GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

CHÂTEAU DE CHENONCEAU 67

Le château des Dames CATHERINE bRIÇONNET, LA bÂTISSEUSE

En 1512, Thomas Bohier, intendant des Finances de François I er , achète Chenonceau pour 12 400 livres. Il

fait immédiatement raser les bâtiments anciens, manoir et moulin, à l’excep- tion du donjon. Très absorbé par sa charge et souvent à la suite des armées dans le Milanais, il ne peut diriger les travaux de construction de sa nouvelle résidence. C’est donc sa femme, Catherine, qui les surveille et en devient l’âme. On sent d’ailleurs, dans le site choisi pour l’édifice et dans sa conception, cette influence féminine qui le singularise. DIANE DE POITIERS, GESTIONNAIRE ET MÉCÈNE En 1547, quand Henri II monte sur le trône, il offre Chenonceau à Diane de Poitiers. Veuve de Louis de Brézé, pour lequel elle a fait élever un splendide tombeau dans la cathédrale de Rouen, Diane porte toujours les couleurs de deuil : noir et blanc. Son emprise sur le jeune Henri II est telle qu’elle les lui fait adopter, au grand dam de la reine, reléguée et humiliée. Habile gestion- naire, Diane entend rentabiliser son domaine et sa châtellenie : elle s’inté- resse aux travaux agricoles, à la vente du vin, aux revenus fiscaux et à tout ce qui peut rapporter. Elle trouve d’abondantes ressources dans l’impôt de 20 livres par cloche, dont elle reçoit une bonne part, ce qui fait dire à Rabelais ce mot : « Le roi a pendu toutes les cloches du royaume au col de sa jument. » CATHERINE DE MÉDICIS, LA REVANCHE La mort d’Henri II, tué en 1559 lors d’un tournoi, entraîne la chute de la favo- rite. Catherine de Médicis, reine patiente et dissimulée, avait accepté le « par- tage » ; régente, elle savoure sa vengeance. Sachant Diane très attachée à Chenonceau, elle frappe au point sensible en l’obligeant à le lui céder en échange de Chaumont. L’ex-favorite doit se soumettre : elle quitte les rives du Cher, mais elle se retire au château d’Anet, où elle meurt sept ans plus tard. Avec le goût des arts, Catherine de Médicis a celui du faste : Chenonceau satisfera l’un et l’autre. LOUISE DE LORRAINE, LA DAME bLANCHE Catherine a légué Chenonceau à sa belle-fille, Louise de Lorraine, femme d’Henri III. Après l’assassinat du roi par Jacques Clément, Louise se retire au château, prend le deuil en blanc selon l’étiquette royale et le garde jusqu’à la fin de sa vie, d’où le nom de « reine blanche », ou « dame blanche », qui lui fut donné. Après Louise de Lorraine, Chenonceau échoit à sa nièce, Françoise de Lorraine, épouse de César de Vendôme, le fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, qui avaient eux-mêmes séjourné au château en 1598. M me DUPIN, L’AMIE DES LETTRES En 1733, le fermier général Dupin acquiert la propriété. Son épouse y tient un salon où défilent toutes les célébrités de l’époque. Jean-Jacques Rousseau est nommé précepteur du fils de M me Dupin. Le fameux traité d’éducation Émile est justement rédigé à son usage. Entourée de l’affection des villageois, M me Dupin vieillit ici et, selon son vœu, est enterrée dans le parc.

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