GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

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La Loire et les mariniers LE FLEUVE DE LA MARINE DE LOIRE

Longtemps la Loire fut la principale voie de communi- cation du pays. Entre Nantes et Roanne, puis par des

affluents et des canaux vers Paris, le Rhône et la Méditerranée, toutes sortes d’embarcations, gabares, salembardes et chalands, la sillonnaient. Le vin, le bois, les couteaux d’Auvergne, les faïences de Nevers, le charbon du Forez, les livres imprimés à Lyon ou à Genève venaient de l’amont. Depuis Nantes, le sucre des Antilles, le sel, les huîtres de la baie de Bourgneuf remontaient le courant. LES MARINIERS Vêtus de bleu, munis d’un foulard et d’une ceinture rouges, des anneaux d’or aux oreilles, les chalandoux avaient une lourde responsabilité : manœuvrer les bateaux d’une part, entretenir le fleuve, ses berges et s’assurer que les droits de passage étaient acquittés d’autre part. Pour ce qui est des matelots, garants de la sécurité du transport de marchandises qui engageaient des sommes énormes, ils étaient payés à la mesure de leur responsabilité : grassement. bATEAUX D’AVALAISON ET DE REMONTE Deux sortes d’embarcations naviguaient sur la Loire : les bateaux d’avalaison (descente vers l’estuaire et la mer) et ceux de remonte. Bâtis pour un voyage unique, les bateaux d’avalaison étaient démembrés à leur arrivée, leurs planches et membrures revendues notamment pour la charpente des maisons riveraines. D’une vingtaine de mètres de long sur 3,50 m de large, ils deman- daient pour leur construction le travail de sept hommes pendant deux jours avec une dizaine d’arbres. Les bateaux de remonte suivaient le fleuve, par voilage ou halage, impressionnants lorsqu’une procession de navires amarrés les uns aux autres passaient sous un pont « à la volée », descendant et remon- tant successivement leurs mâts. LA FIN D’UN MONDE Cependant, le train arrive en 1848 à Saumur, en 1849 àAngers, en 1851 àNantes. Le fleuve est supplanté. C’est la fin d’un monde, celui de tout un petit peuple de l’eau, qui vivait de la Loire et qui lui donnait vie. On dénombrait 15000mari- niers dans l’ensemble du bassin du fleuve à la fin de l’Ancien Régime. De cette civilisation ligérienne, il ne reste plus que des objets exposés dans les musées, des quais plus ou moins entretenus, des vestiges de péages comme celui de Montsoreau, à la limite de la Touraine et de l’Anjou, où l’on prélevait sur les car- gaisons de poissons une lamproie sur douze, plus douze sols « pour la sauce ». VERS UNE RENAISSANCE Pourtant, depuis une trentaine d’années, des passionnés sauvent de la ruine ou reconstruisent de toutes pièces des embarcations traditionnelles, telle La Montjeannaise , entre Chalonnes et St-Florent-le Vieil. Des rassemblements de vieux gréements accueillent ces navires à dates régulières. Subsistent aussi quelques pêcheurs professionnels qui traquent les poissons sauvages de Loire (anguille, silure, mulet, alose, sandre, lamproie, etc.) et organisent, pour cer- tains, des promenades en bateau pour les touristes. T p. 108.

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