Les cathédrales de notre histoire

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aint-Jean-de-Luz, 9 juin 1660. Dans la petite église Saint-Jean- Baptiste, tous les plus grands per- sonnages de la cour de France ont revêtu leurs plus beaux atours pour assister au mariage de Louis XIV

Portrait de Louis XIV (1638-1715) en costume de sacre (1867), d’après le portrait officiel commandé par le roi à Hyacinthe Rigaud en 1701.

et de l’infante Marie-Thérèse. Cette union, dont le projet a été finalisé lors du traité des Pyrénées un an plus tôt, est le fruit d’âpres et longues négociations pendant près de vingt ans. Nouée pour des raisons diplomatiques et poli- tiques, elle apparaît comme le meilleur moyen de consolider la paix entre France et Espagne, en guerre depuis 1635. « Mazarin a également hâté le mariage pour rompre l’histoire d’amour

Patrick Forget / Sagaphoto

entre Louis XIV et Marie Mancini, ajoute l’historien Philip Mansel. Cet amour montre qu’une partie de Louis XIV était bien moins conventionnelle et obéis- sante aux règles qu’on ne le pense. » Préambule en Espagne Louis XIV et la cour de France étaient arrivés à Saint-Jean-de-Luz le 8 mai 1660. Le 3 juin, le mariage par procuration est célébré à la cathé- drale de Fontarabie, et le 6 juin, Louis XIV et Marie-Thérèse se rencontrent pour la première fois lors d’une cérémonie sur l’ île des Faisans au milieu de l’étroite rivière de la Bidassoa. On lit le traité de paix et le contrat de mariage. Si Marie- Thérèse est éblouie par la beauté de son époux, Louis XIV dit sa déception devant le physique de l’infante, petite et au visage ingrat, mais en attribue galamment la cause à l’habit espagnol

L’église Saint- Jean-Baptiste de Saint-Jean- de-Luz est remarquable notamment pour sonmonumental retable en bois doré du xvii e siècle. Parmi ses nombreuses décorations, le bateau à aubes suspendu est un ex-voto qui aurait été offert par l’impératrice Eugénie, après un incident en mer dont elle sortit indemne, en 1854.

UN MARIAGE À GRANDS FRAIS Comme le souligne Philip Mansel, au-delà de la dimension politique du mariage de Saint-Jean-de-Luz, c’est la magnificence des tenues des participants qui fascinèrent les contemporains. « La couronne de France était si endettée qu’Anne (d’Autriche) dut gager certains de ses joyaux afin de procurer à sa nouvelle bru les splendides présents de circonstances, parmi lesquels un cœur serti de diamants, des boucles d’oreilles, des bracelets, des miroirs, des coffrets. Tous les gardes portaient des uniformes et cuirasses neufs. […] Les seuls vêtements de Louis XIV, estimait son maître de la garde-robe, coûtaient 90000 livres. » (Philip Mansel, Louis XIV, roi du monde, éd. Passés/Composés).

SECRETS D’HISTOIRE

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