Echappées Belles en Bretagne
La chapelle Saint-They ( XVII e siècle), à la pointe du Van. Une légende prétend que la cloche était capable de sonner toute seule pour avertir les barques d’un danger.
UNE CÔTE TOURMENTÉE La côte se déploie, sitôt après avoir quitté Douarnenez : une côte de pointes et de falaises, tourmentée et sauvage. Le ciel y est souvent bas et le crachin réveille les senteurs de lande et d’herbe grasse, sous le jaune des ajoncs et le rose printanier des arméries maritimes. De l’éminence de Leydé à celle du Van, tout n’est que rochers cisaillés, granits entaillés, verticalité minérale. Le vent en raffole, comme à la pointe du Millier. L’avi- faune, protégée dans la réserve du cap Sizun, aussi… À la pointe de Brézellec, les falaises frisent les 100 mètres et des fous de Bassan dansent dans
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sinistre. Parce que la pointe du Raz est un site unique, la foule s’y presse en saison. Non, ce n’est pas l’ultime cap ouest de la France, titre revenant, pour quelques mètres seulement, à la pointe Saint-Mathieu. Mais c’est réel- lement la dernière poussée du plateau continental européen vers le large. Flaubert avait raison: « L’homme n’est pas fait pour vivre ici ». Sur cette langue plate, la mer vous englobe, vous étouffe. Aucune terre à l’horizon, si ce n’est la galette de Sein et les phares de la Vieille, Tévennec et Ar-Men. Il faut être ligneur de bar pour s’aventurer là, comme le fait la petite trentaine de pêcheurs d’Audierne, dont c’est le quo- tidien. Seul à la barre avec ses lignes, le marin danse dans le redoutable raz de Sein. Les vents dépassent souvent les 100 km/h. Observer un frêle esquif franchir, moteur à bloc, le terrible Trouz Yar, courant d’eau ouvert entre les ultimes rochers du Raz, mérite d’accorder à jamais le respect à tous les pêcheurs du monde. >
les courants ascendants. À celle du Van, l’homme a construit la chapelle Saint-They. À l’abri dans son enclos de pierre, c’est un ultime défi chrétien lancé à la fureur des flots. DERNIÈRE POUSSÉE VERS LE LARGE La pointe de la Chèvre, au large, sur la presqu’île de Crozon, en semblerait presque douce… Sous le soleil, toutefois, l’eau reste froide mais prend un joli ton turquoise. Les ports- abris de Pors Théolen, du Vorlenn, de Bestrée, microscopiques refuges pour embarcations chahutées, deviennent soudain accueillants, tout comme la baie des Trépassés, au nom pourtant
La chapelle Saint-They est la destination, le premier dimanche du mois de juillet, du « grand pardon » de l’ île de Sein et de Cleden, procession en costume traditionnel breton, exprimant une foi populaire.
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