieurs chapelles qui ne sont plus séparées par desmurs, compose uneœuvre très originale. Les évêques venus assister à sa consécration en 1144 sont éblouis et vont l’imiter pour leurs propres cathédrales. » Suger décide de garder la nef carolin- gienne et de l’englober dans l’ensemble. Si samort en 1151 interrompt le chantier, les apports architec- turaux de l’abbé à la basilique sont déterminants. « On voyage beaucoup à l’époque, et Suger a su atti- rer les meilleurs architectes et tailleurs de pierre. On

âti autour du tombeaudesaint Denis queGeneviève, nobledameet future sainte patronne de Paris, aurait fait agrandir vers 475, le sanctuaire dionysien accueille dès lors des sépultures d’aristocrates, princi- palement des femmes. « En 1959, des fouilles dans la crypte ont permis de découvrir le sarcophage de la reine Arégonde, morte vers 580, qui est la belle-fille de Clovis et la grand-mère de Dagobert, raconte Serge Santos, administrateur de la basilique cathédrale Saint-Denis. Puis Dagobert, roi des Francs, développe les bâtiments et décide de s’y faire inhumer en 639. Le premier roi à être enterré à Saint-Denis est donc une B

Photo Josse / Leemage

Le Roi Louis VII (1120-1180) prend l’oriflamme à la basilique Saint- Denis (1840), de Jean Baptiste Mauzaisse. Devant Aliénor d’Aquitaine et en présence de saint Bernard de Clairvaux et de l’abbé Suger, il reçoit le bourdon et la pannetière du pèlerin des mains du pape Eugène III.

SECRETS D’HISTOIRE

61

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker