Echappées Belles en Bretagne
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MAI 2018 5,95 € HORS SÉRIE DÉTOURS EN FRANCE 9
N ° 2
AVEC SOPHIE JOVILLARD, JÉRÔME PITORIN, RAPHAËL DE CASABIANCA ET TIGA AVEC SOPHIE J VILLARD, JÉRÔM PITOR N, TIGA ET ISMAËL KHELIFA Bretagne
L’émission découverte de
NAVIGATRICE, MARIN-PÊCHEUSE, SAUVETEUSE EN MER…
Rencontres avec des ambassadrices de Breizh
De la baie de Saint-Malo au golfe du Morbihan, nos plus belles escales…
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Goûtez aux secrets gourmands d’une terre de grand caractère TRADITIONS, ARTISANAT, PRODUITS DU TERROIR
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ÉDIT PHOTO : B. STICHELBAUT
BRETAGNE
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É D I T O S
D E G E M E R M A T E B R E I Z H !
en spectacle. Glas est une couleur qui n’existe pas dans une autre langue. Le glas, c’est un bleu mêlé d’un vert dans lesquels se fondent des nuances de gris. Les Arvoriz – ceux des côtes et des îles – ont cette vibration indéfinissable imprimée sur leur rétine. C’est à cette échappée belle, au fil d’un trait de côte unique, que ce hors-série vous invite. Pour cet embarquement pour Cythère, nous vous souhaitons, comme disent les marins, bon vent ! Kenavo.
Ici, quand la Bretagne a le cœur qui bat côté mer, elle se dit « Armor ». De la Manche à la mer d’Iroise en passant par l’Atlantique, l’Armor est iodé, tonique, venté et toujours, comme en amour, pourvoyeur d’imprévisibles émotions. Au littoral piqueté de phares orgueilleux, étrillé par l’avel (le vent) de risées sucrées- salées, échancré de ports animés par le rythme métronomique des marées, répondent des grèves nourricières (regardez comme les plats aux algues – bezhin – sont devenus un
must des cartes des tables étoilées) aux estrans infinis, où grouillent berniques, rigadelles, couteaux et bigorneaux, promesses d’un joyeux friko au retour de la pêche à pied. Ici, quand on « prend la mer », pour quelque croisière, campagne de pêche ou pour le seul plaisir enfantin d’apprendre à godiller d’un corps-mort à un quai, on regarde sa couleur. Et lorsque la mer est glas, ce n’est pas qu’elle sonne une heure funeste, c’est qu’elle se donne
DOMINIQUE ROGER, RÉDACTEUR EN CHEF DE DÉTOURS EN FRANCE
B E L L E É C H A P P É E !
Hervé Ronné
S’il est une côte qui permet des détours sans fin, c’est bien la côte bretonne… Déchiquetée, balayée par les vents, dessinée par les tempêtes, elle regorge de trésors à découvrir. La Bretagne regarde vers l’ouest en défiant l’Atlantique. Elle invite le visiteur de passage à prendre le large. Sophie, Tiga, Jérôme et Ismaël ont
grandioses et des lumières divines, cette région offre la possibilité de croiser la route d’hommes et de femmes hors du commun, qui ont les pieds sur terre et le regard
de leur voisin pour s’oublier dans une danse sans fin. La Bretagne et ses clichés délicieux ont réussi à imprimer des souvenirs indélébiles dans la mémoire de nos grands voyageurs. Échappées Belles aime le Morbihan, le Finistère, les Côtes-d’Armor, l’Ille- et-Vilaine ! Échappées Belles aime la Bretagne! Au-delà des paysages
plusieurs fois arpenté cette terre baignée de légendes, habitée par des gens extraordinaires. Pour Échappées Belles, l’émission de France 5, ils ont un jour pris la mer, découvert des îles secrètes, posé leur regard sur des falaises ornées de bruyères. Ils se sont régalés de saveurs iodées extraordinaires et ont accroché, à la nuit tombée, le petit doigt
tourné vers la mer. Des personnages
fascinants qui, à chaque instant, sont prêts à vous offrir 1000 Détours et 1000 Échappées !
MATHIEU DESPIAU, RÉDACTEUR EN CHEF D’ÉCHAPPÉES BELLES
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
ÉCHAPPÉES BELLES
BRETAGNE
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S O M M A I R E
ÉDITOS SOPHIE, JÉRÔME, TIGA ET ISMAËL : L’INVITATION AU VOYAGE BRETAGNE À LA VIE, À L’ARMOR LES AMBASSADRICES DE BREIZH KETTY LE GARS, LE SAUVETAGE EN HÉRITAGE ; ANNE QUÉMÉRÉ, L’EXPLOIT À BOUT DE BRAS ; SCARLETTE LE CORRE, LE GOÛT DES ALGUES SAINT MALO L’AVENTURE DE LA MER LES MALOUINIÈRES LES MAISONS DE CAMPAGNE DES ARMATEURS LE CAP FRÉHEL LA VIGIE DE LA CÔTE D’ÉMERAUDE LA CÔTE DE GRANIT ROSE ROCHERS D’OR ET PLAGES D’ARGENT L’ÎLE DE BRÉHAT LA SECRÈTE SE MÉRITE BREST LA MER AU SENS LARGE L’ÎLE DE MOLÈNE L’INITIATION INSULAIRE L’ÎLE D’OUESSANT UN BOUT DU MONDE LA CORNOUAILLE LE PAYS ARDENT ET MAGNÉTIQUE VANNES L’ANTICHAMBRE DU GRAND LARGE LE GOLFE DU MORBIHAN L’AVENTURE DE LA PETITE MER BELLE ÎLE EN MER L’ÎLE AUX TRÉSORS L’ÎLE D’HOUAT ET L’ÎLE D’HOËDIC LES FRATERNELLES CARNET DE VOYAGE BRETAGNE 3 6 10 12 18 26 32 36 44 48 58 62 68 74 78 84 92 96
P.36 LA CÔTE DE GRANIT ROSE ROCHERS D’OR ET PLAGES D’ARGENT
P.78 LE GOLFE DU MORBIHAN L’AVENTURE DE LA PETITE MER
Hervé Ronné X 3
P.92 L’ÎLE D’HOUAT ET L’ÎLE D’HOËDIC LES FRATERNELLES
Hors-série « Échappées Belles » En collaboration avec
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
Bienvenue sur les plus hautes falaises de Bretagne !
U n espace préservé et résolument breton tourné vers la vie : le dynamisme de ses habitants, leur accueil ; une nature et un patrimoine à la fois sources de bien-être et de force. Les Falaises d’Armor, une destination d’énigmes aussi, de légendes liées à la mer, au monde des rivières et portées par les veines de la pierre...
Osez l’expérience !
Durant toute l’année, l’Of fi ce de Tourisme Falaises d’Armor élabore pour vous un programme de sorties, rencontres et découvertes. Du cousu main ! Balades contées crépusculaires, ateliers découverte de l’estran, exploration en forêt départementale d’Avaugour-Bois Meur sur les traces de la biodiversité, voyage archéo-légendaire à travers le temps ou encore 1000 et Une Histoires en Falaises, en Châtelaudren, charmante Petite Cité de Caractère et en Forêt. Pour les sportifs, randonnées sur le GR34, sentier préféré des français en 2018, parapente, marche aquatique, vélo, trail ou encore le Coasteering, notre canyoning breton, une autre manière de découvrir les falaises de Plouha. Pour faire de belles rencontres, rendez-vous en juin au Dimanche en Forêt, festival nature ponctué de spectacles et en juillet et août, aux Mardis au Clair de Lune, dîners à la belle étoile et balades nocturnes jalonnées de fantaisies artistiques. Entre mer, biodiversité, histoire et légendes, un bel éventail d’activités sportives et iodées s’offre à vous sur l’un des territoires nature les plus attachants de Bretagne !
Bureaux d’InformationsTouristiques
7,Avenue Laënnec - 22580 Plouha 02 96 65 32 53 2, Rue du Maillet - 22170 Châtelaudren 02 96 79 77 71 6, Place du Marché au Blé - 22290 Lanvollon 02 96 70 12 47
contact@falaisesdarmor.com www.falaisesdarmor.com
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L’émission de découverte Échappées Belles, diffusée tous les samedis à 20h50 sur France 5 et tous les dimanches à 13h30 sur France 3 (hors événements sportifs majeurs), est une success story qui fêtera en 2019 ses 13 ans d’existence. Un chiffre porte- bonheur. En perpétuelle évolution, ce rendez- vous, qui réunit chaque semaine un million de passionnés de voyage et de découverte, s’enorgueillit d’être resté fidèle à ses valeurs: goût des rencontres, partage, bienveillance, humilité, respect de l’autre et ouverture d’esprit. Avec Sophie Jovillard, aux commandes depuis la première saison, puis avec l’arrivée, il y a quelques années, de Jérôme Pitorin suivi par Tiga, enfin avec Ismaël Khelifa qui, depuis quelques mois seulement, a rejoint la bande d’ Échappées Belles. Quatre voyageurs qui nous invitent à parcourir la planète à leurs côtés. C’est une fierté pour toutes les équipes de la société Bo Travail !, qui produit le programme depuis le début, d’être associées au magazine Détours en France pour ce hors-série consacré à la Bretagne. Nous dédions donc ce numéro aux Bretons mais aussi aux collaborateurs qui, chaque mois, réussissent à « mettre en boîte » les émissions : réalisateurs, journalistes, ingénieurs du son, assistants de tournage et de rédaction, responsables techniques, monteurs; ainsi qu’à toutes celles et tous ceux qui ont, depuis tant de saisons, mis toute leur énergie au service d’ Échappées Belles.
JÉRÔME PITORIN « Nos Échappées Belles constituent une émission de voyage et de découverte à travers
les rencontres que nous faisons. Nous donnons à voir, à comprendre, à apprendre, à rêver et, surtout, à partager : une valeur qui fait le sel de chaque voyage. Tous les quatre, avec nos styles respectifs, nous sommes des “monsieur et madame Tout- le-Monde”. Nous ne faisons ni plus ni moins que ce que les téléspectateurs pourraient faire, d’où cette identification très forte. »
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
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ISMAËL KHELIFA « Rejoindre l’équipe d’ Échappées Belles, c’est aussi excitant pour moi que pour un joueur de football professionnel qui, tout à coup, aurait le droit d’enfiler le maillot de son club de prédilection! Cela représente une énorme fierté. Participer à la présentation d’un si beau programme que l’on regarde chez soi par plaisir, quelle surprise et quel bonheur ! Mais également quelle pression! Toute l’équipe est véritablement formidable. »
TIGA « Si je devais définir l’émission Échappées Belles en seulement trois adjectifs, je dirais : altruiste, instructive, passionnante. Sincèrement, je pense que le succès du programme repose sur notre démarche commune : avant tout, quelle que soit la destination, aller à la rencontre des gens. C’est une belle émission car à taille humaine, avec des valeurs fortes. »
SOPHIE JOVILLARD « “ Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est pas voyager, c’est se déplacer”, écrivait l’exploratrice
Alexandra David-Néel… J’aime cette phrase, qui reflète pour moi l’ADN de notre émission. Le voyage, c’est la rencontre! Dans une actualité parfois très anxiogène, notre regard positif et bienveillant sur le monde qui nous entoure fait du bien. »
Nathalie Guyon / FTV
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
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SOPH I E JOV I LL ARD AU PLUS PRÈS DES GENS
Sophie Jovillard fait partie de ces personnes que vous venez à peine de saluer et, déjà, elles semblent appartenir au cercle de vos intimes. Qu’on lui propose de tondre un mouton, de participer à la mise bas d’une chèvre au fin fond d’une chèvrerie de la vallée du Prunelli, ou de partir pêcher la coquille Saint-Jacques dans la baie de Saint- Brieuc, elle s’exécute avec un enthousiasme et une spontanéité qui forcent le respect de ses hôtes. Sa botte secrète? Elle vous
Nathalie Guyon / FTV x 4
S E S G R A N D E S É T A P E S … 1995: Débuts au petit écran comme animatrice et coproductrice artistique de CQFD, magazine culturel sur TLM (Télé Lyon Métropole). À partir de 1998: Animatrice et coproductrice des magazines de voyage et de découverte de France 3 Régions (La Route du lapin, La Belle Bleue, Une nuit en ville) et de la chaîne Voyage. Depuis 2006: Animatrice du magazine Échappées Belles sur France 5. Présentatrice de la collection documentaire Les Trésors de…, sur France 5.
répond que, justement, elle n’en a pas ! Si, depuis maintenant presque treize ans, elle bourlingue avec succès au fil des destinations d’ Échappées Belles, c’est parce que cette fringante « vétérante » de l’émission ignore superbement les « recettes ». « Il y a, chez les Anglo-Saxons une expression que j’aime beaucoup : girl next door. Ce qui signifie quelque chose comme “la fille qui ressemble à tout le monde”. J’espère simplement que je suis cette fille-là… »
On l’a vu dans l’Aveyron sauter à l’élastique. Descendre en rappel au fond d’un gouffre de glace en Alaska. Et encore se lancer en bobsleigh sur une piste olympique… Casse-cou, Jérôme? Forcément plus complexe. S’il part pour des aventures que la plupart des journalistes se contenteraient de raconter sans jamais avoir mouillé leur chemise, c’est parce qu’il aime confronter ses rêves à la réalité, et que la réalité est celle des femmes et des hommes qui font le sel de ses rencontres. Car derrière sa simplicité et son humanité, le globe-trotter- journaliste-photographe-producteur est un sensitif qui capte, d’un coup d’œil, le monde qui l’entoure. Pour lui, voyager, découvrir, rencontrer sont autant une affaire de curiosité qu’une façon de vivre pleinement sa vie.
S E S G R A N D E S É T A P E S … 1993-2004: Journaliste et chroniqueur pour Y’a pas photo, Exclusif, Coucou c’est nous ! Le Retour , sur TF1. 2006-2008: Chroniqueur et rédacteur en chef de Nouvelle Star sur M6. 2009 : Réalisateur de documentaires pour Canal+. Depuis 2010: Animateur d’ Échappées Belles sur France 5.
JÉRÔME P I TOR I N PASSEUR D’ÉMOTION
S E S G R A N D E S É T A P E S … Guide en régions polaires, Arctique et Antarctique. 2008 et 2014: Repérages et enquêtes pour l’émission Rendez-vous en terre inconnue sur France Télévisions . 2009-2010: Journaliste à Radio-France. 2013: Co-auteur du livre Mystères polaires (éditions de La Martinière). 2017-2018: Chroniqueur de la rubrique « Idées week-end », pour l’émission La Quotidienne sur France 5. 2019: Animateur d’ Échappées Belles, sur France 5.
I SMAËL KHEL I FA SON USAGE DU MONDE
Paraphrasant le titre d’un ouvrage de l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier, Ismaël Khelifa semble avoir fait sien le désir d’offrir en partage son « usage du monde ». Que ce soit dans des romans pour la jeunesse, inspirés de son expérience de guide dans le Grand Nord et sur le continent austral, dans des scénarios de documentaires ou des récits d’aventures avec l’explorateur des mondes polaires Nicolas Dubreuil, Ismaël (se) forge un véritable art de voyager, basé sur une posture nomade et sur une dynamique de l’altérité. Il affectionne de donner du temps au temps, n’hésitant pas à exprimer son ressenti de l’instant de ses découvertes et de ses rencontres, plutôt que de se poser comme « celui qui sait ». Ne jamais se prendre au sérieux mais toujours faire chaque chose le plus sérieusement possible : avec un tel credo, nul doute qu’Ismaël nous entraînera dans de sacrées belles échappées autour du monde…
SES GRANDES ÉTAPES… 2006: Première Dauphine de la Miss France Alexandra Rosenfeld. 2007: Chroniqueuse pour Les Enfants de la télé sur TF1. Mannequin égérie de la maison Courrèges. 2008: Animatrice de Hit Talent sur W9. 2011: Animatrice de Ô Féminin et de Riding Zone sur France Ô. Depuis 2018: Animatrice d ’Échappées Belles sur France 5.
T I GA INTRÉPIDE REBELLE
Arrivée l’an passé dans l’émission, elle a vite trouvé sa place. Car ce troisième des mousquetaires, qui comme chacun sait étaient quatre, possède un caractère bien trempé. De ses origines africaines – elle est née au Bénin d’une mère centrafricaine et a grandi au Burundi –, Sophie Alladoum Tiga Ducasse a choisi, nullement par hasard, d’utiliser son troisième prénom: Tiga signifie « la rebelle » en sango, la langue maternelle. Voilà prévenus ceux qui feraient l’erreur de ne voir chez cette ancienne miss qu’une jeune femme charmante, cheveux au vent, yeux tels des calots étincelants de joie de vivre. Car si Tiga plaît, c’est surtout par son appétit de découvrir l’autre avec décontraction et par sa qualité d’écoute. « Je n’ai pas froid aux yeux ! », déclare-t-elle. Et pour cela aussi, elle nous séduit…
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
À L A V I E , À L ’ A R M O R ! D O S S I E R R É A L I S É P A R C L I O B A Y L E , D O M I N I Q U E L E B R U N , M A R I E L E G O A Z I O U , D O M I N I Q U E R O G E R ( T E X T E ) E T H E R V É R O N N É ( P H O T O G R A P H I E S ) BRETAGNE Des remparts de la cité corsaire à la baie de Morlaix, des îles du Ponant aux côtes déchiquetées du Trégorrois, des quais embrumés de « Brest la Blanche » au golfe du Morbihan, embarquez pour un cabotage au gré de grands ports, là où armateurs, corsaires du roi et pirates forgèrent, entre réalité et légendes, l’Histoire de la Bretagne. Si les marins ne prisent guère les effusions, ils ne manqueront pas toutefois de saluer vos partances d’un sonore : « Bon vent ! »
« De très loin j’aperçus planté sur un écueil / Tas de rochers perdus, oubliés de la terre / Dans le désert des flots, un phare solitaire / Un vieux géant marin qui rallumait son œil » (André Lemoyne). L’île Louët est à moins d’un demi- mille nautique de Carantec, au cœur de la baie de Morlaix. L’île et sa maison-phare sont entourées de Roc’h Gored et du château du Taureau. Entre avril et octobre, pour deux nuits maximum, la maison du gardien accueille tous ceux qui sont tentés par une expérience de vie « à la Robinson ».
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K E T T Y L E G A R S L E S A U V E T A G E E N H É R I T A G E T E X T E D E C L I O B A Y L E « Chez nous, on est bigouden. Mon père est né à Kérity, ma mère vient de Loctudy. Moi, je suis née à Pont- l’Abbé. » La mer ? C’est une histoire de famille pour Ketty Le Gars. Son père était marin de commerce et, comme elle, son mari est sauveteur bénévole à la SNSM, la société nationale de sauvetage en mer, de Saint-Guénolé-Penmarc’h. La station est équipée pour deux types de secours : elle possède un canot tous-temps, le Prince d’Eckmühl, et depuis 2016 un jet-ski, le Petit Prince, pour des interventions de moins grande envergure. « Personnellement, j’ interviens avec le Petit Prince … » L’arrière-grand-père de Ketty Le Gars était un patron pêcheur dont l’histoire est connue dans toute la région. « Mon père me la raconte depuis que je suis toute petite… En 1925, il y a eu une terrible tempête au large de la pointe de Penmarc’h. En tentant de secourir les bateaux sortis pêcher ce matin-là, les sauveteurs se sont eux-mêmes trouvés pris au piège et leurs deux bateaux ont chaviré. Les pêcheurs qui, de la grève ou depuis le large, avaient vu le drame, sont allés les aider. Mon arrière-grand-père en faisait partie. C’était le patron du canot de pêche l’Arche d’Alliance. Parce Pour découvrir à bord de quelles embarcations les sauveteurs du début du XX e siècle portaient secours aux marins en péril, rendez-vous dans les locaux de l’association Papa Poydenot, à la pointe de Penmarc’h, près du phare d’Eckmühl. Une plaque commémorative rend hommage à François-Joseph-Marie Larnicol, l’arrière- grand-père courageux de Ketty Le Gars. qu’ il a sauvé des vies, les autorités lui ont décerné la Légion d’honneur et la Médaille de vermeil. »
Manuel Cohen / Détours en France
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A N N E Q U É M É R É L ’ E X P L O I T À B O U T D E B R A S T E X T E D E D O M I N I Q U E L E B R U N
Native de Cornouaille, Anne est une Méridionale de l’Armorique. Entendez par là, qu’elle est expansive et chaleureuse. C’est surtout une Bretonne du bout du monde, ce Penn ar Bed qui, à l’extrémité de la vieille Europe, est une invitation permanente à aller voir ce qui se trouve de l’autre côté de l’horizon marin, là où le soleil disparaît chaque soir. Quand on est fille et nièce de navigateurs, appareiller pour les espaces infinis relève de l’évidence. Et quand, tout enfant, on a rencontré Apoutsiak le petit flocon de neige et trouvé, sous le sapin de Noël, une lampe de poche d’aventurière qui vous permet de lire en douce sous les draps, Paul-Émile Victor devient votre modèle. Voyager en Arctique n’est plus un rêve mais une évidence. La vie, toutefois, vous impose ses propres détours. Certes, le premier voyage de l’étudiante en rupture d’amphithéâtre aura pour destination le cap Nord. Ensuite, ce sera le Mexique et l’Inde, le Canada et les États-Unis, où elle se fixe dix années durant. Elle est guide touristique, organisatrice de voyages. « Businesswoman hyperactive très douée dans la chasse aux dollars », dit-elle après coup. Jusqu’au jour où sa condition d’Armoricaine la rattrape. Retrouver la Cornouaille s’impose aussi sûrement que prendre le large le fit autrefois ; aujourd’hui, elle réside à un lancer de galet de la pointe du Raz. Dans les années 1990 en Bretagne, on redécouvre l’aviron de mer. Pour Anne Quéméré, cette passion nouvelle commence par des régates devant la côte et se poursuit là où personne ne s’y attend. À l’aviron, en solitaire et sans assistance, elle traverse l’Atlantique entre les Canaries et les Antilles ! Nous sommes en 2002 et, après une telle expérience, impossible de ne pas repousser plus loin les limites. 2004 : elle rame entre les États-Unis et la Bretagne. 2006 : nouvelle traversée, mais tirée par un kitesurf, histoire de tester de nouveaux moyens de propulsion. 2011 : elle se lance dans le Pacifique, depuis le Pérou, pour arriver à Tahiti. Aurait-elle définitivement oublié Apoutsiak le petit flocon de neige ? Il se rappelle à son bon souvenir sous la forme d’une rencontre fortuite qui l’amène à dériver sur une plaque de banquise pendant cinq semaines, une façon comme une autre d’attirer l’attention sur le réchauffement climatique. Alors, les paysages de l’Arctique lui imposent leur marque. Impossible désormais de s’en passer. C’est ce qui la conduit à s’aventurer à deux reprises, en 2014 et en 2015, en kayak dans le passage du Nord-Ouest, la route maritime mythique qui relie l’Atlantique au Pacifique par le nord de l’Amérique. Elle y retourne ensuite sur un petit bateau, dont le moteur électrique est alimenté par des panneaux solaires. Paradoxal été 2018 ! La banquise fond-elle? Oui, et justement : ses débris viennent encombrer le fameux passage, qui se trouvera infranchissable cette année-là. La suite? En juin prochain, elle participera à une course en Alaska : la Yukon River Quest, créée en 1999. « 715 kilomètres en canoë-kayak, assortis de 84 heures sans sommeil », résume-t-elle avec un sourire gourmand.
Photo PQR / Ouest France / MaxPPP
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S C A R L E T T E L E C O R R E L E G O Û T D E S A L G U E S T E X T E D E C L I O B A Y L E
C’est l’une des premières femmes marins-pêcheurs de France et une célébrité à Guilvinec, dans le Pays bigouden. Du haut de son 1 mètre 55, Scarlette Le Corre est une force de la nature qui ne compte pas ses heures, ni le nombre de ses activités. De mi-avril à fin septembre, elle vend sa pêche sur les marchés. Le reste de l’année, elle se consacre presque entièrement à son atelier de transformation d’algues, où elle anime également des stages culinaires. On peut la croiser sur les plages de Guilvinec, vêtue de sa salopette jaune, son chien Gadjo sur les talons. « Je cueille des algues avec mon père depuis que je sais marcher… C’est lors de ma formation d’aquaculture, alors que je venais d’être élue porte-parole du Comité des pêches, que j’ai réalisé leur potentiel. On m’a dit : c’est l’avenir ; j’ai eu le déclic. J’ai tout de suite acheté des concessions et je me suis lancée… Il faut savoir que toutes les variétés d’algues sont comestibles mais, pour des raisons gustatives, seules une quinzaine d’entre elles sont utilisées dans l’alimentation humaine. » Ce matin-là, dans son panier : du kombu de Bretagne, de la dulse – surnommée le bacon de la mer à cause de son goût caractéristique –, et de la laitue de mer. Les algues serviront, l’après-midi même, à la confection de tartares, de rillettes et de toutes sortes de produits transformés en partance pour la France et l’étranger. « À présent, on me commande des algues jusqu’au Japon. » Quand on lui demande s’il a été difficile, en tant que femme, de trouver sa place parmi les marins-pêcheurs du coin, Scarlette Le Corre répond qu’il suffit de savoir faire son boulot de A à Z. « Si vous ne demandez d’aide à personne, ça ne pose pas de problème. Ce sont d’ailleurs des hommes qui m’ont élue au poste de porte-parole du Comité des pêches. » Elle précise néanmoins que c’est un métier difficile et que c’est grâce au soutien de sa mère qu’elle a pu continuer à exercer après la naissance de ses trois enfants. « J’ai conscience d’être atypique. Je vis plusieurs vies dans la même vie et je ne changerai pour rien au monde. Ni mon métier, ni mon lieu de vie. Ici, on a une qualité de mer comme nulle part ailleurs et l’air est le plus pur d’Europe. »
Manuel Cohen / Détours en France
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Entre eux, les Malouins ne disent jamais « intra-muros ». Ils ne parlent que du « Rocher », en référence au Moyen Âge. Vous voulez respirer le même air qu’eux, celui de la cité des corsaires et des négociants, du port des morutiers de Terre- Neuve et des « voileux » solitaires de la Route du Rhum ? Il vous faut partir de la « cité d’Aleth », la presqu’île escarpée et boisée qui s’avance entre le port de plaisance des Bas-Sablons et l’estuaire de la Rance. On vous guide. SAINT-MALO, L’AVENTURE DE LA MER
T E X T E D E D O M I N I Q U E L E B R U N - P H O T O G R A P H I E S D ’ H E R V É R O N N É
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Aujourd’hui, ils lui servent d’écrin. Normal pour le joyau de la Côte d’Émeraude ! Ses remparts protègent Saint-Malo de tout, sauf du regard admiratif du visiteur qui vient lire, dans ses ruelles, les lignes de son histoire intime, forcément maritime. « À Saint-Malo débarquez sans naufrage / Et revenez si le pays vous plaît », reprend à l’envi une comptine. On parie que vous aurez envie de revenir?
ÉCHAPPÉES BELLES
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La plage de Bon-Secours est accessible par les remparts. Elle balaie visuellement la baie de Saint-Malo et Dinard. Depuis ce site, on peut se rendre sur l’ îlot du Grand Bé où est inhumé Chateaubriand, et celui du Petit Bé hérissé d’un fort construit par Vauban, tous deux accessibles à pied à marée basse.
L’Histoire de Saint-Malo commence au VI e siècle. Aleth est une cité fameuse et un port réputé sur les grandes routes du commerce inter- national – ce, depuis l’époque gallo-
le musée du Long-Cours cap-hornier. Si vous voulez comprendre l’épopée malouine, montez jusqu’au sommet de la « cité d’Aleth », sur le belvédère aménagé au-dessus d’un blockhaus de la Seconde Guerre mondiale. Et visualisez… À l’emplacement de l’ac- tuel Saint-Malo « intra-muros », il n’y a qu’un rocher, aussi nu que l’ île de Cézembre, telle qu’on la voit se pro- filer à l’horizon ; parce qu’un ermite y vit, on parle du « rocher d’Aaron » (le nom de l’ermite en question). Un jour, débarque d’outre-Manche un moine, un certain Maclow dont le nom sera francisé : ici en Malo, ailleurs en Maclou. Il doit à son charisme d’être élu évêque d’Aleth, le plaçant du coup parmi les sept Saints Fondateurs légendaires de la Bretagne.
romaine – car on peut s’y ravitailler en eau douce. Le port, qui s’appelle alors Reginca, se trouve à l’emplacement de l’anse de Solidor, où se dresse le donjon massif qui abrite aujourd’hui
La marée basse dévoile la chaussée (cimentée et surélevée) qui, depuis la plage de Bon-Secours, mène au Grand Bé: l’îlot se trouve à seulement 500 mètres des remparts.
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
LE ROCHER NU CÈDE À LA CIVILISATION
peu, le « Rocher » nu cède à la civilisa- tion… Plus tard, lorsque surviennent les premières razzias des Vikings, il s’avère que le « Rocher » est plus facile à défendre que la « Cité » : la fin d’Aleth est inéluctable. Sa chute survient au XII e siècle, lorsqu’un certain Jean de Châtillon, puissant homme d’Église, décide de transférer le siège épiscopal sur le « Rocher », désormais appelé Saint-Malo-en- l’Isle. Visionnaire, ce dernier fortifie
les lieux dans le dessein de bâtir une place marchande autour d’un port de commerce : on l’a quelque peu oublié mais Jean de Châtillon (1098-1163) est le véritable fondateur de la cité. Le destin de Saint-Malo est incroyable si l’on considère qu’au XII e siècle, entre l’estuaire de la Rance et la presqu’ île du Cotentin, s’étend un marécage d’où dépassent quelques terres plus éle- vées correspondant au tracé actuel de la côte. Le « Sillon » de Saint-Malo,
De l’évêché d’Aleth subsistent, de nos jours, les ruines romantiques de sa cathédrale, avec ses voûtes romanes typiques. En effet, la pres- tigieuse cité a sombré dans la déca- dence. Que s’est-il passé? Malo rencontre-t-il quelque difficulté avec ses ouailles ? Le fait est qu’il rallie Aaron sur le « Rocher ». Des disciples rejoignent les deux hommes. Peu à
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Photo du haut : La tour Bidouane ( XV e siècle). De sa plateforme supérieure, s’offre l’un des plus beaux points de vue depuis les remparts. Ci-contre : La tour Solidor se dresse le XIV e siècle. De nos jours, le donjon fortifié accueille le musée du Long-Cours, qui évoque l‘Histoire des navigations commerciales par la route du cap Horn aux XIX e et XX e siècles. au débouché de la Rance, depuis
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Jean-Yves Bordier expose sa passion crémière. Et quand on aime, on ne compte pas : sur les étals réfrigérés de sa boutique, le beurre se décline en une quinzaine de spécialités ! Nature ou parfumé, d’hiver ou d’été, salé ou sucré…, Jérôme et Sophie Ladame en trouveront forcément un à leur goût. La Maison du Beurre. 9 rue de l’Orme, 35400 Saint- Malo. 0299408879. lebeurre bordier.com
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Jérôme déambule dans les ruelles de Saint-Malo « intra-muros » en compagnie de la dessinatrice Sophie Ladame, une Malouine d’adoption. Après une halte au « Café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port » – on peut aussi dire : le « café Java »! –, ils poussent la porte d’une autre institution, la Maison du Beurre, fondée en 1927 et dirigée par Jean-Yves Bordier, maître beurrier. « Regardez la couleur de ce beurre ! Il n’y a pas de secret, la véritable carte d’identité du goût se situe dans ce que les productrices du lait, nos vaches, ont mangé. » Ses beurres se dégustent de mille façons : aux algues, au sarrasin, à la framboise, à l’oignon de Roscoff… Il n’empêche, la devise de Jean-Yves Bordier reste : « Usons sans abuser ». Comme toutes les bonnes choses, ils s’apprécient mieux avec modération.
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suivis s’établissent avec Hambourg, Lübeck, puis Lisbonne, l’Andalousie, Madère… En outre, dès les années 1500 – et probablement avant –, les pêcheurs de la Bretagne du Nord pra- tiquent la pêche à la morue au large de Terre-Neuve ; c’est Saint-Malo qui en devient le premier port d’arme- ment. Cette combinaison guerre de course-armement-négoce-pêche à la morue, pratiqués simultanément, fera la fortune de la cité. L’ÉCLUSE, PASSAGE OBLIGÉ Pour vous faire une idée des pay- sages et points de vue du Saint- Malo de l’époque, empruntez à pied le chemin qui mène de la cathédrale
peine quelques dizaines de mètres de quais, situés au fond de l’actuel bas- sin Vauban, sous le château ! UNE CITÉ QUI A MISÉ SUR LA QUALITÉ Comment un port si isolé a-t-il pu acquérir une telle prospérité? En misant sur la qualité de sa flotte : en construisant des navires compé- titifs et en formant des équipages d’élite. Lesquels seront d’abord des corsaires qui se mettent au ser- vice du royaume franc ou du duché de Bretagne. Les corsaires se font également protecteurs des navires marchands, armés par les villes han- séatiques. Des rapports commerciaux
la grande plage où s’alignent désor- mais les Thermes marins, les hôtels et les villas anciennes, est un simple cordon littoral : ses galets forment une chaussée pour accéder à la ville, que chaque marée haute transforme d’ailleurs en île. Là où se trouvent aujourd’hui les quatre bassins du port de commerce, il n’y a que des grèves autour d’une grande vasière. Toute la zone a été gagnée sur la mer et des bassins en eaux profondes ont été aménagés aux XIX e et XX e siècles. Lorsque, sous le règne de Louis XIV, Saint-Malo devient le premier port de commerce français, les navires se tiennent au mouillage, à l’abri du « Rocher ». Ils déchargent alors sur à
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Saint-Malo vu depuis Dinard. En 10 minutes, le bus de mer de la compagnie Corsaire relie les deux cités.
Saint-Pierre d’Aleth à l’emplacement de l’ancien ermitage d’Aaron, sur le « Rocher ». Depuis les hauteurs de la « Cité » historique, par la pro- menade qui en fait le tour, descen- dez jusqu’au port de plaisance des Bas-Sablons. Suivez les quais sur la droite, vers le phare qui se dresse au milieu d’une promenade aménagée en haut de la grève. Tel était le litto- ral jusqu’au début de l’aménagement du port, au XIX e siècle. Vous rejoignez ainsi la piscine et la gare maritime. Et voici l’écluse, passage obligé de tout bateau pour entrer ou sortir du port, aux seules heures de marée haute. La statue du corsaire Surcouf, né et mort à Saint-Malo (1773-1827), est posée dans le jardin du Cavalier, près de la Maison du Québec : une terre découverte par un autre Malouin illustre, Jacques Cartier (1491-1557).
Vous avez laissé passer l’heure de la marée? Une navette (gratuite) permet d’accéder au fort du Petit Bé alors qu’il est déjà entouré par la mer.
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ENTRE LE PORT ET LA VILLE, UNE INTERACTION CHARMANTE Aujourd’hui encore, c’est le calen- drier des marées qui organise la vie des quatre bassins, reliés entre eux par des pertuis qu’enjambent des ponts. Cela signifie que, régulière- ment, le trafic automobile est inter- rompu en plusieurs points de la ville pour laisser le passage aux cargos, aux bateaux de pêche, à des navires
de plaisance… Pourtant, les Malouins s’accordent à penser que, loin d’être une gêne, l’interaction entre les vies portuaire et urbaine apporte un charme certain. Comme vous lon- gez maintenant le bassin Vauban, les remparts d’où dépassent les façades des anciens hôtels d’armateurs s’imposent au regard. Ils affichent la toute-puissance de la cité des cor- saires et des négociants. La vérité >
J É R Ô M E P I T O R I N « De la baie du mont Saint-Michel, qu’il convient de traverser à pied avec un guide – moment magique, inoubliable -, au cap Fréhel se déploie la Côte d’Émeraude. Une quarantaine de kilomètres à faire en trois jours en empruntant une portion du GR34®, tracé et aménagé sur le parcours de l’ancien sentier des douaniers, créé à la fin du XVIII e siècle. Le GR34 a été élu “Sentier de randonnée préféré des Français”. »
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À 700 mètres au large, l’îlot du Petit Bé ( XVII e siècle) est surmonté d’un fort qui faisait partie du dispositif (avec les remparts et cinq autres édifices) conçu par Vauban pour défendre la cité malouine contre les Anglais et les Hollandais. Un sentier y donne accès deux fois par jour, à la faveur des marées.
LE CŒUR VIVANT DE L’INTRA´MUROS
retour du Grand Bé, dirigez-vous sur la gauche, vers une fortification qui se détache un peu des remparts. Il s’agit de la tour Bidouane, qui abri- tait la « sainte-barbe » (la réserve de poudre à canons). En novembre 1693, la marine anglaise qui atta- quait Saint-Malo tenta de lancer un navire chargé d’explosifs contre cette tour, afin de détruire l’enceinte. Mais la machine infernale échoua sur un rocher, encore bien visible, et bas- cula vers le large, expédiant vers… la flotte anglaise les projectiles desti- nés à la cité corsaire. Un événement qui marqua durablement les esprits !
> impose de dire que ces immeubles furent reconstruits presque à l’iden- tique après les bombardements de 1944 ; l’image, toutefois, reste par- faitement authentique. Pour un coup d’œil saisissant, à marée haute, mar- chez jusqu’à l’extrémité du môle des Noires, qui protège l’avant-port. Et, à marée basse, après avoir longé le pied des remparts par la plage, passez l’ île du Grand Bé, où un chemin monte vers le tombeau de Chateaubriand. Dans un cas comme dans l’autre, la vue qui se dégage est tout à fait comparable à celle que les Malouins pouvaient admirer au XVIII e siècle. De
En longeant encore les remparts, vous atteignez une cale pavée en forme d’éventail, qui donne sur la porte Saint-Thomas, le plus joli accès à la vieille ville. Et pas seule- ment parce qu’il s’y trouve une buvette à l’ancienne embrassant la plage. Il y a surtout, tout de suite à droite, un escalier qui monte vers les chemins de ronde et offre une belle vue sur les plus anciens immeubles malouins, ceux qui ne furent pas détruits en août 1944. Tandis qu’en prenant à gauche, vous débouchez sur la place
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« La cité corsaire ! Quelle incroyable énergie, il s’en dégage ! Faire le tour des remparts vous vivifie le sang. Au pied de la statue de Surcouf, on réalise combien la vie intime de ce pays est maritime. Des corsaires d’autrefois aux coureurs des mers d’aujourd’hui, de la grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve à la voile de plaisance, à Saint-Malo, cette phrase, que l’on prête à Aristote ou à Platon, prend tout son sens : “Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer”… »
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+ Office de tourisme de Saint-Malo Esplanade Saint-Vincent, 35400 Saint-Malo. 0825135200. saint-malo-tourisme.com Hôtel de l’Univers Place Chateaubriand, 35400 Saint-Malo. 0299408952. hotel-univers-saintmalo.com Face au château de la Duchesse Anne, un hôtel chic, au charme désuet. Et un bar, où les capitaines de comptoir sont les coureurs d’océan modernes : marins, skippers… Aux murs : œuvres d’art et photos de la Route de Rhum. Le Chalut 8 rue de la Corne-de-Cerf, 35400 Saint-Malo. 0299567158. Dans le cadre sympathique d’un bistrot de marins, la table de Jean-Philippe Foucat fait honneur aux produits de la mer avec sincérité. Le menu « tout homard » laisse de bons souvenirs. Limoëlou, manoir Jacques Cartier Rue David-MacDonald-Stewart, 35400 Saint-Malo. 0299409773. musee-jacques-cartier.fr Ce manoir est l’unique héritage du Malouin Jacques Cartier, découvreur du Canada en 1534. Musée du Long-Cours cap-hornier Tour Solidor, quai Sébastopol, 35400 Saint-Malo. 0299407158. Dans une muséographie d’un autre temps, une évocation des marins cap-horniers et des voyages entrepris sur les grands voiliers, de la fin du XIX e et du début du XX e siècles.
Ci-dessus : La Grand-Rue – 100 mètres à peine ! Depuis la place du Poids-du-Roi, elle mène devant la cathédrale Saint-Vincent ( XII e siècle, remanié). Photo du bas : Un bar de légende, celui de l’Univers, place Chateaubriand. Marins et passionnés de la mer s’y croisent depuis toujours. Chateaubriand, le cœur vivant de « l’intra-muros » avec ses grandes terrasses (dont celle de l’hôtel Uni- vers, ancien rendez-vous de la fleur du yachting malouin) face au château. Ce dernier abrite la mairie, ainsi qu’un musée dont la visite s’impose à deux titres. D’abord, pour comprendre l’historique de la cité des corsaires, des négociants et des terre-neuvas : une fabuleuse aventure ! Ensuite, parce que l’établissement autorise de se rendre au sommet du donjon. Là, profitez d’un panorama unique. Côté ville, une vue à couper le souffle sur les toits et les cheminées géantes des hôtels d’armateurs ; côté large,
se dévoile le dispositif de forts que Vauban a imaginé pour protéger les approches de Saint-Malo. En sor- tant du château, cherchez à gauche l’escalier qui, à côté de la porte Saint- Vincent, donne accès au chemin de ronde qui surplombe le bassin Vau- ban. Vous en descendrez à la porte suivante pour remonter la Grand-Rue jusqu’à la cathédrale. Contournez-la par la droite pour trouver la rue des Frères-Cotteret, qui monte jusqu’à la chapelle Saint-Aaron. C’est là que le fameux ermite des origines avait bâti sa cabane. Mais voyez, près de l’en- trée, le granit sur lequel est construit l’édifice religieux : c’est l’un des seuls endroits en ville, avec un soubasse- ment de l’École de la marine mar- chande, où le bon vieux « Rocher » malouin est encore visible ! ∑
Musée d’Histoire de la ville Esplanade Félicité-Lamennais. 35400 Saint-Malo. 0299407157. Ce musée, ouvert en 1862, retrace le passé de la cité, raconte ses grands hommes (Surcouf, Lamennais, Chateaubriand, Cartier), son patrimoine portuaire, la saga des terre-neuvas. L’établissement donne accès au sommet du donjon et aux tours de guet ; de là, vous profiterez d’une des plus
belles vues sur Saint- Malo « intra-muros ». Fort National Plage du Sillon, 35400 Saint-Malo. 0672466626. fortnational.com Accessible uniquement à marée basse, une des clés du dispositif imaginé par Vauban pour protéger la cité corsaire.
René Mattes / hemis.fr
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La Ville Gilles (1721), à Saint- Méloir- des-Ondes. Un joyau qui a pour écrin un parc de 2 hectares. Il est planté d’arbres centenaires, dont des essences rares comme le ginkgo biloba, le tulipier et l’araucaria.
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Dans le patrimoine immobilier français, les malouinières représentent un cas rare : celui d’un type de maison construite à une époque donnée (la première partie du XVIII e siècle), dans une région précise (entre Saint-Malo et Cancale), pour une catégorie sociale particulière (les négociants-armateurs) et en respectant un style architectural bien défini. L’Histoire de ces « belles résidences de plaisance » se découvre sur le terrain, certaines d’entre elles étant ouvertes au public. LES MALOUINIÈRES, MAISONS DE CAMPAGNE DES ARMATEURS
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LES HOMMES DE MER APPRÉCIENT LA CAMPAGNE
mais ils se dressent sur des bourbiers putrides. Arrive le moment où les bourgeois ne le supportent plus. Pour échapper à l’insalubrité de la ville, rêvant d’espace et d’air pur, quitte à se priver des embruns de l’Océan, ceux qui en ont les moyens se font bâtir des propriétés à la campagne. Dorénavant, c’est là que les riches vont habiter en permanence, ne venant plus à Saint- Malo que pour traiter leurs affaires. Et,
Aux premières lueurs du XVIII e siècle, Saint-Malo en ses remparts devient invivable. Les 15000 habitants de la cité s’entassent dans un espace grand d’à peine 800 mètres sur 500, dénué en outre de service de ramassage d’ordures et de système d’égouts. Les
ruelles ne possèdent pas de caniveau et leur tracé en chicanes empêche les courants d’air d’évacuer des miasmes inqualifiables. Certes, les hôtels par- ticuliers présents dans le secteur et habités par des armateurs et des capi- taines ne manquent pas de prestige,
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Photos page de gauche en bas et ci-contre : La Baronnie, à Saint-Malo. Benoît et Sophie Laude, ses propriétaires, ont entrepris de rénover le manoir avec un souci d’authenticité, sans sacrifier au confort. Devenue maison d’hôtes, leur malouinière intègre un spa.
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À DE TRÈS RARES EXCEPTIONS PRÈS, TOUTES LES MALOUINIÈRES SONT LOCALISÉES DANS LE CLOS POULET, CETTE PARTIE DU PAYS SUR LA RIVE DROITE DE LA RANCE, ENTRE SAINT MALO, CANCALE ET CHÂTEAUNEUF D’ILLE ET VILAINE.
Le Colombier (1715), à Saint-Malo, luxueuse malouinière ornée de boiseries sculptées et de marbres italiens. Agrandie et transformée au cours du XIX e siècle, elle possédait à l’origine une chapelle privée et un colombier. Pendant la Révolution, elle a été utilisée comme hôpital.
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112 MALOUINIÈRES INVENTORIÉES Dans ce triangle de 15 kilomètres de côté, l’Inventaire général du patri- moine culturel recense 112 maloui- nières. À l’époque, l’empressement à posséder une propriété hors les murs de Saint-Malo n’est pas motivé que par des considérations sanitaires. Souvent sollicités par Louis XIV pour consentir des « prêts »auTrésor royal, les arma- teurs ne sont pas rémunérés en inté- rêts (si tant est qu’un remboursement
soit envisageable!) mais par des titres nobiliaires, à condition d’avoir un lieu à accoler à la particule. Les Malouins confient les plans de leur future mai- son à des architectes éclairés des créations en cours en Île-de-France. La résidence est d’autant plus sobre que le constructeur le plus demandé – et copié – est Jean-Siméon Garan- geau, un des ingénieurs de Vauban. D’où cette unité architecturale « entre la caserne et le château ».
comme ces dernières les accaparent tout de même un peu, le principe posé est que les « belles résidences de plai- sance » – selon l’expression alors en cours – se trouvent à moins de deux heures à cheval de la ville. C’est pour- quoi, à de très rares exceptions près, toutes les malouinières sont locali- sées dans le Clos-Poulet, cette partie du pays située sur la rive droite de la Rance, entre Saint-Malo, Cancale et Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine.
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Photo du haut : Le Colombier (1715), à Saint- Malo. L’ancienne malouinière abrite aujourd’hui un établissement hôtelier 4 étoiles. Ci-contre : La Belle-Noë (1710), à Dol- de-Bretagne, à mi-chemin entre Saint-Malo et le Mont-Saint- Michel. Restauré dans les années 2000, le manoir est une maison d’hôtes qui accueille aussi séminaires et mariages.
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MALOUINIÈRES : LES CANONS D’UNE ARCHITECTURE Non seulement la malouinière est une maison qui répond à des critères précis, qu’il s’agisse des façades ou de la distribution des pièces, mais l’en- semble du domaine qui l’entoure est aussi soumis à des normes strictes. LE JARDIN Paradoxalement, la partie la plus éclatante de la propriété est aussi la mieux cachée! La grille d’entrée du parc donne sur une longue allée qui arrive au logis, parfois entre les communs. Cette façade est toujours très austère. L’élégance est réservée à l’autre côté de la malouinière, plus intime : le jardin. Celui-ci, dessiné à la française, est souvent réparti sur plusieurs niveaux et s’achève sur une pièce d’eau. La seule « fantaisie » consiste parfois en… une chapelle, avec un accès depuis l’extérieur. L’ASPECT EXTÉRIEUR Lamalouinièreest unemaison sobre, voire sévère. La silhouette est carac- téristique : un corps de bâtiment rec- tangulaire à un étage, avec de hautes mansardes, sous un toit à quatre pans ornés de pots à feu entre deux che- minées massives. Les façades sont symétriques, à partir d’un axe de com- position central, avec des mansardes à l’aplomb de trois, cinq ou sept tra- vées que dessinent de hautes fenêtres à petits carreaux. Elles sont crépies de blanc sur une maçonnerie de moellons (peu coûteuse), tandis que
Le Puits sauvage est de dimensions modestes mais, grâce au terrain de 1 hectare, à l’époque, les propriétaires subvenaient à leurs besoins alimentaires avec une exploitation de polyculture : étable, basse-cour, vignes, verger… Le domaine abrite aussi une cacteraie unique en Bretagne.
À L’INTÉRIEUR Au premier abord, c’est l’esprit « maison des champs » qui domine, avec un rez-de-chaussée aménagé de part et d’autre du vestibule au sol dallé, donc facile à lessiver. Sur le côté, se trouve l’escalier, toujours en bois. Les
les bandeaux, les encadrements des portes et fenêtres, ainsi que les chaî- nons, sont en granit des îles Chausey (matériau noble). Côté jardin, la façade possède un avant-corps central qui dote la pièce principale d’une vue élar- gie sur la verdure.
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C’est à pied, sac au dos, que Jérôme se rend jusqu’à la malouinière le Puits sauvage. Jean Gauttier, le propriétaire des lieux, l’accueille. Modeste par ses dimensions, la bâtisse est très représentative de ces résidences « à la campagne » que les armateurs malouins, confinés dans les étroits remparts de la cité intra-muros, se faisaient édifier dans les environs de Saint-Malo. Ces malouinières avaient, avant tout, une fonction de réception : on les surnommait même « vide-bouteilles ». Depuis plus deux cents ans, le Puits sauvage appartient à la même famille.
L’intérieur du Puits sauvage (1746). L’ancêtre du propriétaire actuel, se nommait Louis Gauttier. Armateur, capitaine corsaire, il hérite en 1807 de cette malouinière par sa femme, enfant de Michel Marion, architecte du Roy et bâtisseur des lieux. Statues, maquettes de bateaux et instruments de marine assurent la décoration.
pièces à vivre sont habil- lées d’un plancher, dont l’échantillonnage et l’as- semblage (clous) sont ceux du pontage d’un navire ! Cette rusticité contraste avec les essences exotiques (provenant du Brésil et des
fréquents, évoquent le commerce avec la Flandre, intense. Les pièces du rez- de-chaussée communiquent entre elles, il n’y a pas de couloir. À l’étage en revanche, une galerie-couloir dis- tribue les chambres. Au-dessus, les
Antilles) utilisées pour les boiseries et le marbre d’Italie des cheminées. Les décorations sont somptueuses, avec des porcelaines et des laques de Chine rapportées des fameux voyages de contrebande. Les carreaux de Delft,
mansardes et les combles, du fait des toitures à quatre pans et à pente raide, exigent des structures sophistiquées. Cela tombe bien: dans ce pays de charpentiers marins, on ne manquait ni de bois d’œuvre ni de savoir-faire! ∑
Le Puits sauvage (1746), à Saint- Malo, est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1990. La demeure, en outre, a reçu, en 2013, le prix national de l’association des Vieilles Maisons françaises pour la qualité de sa restauration et l’animation qu’elle propose. En effet, comme de nombreuses autres malouinières, elle est ouverte
à la visite (les jours d’accueil varient selon la saison).
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Le phare du cap Fréhel, à Plévenon. Le feu actuel, mis en service en 1950, porte à plus de 50 kilomètres. Il occupe le site du plus ancien phare à terre de Bretagne (1702), remarquable également par son architecture fortifiée : elle est signée Garangeau, disciple de Vauban. Le phare est ouvert à la visite d’avril à novembre (sauf en cas de mauvais temps).
L’ancienne tour à feu ( xvii e siècle) du cap Fréhel. Inscrite dans le dispositif de défense des côtes bretonnes conçu par Vauban, elle servait également de poste de surveillance.
CAP FRÉHEL
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CAP FRÉHEL, LA VIGIE DE LA CÔTE D’ÉMERAUDE Après des haltes découvertes à Saint-Malo et à Dinard, Jérôme Pitorin arrive au terme de sa longue balade au fil de la Côte d’Émeraude : elle l’a mené jusqu’au cap Fréhel.
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LE PHARE DU CAP FRÉHEL COMPTE PARMI LES FEUX LES PLUS PUISSANTS DES CÔTES FRANÇAISES. Sur son éperon rocheux, il sur- plombe, comme il faut l’admirer depuis le sommet du donjon, d’un côté la baie de la Fresnaye, de l’autre l’anse des Sévignés. Jérôme est intrigué par cette famille qui vit dans cet authentique décor du Moyen Âge. « La curiosité n’étant pas le moindre de mes défauts, mais je l’assume !, je toque à la porte. L’actuelle propriétaire des lieux, Isabelle Joüon des Longrais, restaure le fort la Latte depuis une quarantaine d’années, avec un foi et une énergie remarquables. Elle Sur le chemin, au détour d’un léger dénivelé – car le GR34® n’est jamais tout plat, on ne cesse de monter et descendre –, Jérôme retrouve Gaë- tan, dont il a fait la connaissance aux abords de Saint-Malo. Fou de patrimoine et de Bretagne, ce grand marcheur s’est lancé un défi : entre- prendre le tour de la région par le fameux sentier de Grande Randon- née. Avant d’arriver au cap Fréhel, Jérôme s’arrête au fort la Latte, une forteresse médiévale défiant les flots. IVRESSE IODÉE
100 mètres au-dessus du niveau de la mer, la vue se déploie sur la rade de Saint-Malo, la côte du Cotentin, la baie de Saint-Brieuc, les Anglo-Nor- mandes, l’ île de Bréhat… Enivré de vent et d’iode, grisé de couleurs et d’odeurs, Jérôme retrouve le plan- cher des vaches. « Une seule chose à faire d’urgence : poser mon sac à dos et attendre le coucher de soleil. Et parce que, bien souvent, le plaisir ne vaut que s’ il est partagé, je propose à mon com- pagnon de route, Gaëtan, de partager mon casse-croûte. Les sandwiches au beurre Bordier, achetés à Saint-Malo, ont une saveur incroyable. Ce chemine- ment au gré du sentier des douaniers permet une découverte tout en intimité des trésors de la Côte d’Émeraude. Le vrai bonheur de la marche, c’est de pou- voir vivre le voyage, la découverte, à un rythme qu’aucun autre mode de déam- bulation n’autorise. » ∑
se définit elle-même comme une pas- seuse d’Histoire, de patrimoine. J’aime cette définition. Déjà, j’aperçois le phare du cap Fréhel, mon amer pour cette fin de balade. “So Far, so Good”, disent les Anglais, et ça colle si bien au panorama extraordinaire qui s’offre à moi. » Le
Gaëtan accompagne Jérôme, le temps de son échappée sur le cap Fréhel.
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phare du cap Fréhel compte parmi les feux les plus puissants des côtes de France ; du haut de sa galerie, à
Sur le sentier des douaniers, entre le cap Fréhel et la pointe de la Latte. La randonnée est courte (5 kilomètres) mais pleine de promesses : c’est l’un des plus beaux sites naturels de Bretagne.
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